Chapitre 17

5.1K 360 298
                                    

Jungkook et moi quittâmes rapidement l'hôpital avec la bilan de l'autopsie de Robin dans mon sac à main, puis nous restâmes plusieurs minutes dans la voiture. Nous étions encore stationnés dans le grand parking et tandis que tout était en mouvement autour de nous, mon garde du corps et moi fûmes parfaitement silencieux, même stoïques.

- Tu n'aurais pas dû y aller, marmonna-t-il en se tournant pour me regarder sur la banquette arrière. Regarde-toi maintenant.

- Jeon, tu es mon ami, mais tu devrais faire attention à tes mots. Je suis encore ta patronne et je ne t'ai pas demandé ton avis à ce que je sache.

Ses yeux sombres auraient pu me tuer sur place alors qu'il poussait sa langue contre l'intérieur de sa joue, et puis il laissa un soupir passer la barrière de ses lèvres. Il savait que je n'avais pas voulu pas être méchante et que mon agressivité était dû à cette frustration que je ressentais depuis que j'avais vu Robin. Il me connaissait si bien qu'il ne put m'en vouloir, se retournant de lui-même pour démarrer la voiture.

- Excuse-moi...

- J'ai l'habitude.

- On peut aller chez toi ? Demandai-je avant qu'il ne me regarde par le miroir rectangulaire, confus. Je pus la mort. J'ai besoin de me laver.

- À une condition, lança-t-il en souriant tandis qu'il fixait la route.

- Quoi encore ? Tu poses toujours des conditions...

- Vois-tu, je pue autant la mort que toi. Moi aussi j'ai besoin d'une douche, mais comme je sais que tu vas prendre toute l'eau chaude, je propose que nous nous douchons ensemble.

Ses paroles me firent rire. Si je doutais encore du fait qu'il me désirait, là il ne laissait plus de place à la confusion. Il avait été si direct que j'en fus prise de court, cependant, ce que je voulais, mon corps ne pouvait le cacher et ce fus sans même m'en rendre compte que je mordillai ma lèvre inférieure. Je le le désirais de toute mon âme, mais je ne voulais pas que notre relation ne soit faite que de plaisirs charnels. Je voulais de l'amour, son amour, néanmoins, j'étais si inexpérimentée là-dessus que je ne savais pas comment m'y prendre.

- Notre définition d'amitié n'est pas la même, fis-je remarquer, amusée. De simples amis ne peuvent pas se doucher pas ensemble, Jeon.

- Tu es celle qui a parlé d'amitié. Je ne veux pas être ton ami, alors je me dois de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour avoir ce que je veux.

"Tu ne veux que me baiser. Salop." pensai-je en fronçant les sourcils. J'étais en pleine réflexion. Ce qu'il espérait de moi était à la fois flou et très explicite dans ma tête, tant et si bien que j'en vins même à me demander si m'envoyer en l'air avec lui ce soir-là avait directement mis fin à nos possibilités de vivre un véritable amour.

- Alors ramène-moi chez moi. Je n'ai pas besoin de ton eau chaude. Tu peux tout prendre pour toi.

C'était une déception. Pour une fois, il faisait preuve d'arrogance, et je détestais ça.

- Je te répugne ou quoi ? S'écria-t-il en appuyant sèchement sur le frein.

Ma ceinture de sécurité se bloqua dès que je me sentis aller vers l'avant, puis mon dos revint heurter brusquement le siège. J'étais confuse. Je ne comprenais pas pourquoi il avait agit de la sorte et encore pourquoi il me foudroyait du regard comme si j'avais fait quelque chose de mal.

- Qu'est-ce que qu'il te prend ? Tu es devenu fou ? Demandai-je en fronçant les sourcils.

Il ne parla pas, continuant à me toiser. Je voyais du mépris dans ses yeux et cela eut la capacité de m'énerver au plus au haut point. J'étais en colère et ce fut sous le coup de l'impulsion que je quittai la voiture, claquant agressive la portière derrière moi. Mes hauts-talons se faisaient entendre contre le trottoir qui longeait cette rue commerçante, quand tout à coup, la main de mon garde du corps se posa sur mon poignet pour me forcer à me retourner.

- QUOI MAINTENANT ? Criai-je en arrachant mon bras de sa main. QU'EST-CE QUE TU VEUX ?

- TOI ! C'EST TOI QUE JE VEUX ! PUTAIN ! Hurla-t-il avant de serrer sa mâchoire, essayant de contenir sa colère. Pourquoi est-ce que tu fais comme si tu ne comprenais pas ?

- TU NE VEUX QUE ME BAISER ! Tu es exactement comme tous les autres, lançai-je en le regardant fixement un court instant. Maintenant, laisse-moi.

Je me remis rapidement à marcher, avançant sur quelques mètres en espérant trouver un taxi, quand soudain, il passa devant moi. Jungkook posa ses grandes mains veineuses sur mes bras, plongeant son regard dans le mien avant de m'attirer contre lui. Il me serra fermement contre lui, ses doigts remontant le long de ma colonne vertébrale pour se glisser dans mes cheveux et masser tout doucement l'arrière de ma tête.

- Je suis complètement fou de toi, déclara-t-il en insistant sur chacun de ses mots. Depuis le premier soir.

- Alors pourquoi es-tu parti ce matin-là ? Interrogeai-je avec le cœur gros.

Il me décolla légèrement de lui et son visage refléta tous ses remords lorsqu'il vit mes yeux un peu rougis. J'essayais de contenir mes larmes, et pour cause, je l'aimais tellement que mon cœur se brisait à chaque fois que je pensais à la façon dont laquelle il m'avait humilié après cette merveilleuse nuit que nous avions passé ensemble.

- Parce que tu serais partie et tu ne te serais même pas souvenue de mon visage.

- Quoi ? M'enquis-je alors que je redoutais sa réponse.

- Je t'ai vu plusieurs fois au Spectral, dit-il en baissant la tête, honteux. Je t'ai vu partir avec un mec différent à chaque fois, mais tu m'as quand même plu. Tu m'as tellement plu que je n'avais pu m'empêcher de te regarder. J'espérais te voir tous les soirs, mais je n'espérais rien de toi, et puis tu es venue vers moi. Tu m'as encore plus séduit, mais je ne voulais pas être un de plus, alors je suis parti même si-...

- ET QU'EST-CE TU ESPÉRAIS AU JUSTE ? QUE JE T'AIME PARCE QUE TU M'AS LAISSÉ ? JE T'AI DÉTESTÉ DE TOUT MON CŒUR, JEON !

- Je m'en foutais... Avoua-t-il, coupable. Je voulais juste que tu ne m'oublies pas. Je voulais que tu te rappelles de moi et que tu reviennes à la boîte pour me frapper ou m'embrasser. Les deux me convenaient. Mais tu n'es pas revenue...

Ce craquement dans sa voix fut serrer mon cœur. Je savais qu'il avait mal, cependant, moi aussi j'avais mal, peut-être même plus que lui. Il m'avait manipulé dès le début, et bien qu'il était trop tard pour moi parce que je l'aimais déjà, je ne pouvais pas me laisser embarquer dans une telle relation.

Moi qui avait cru qu'il était un de ces hommes parfaits, je tombai des nues en me rendant compte qu'il était comme moi, cruel et égoïste. Il était aussi mauvais que moi, pourtant, mes sentiments à son égard ne changèrent pas.

- Tu sais quoi, Jungkook ? Dis-je avant de marquer une courte pause. J'ai déjà beaucoup trop d'amis manipulateur. Je croyais que tu étais différent, mais non, tu es exactement comme eux, peut-être même pire. Je ne peux pas être ton ami. Je ne peux pas supporter une autre amitié comme ça.

- S'il te plaît... Seth...

- Non, lâchai-je sèchement. Tu es mon garde du corps et tu le resteras. Il n'y aura ni amitié, ni rien d'autre entre nous. Tu recommenceras à me vouvoyer et tu ne me toucheras plus jamais. Est-ce que c'est clair ?

Nous étions tous deux au bord des larmes. Et alors que je restai fermement sur mes positions, le noiraud ne put qu'hocher la tête. Bien sûr que voir ses yeux rougis me brisait le cœur, cependant, je ne pouvais rien espérer de cette homme qui n'avait fait que jouer avec moi comme si je n'étais qu'un pion.

- Et sache que bizarrement, je ne comptais pas te laisser ce matin-là, confiai-je alors qu'il déglutit avec difficulté. J'ai aimé la façon dont laquelle tu m'avais parlé, dont laquelle tu m'avais touché et regardé. Tu es le premier homme à m'avoir fait me sentir en sécurité et j'aurais adoré me réveiller dans tes bras. J'aurais adoré te dire encore et encore que j'avais passé la meilleure nuit de toute mon existence à tes cotés, mais tu ne m'en as pas donné la possibilité. À croire que c'était comme ça que ça devait se passer.

Je tapai gentiment sur son épaule, et puis je tournai les talons afin de rejoindre la voiture. Je vivais mon tout premier chagrin d'amour, et il n'avait fait que me confirmer que j'avais bien fait de ne jamais tomber amoureuse avant, parce que cette douleur, la douleur que je ressentais à ce moment-là, brûlait tout mon être. Oui, cette douleur-là, elle me détruit sans même que je ne sache quoi faire pour m'en protéger car pour lui, j'avais baissé ma garde comme jamais auparavant.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant