Chapitre 12

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Cela faisait quelques jours que je ne rentrais plus chez moi. Je restais au bureau et même là-bas, je faisais en sorte de ne pas croiser les membres de ma famille. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec eux et à cause de cela, mon garde du corps passait lui aussi de mauvaises nuits. Il aurait très bien pu me laisser à l'heure habituelle où il me déposait au manoir, mais non, il resta tous les soirs, quitte à somnoler sur le sofa.

J'étais peinée de lui faire vivre une telle chose, cependant, je ne souhaitais pas me retrouver avec lui dans une chambre d'hôtel. Pas une seconde fois. Le souvenir de ce lit et de cette pièce vide à mon réveil me revenait à chaque fois que je songeais à l'idée de réserver une chambre. J'étais terrifiée rien que pensant qu'il aurait pu me laisser une fois de plus.

Les gens était tellement vicieux que j'aurais, sans le moindre doute, fait la une d'un magazine people si j'avais été vu dans un hôtel avec mon très séduisant garde du corps. À vrai dire, moi, ça ne m'aurait pas déplu que l'on pense qu'un si bel homme pourrait être intéressé par moi, néanmoins, sa vie était si paisible que je ne pouvais me permettre de l'associer davantage à ma famille. Je ne voulais pas qu'il change comme tous ceux qui goûtent à la célébrité et à l'argent.

Mes coudes étaient posés sur la table en verre qui me servait de bureau. Je soutenais ma tête, alors que mes yeux se fermaient d'eux-mêmes. J'étais prête à passer ma troisième nuit dans mon bureau, quand soudain, je sursautai lorsque je sentis mon siège tourner sur lui-même. Je fus prise d'une panique momentanée, cependant, je me calmai aussitôt lorsque je levai les yeux pour les poser sur Jungkook.

Il semblait inquiet. Il devait sans doute me trouver horrible. Mes yeux étaient cernés, et mes cheveux, secs à cause de l'eau calcaire de la toute petite salle de bain qui était uniquement accessible depuis mon bureau. Le standing de la salle d'eau était bien inférieur à ceux à quoi j'avais l'habitude, alors tout mon corps le supportait mal.

- Allons-y, mademoiselle.

- Où donc ? M'enquis-je en frottant tout doucement mes yeux.

- Chez vous bien sûr.

Il me tendit sa main et la regardai fixement pendant un court instant, puis en faisant une petite moue, je reposai mes yeux sur les siens.

- Non, lâchai-je en croisant mes bras contre mon ventre. Je ne retournerai pas là-bas.

- Mademoiselle...

Il poussa un soupir en posant le dos de sa main sur son front. J'étais obstinée et il le savait, alors il ne comptait pas insister, néanmoins, il était si fatigué de rester dans cette pièce qu'il eut cette idée qui le rendit nerveux.

- Voulez-vous... Voulez-vous venir chez moi ?

- Moi ? Chez vous ? Questionnai-je sur un ton qui pouvait prêter à confusion.

- Oh... Évidemment... Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, dit-il en baissant honteusement la tête.

- Hé ! Ça n'a rien à voir avec l'argent ! M'écriai-je en me levant d'un bon. Je me doute bien que votre maison est plus confortable que ce bureau, mais je ne peux pas. Vous êtes mon garde du corps. Vous n'avez pas à faire tout ça pour moi.

- Ça ne me pose aucun problème.

- Je sais que vous êtes épuisé, Jeon. Rentrez chez vous et revenez demain.

- Dois-je vous jeter sur mon épaule et vous faire entrer de force dans la voiture ?

Ses yeux étaient ancrés dans les miens. "Est-il sérieux ?" pensai-je avant qu'il ne me fasse un signe de la tête pour me demander de me diriger vers la sortie du bureau. Je ne voulais pas aller chez lui. J'avais bien trop peur de ne pas pouvoir lui résister.

- Allons-y, mademoiselle DeLayne.

Je voulais lui dire "non", mais ses yeux me convainquirent malgré moi d'hocher la tête. Je fus à mon tour nerveuse lorsque nous quittâmes le gigantesque building de ma famille. La nuit était déjà tombée quand il démarra la voiture pour nous conduire chez lui. J'allais faire intrusion dans son intimité et bien que je souhaitais me rapprocher de lui, cela m'intimidait beaucoup. Je craignais que cela vienne davantage me bercer d'illusions, moi qui voulait tant qu'il me désire.

Une bonne vingtaine de minutes fut nécessaire pour arriver à destination. Vingt minutes où nous ne parlâmes pas une seule fois. Il sembla réfléchir jusqu'à l'instant où il ouvrit sa portière, venant directement ouvrir la mienne lorsqu'il il me vit déjà hors du véhicule. Il sourit, puis il me fit signe de le suivre, quittant ensemble le sous-sol pour monter les escaliers.

Il était si silencieux que je n'osai pas parler par peur de trop m'imposer. Je regrettais d'avoir eu l'audace d'accepter sa proposition, tant Jungkook était qu'une froideur que je n'avais encore jamais expérimenté avec lui. J'hésitai même à partir en courant, quand tout à coup, il s'arrêta sur le palier du deuxième étage, ouvrant la porte qui se trouvait devant nous.

- Venez.

Il me sourit et je ne pus m'empêcher d'en faire de même, soulagée qu'il ait réussi à se détendre. Il entra et je le suivis avant qu'il ne referme derrière moi, plaçant ses clés sur le petit meuble situé notre droite, là où je ne tardai pas à poser mon sac. Je me mis à sourire discrètement lorsque je vis ce studio à la fois bordélique et cosy, puis je retirai mes chaussures pour les laisser près de la porte tel un signe de politesse.

- Je vous laisse le lit. Je dormirai sur le sofa.

Mes yeux se posèrent aussitôt sur le grand lit qui était un petit peu plus en hauteur que le reste de la pièce, trois petites marches le surélevant. C'était le studio d'un homme et non celui d'un étudiant. L'endroit avait du potentiel. Il était bien agencé et possédait quelques petites surfaces vitrées qui devaient sans doute très bien laisser passer la lumière. Si j'avais été complètement indépendante de ma famille, j'aurais sans même l'ombre d'un doute adoré vivre dans un petit espace comme celui-ci.

- Je ne vous ai pas tiré de mon sofa pour que vous veniez dormir dans le vôtre.

- Donc ?

- Je suis la plus mince. Votre sofa sera parfait pour moi ! M'exclamai-je avant d'esquisser un doux sourire.

- J'espère que vous êtes consciente que je ne vous laisserai pas dormir sur ce vieux truc.

Je secouai la tête d'un geste las avec un fin sourire. Il était lui aussi très têtu.

- Puis-je emprunter la douche ?

Il hocha la tête, puis je lui souris, avant de prendre direction de la cabine aux vitres légèrement opaques qui se trouvait à quelques mètres du lit, elle aussi en hauteur aux côtés du lavabo et des toilettes. Ce ne fut qu'une fois à l'intérieur que je me déshabillai, posant mes vêtements au fur et à mesure au-dessus de la haute vitre, avant que je ne commence à laisser l'eau couler sur mon corps et mes cheveux.

- Jeon ! M'écriai-je.

- Oui, mademoiselle DeLayne ! Tout va bien ? Demanda-t-il en se précipitant jusqu'à moi.

- Oui, oui. Ne vous inquiétez pas, dis-je en réprimant mes rires alors que je regardais sa silhouette à travers la paroi vitrée. J'ai laissé les vêtements que j'ai acheté hier dans la voiture.

- Je vais les cher-...

- Prêtez-moi quelque chose pour la nuit, mais ne me laissez surtout pas toute seule...s'il vous plaît...

C'était maladif. J'avais une horrible peur de l'abandon lorsqu'il s'agissait de lui. Pour moi, il était imprévisible depuis ce matin-là et bien que j'avais pour lui d'étranges sentiments, je n'arrivais pas à lui faire entièrement confiance. Je n'arrivais pas à croire qu'il reviendrait pour moi.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant