Chapitre 4

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Quelques légers grognements passaient la barrière de mes lèvres. Je n'étais pas très matinale, cependant, j'étais plutôt réjouis par l'idée de me rêver auprès de celui avec qui j'avais passé une nuit inoubliable.

Je pouvais encore sentir ses grandes mains, pâles et veineuses, sur ma peau qui était déjà complètement addicte à lui. Ses touchers me faisaient perdre l'esprit et je n'espérais qu'en recevoir davantage comme s'il s'agissait du meilleur alcool, quand tout à coup, je compris que mon petit jeu avait fini par se retourner contre moi.

Encore totalement nue et d'un mouvement nonchalant, je me redressai sur le lit, froissant la couverture sous mes pieds. Je reposai mon dos contre la tête de lit en laissant mes yeux parcourir vaguement la pièce, puis je souris alors qu'une autre, à ma place, aurait éclaté en sanglots.

Je ressentis à ce moment-là quelque chose que je n'avais jamais ressenti auparavant. J'avais l'impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine. 'C'est donc ça que ça fait.' m'étais-je dit avant de pousser un soupir. Il fut le premier qui me laissa et il fut aussi le premier que je n'avais pas voulu laisser. C'était étrange, mais le destin était fait ainsi. Je payais sûrement pour le mal que j'avais causé aux autres hommes que j'avais laissé espéré, tout comme lui m'avait laissé espérer.

'Comment ai-je pu y croire ?' me demandai-je pendant de longues minutes, avant de tout mettre sur le dos de sa beauté et de ce moment de pure extase qu'il m'avait donné. Ma fierté en avait pris un coup. J'étais blessée, et ce fut énervée que je me précipitai dans la petite salle de bain qui se trouvait dans cette chambre miteuse où j'avais passé la meilleure nuit de toute mon existence.

L'eau brûlante coula longtemps sur moi, passant de mes cheveux à mon corps alors que je frottais machinalement ma peau. Je voulais effacer toutes les traces qu'il avait laissé sur moi, cependant, plus je me donnais du mal à le faire, plus je me rappelais de la façon dont laquelle il m'avait touché. Il m'avait clairement possédé cette nuit-là et moi, je ne pouvais admettre cela. Je ne pouvais admettre que lui, celui qui m'avait fait me sentir désirer comme personne, m'avait laissé goûté à cette chose que j'avais l'habitude d'infliger aux autres.

Avec mes vêtements de la veille sur le dos et ma pochette dans la main, je quittai la chambre, qui ressemblait quelque peu à un champ de bataille, afin de prendre les escaliers en direction de la sortie du bâtiment. Je grommelai sur le fait que cet horrible hôtel (si je pouvais appeler ça un hôtel) ne possédait même pas d'ascenseur, quand après plusieurs minutes, j'arrivai enfin à la réception, sortant immédiatement ma carte bancaire pour la tendre à la vieille dame qui se trouvait derrière le comptoir.

- Numéro de la chambre, lança-t-elle froidement.

- Euh... C'était la onze.

La femme se mit à feuilleter le cahier qui se trouvait sous nos yeux, puis elle posa brusquement le doigt sur la page. Je sursautai malgré moi à son action soudaine. À vrai dire, ce lieu, ces murs recouverts d'anciens papiers peints et cette décoration vieillotte me donnaient la chair de poule tant j'avais l'impression de me trouver dans un cadre digne d'un film horreur.

- Le montant de la nuit et des dégâts ont déjà été réglé.

Elle referma aussitôt son cahier, alors que je glissai à nouveau ma carte dans mon sac. J'étais confuse, tant et si bien que j'en arrivai même à me demander si l'homme avec qui j'avais passé la nuit était vraiment un goujat, ou s'il s'était tout simplement servi de moi pour satisfaire ses désirs charnels comme j'avais moi-même prévu de le faire. Je pensai alors, qu'il devait être en quelque sorte une copie masculine de ce que j'étais.

- Excusez-moi ! M'exclamai-je pour attirer l'attention de la dame. Celui qui a réglé, aurait-il par hasard dit son nom ou laissé un numéro ?

- Non.

Certains disaient que les personnes aisées étaient dépourvues de manière, cependant, cette dame-là, elle qui était bien loin de posséder une fortune au vu de son lieu de travail, était dotée d'une impolitesse hors-norme. Elle me sortait par les yeux, alors je ne perdis pas une minute de plus dans cette maison de l'horreur, la quittant avant d'entrer dans ce taxi qui me ramena directement chez moi.

Je retirai mes chaussures avant de pousser la porte principale du manoir. Le plat de mes pieds entra aussitôt en contact avec le granite froid qui recouvrait le sol de la résidence, puis je me mis à le piétiner furtivement. Je ne souhaitais pas à ce que les membres de ma très chère famille me voyent rentrer à une telle heure de cette soirée que j'avais déserté. Je ne voulais pas avoir à leur rendre des comptes, néanmoins, je me figeai lorsque je vis mon père descendre le large et immaculé escalier centrale.

- Où est-ce que tu étais ?

Sa voix harmonieuse me soulagea instantanément, me montrant qu'il n'était pas en colère, et puis il s'arrêta près de moi. Son allure ne faillait jamais à m'impressionner. Mon père était un homme on ne peut plus charismatique et distingué. Il était fort ambitieux, à la tête d'un empire de plusieurs milliards de dollars, pourtant, sa famille restait sa plus grande priorité. Il aurait tout fait pour que notre nom de famille reste étincelant et moi, je marchais sur le fil du rasoir.

- À la fête de Leeha.

- Et ces marques ? Demanda-t-il en pointant un doigt léger en direction de mon cou.

Il ne voulait pas d'explication. Il voulait uniquement s'assurer que mes actes n'étaient pas nuisibles à notre famille, alors je m'empressai de le rassurer.

- J'utilise un autre nom lorsque je vais au Spectral.

L'homme me fixa avec ses grands yeux bleus, puis il plaça correctement mes longs cheveux noirs, cachant les marques violettes qui recouvraient partiellement la peau de mon cou.

- J'espère bien pour toi, chérie. Sincèrement. Je ne voudrais pas avoir à te mettre au placard.

Le riche Céthia DeLayne, mon père, venait bel et bien de me menacer lorsqu'il prit mon visage entre ses mains pour laisser un délicat baiser sur mon front. Il recoiffa ensuite ses cheveux d'un noir faiblement grisonnant, quittant notre demeure vêtu de son élégant costume pour se rendre au building de DeLayne Corporation, le cœur de toutes ses petites magouilles.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant