Chapitre 44

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Mes yeux rougis par les larmes fixèrent Stephen durant plusieurs minutes, lui qui était inconscient face à moi sur cet énorme lit d'hôpital. Le son de l'électrocardiogramme était devenu comme un bruit à part entière dans mes oreilles, tant et si bien que j'avais l'impression de ne plus l'entendre, cependant, celui de la respiration artificielle, lui, était un bruit agréable pour moi. Savoir que mon ami respirait me rassurait plus que je ne l'aurais cru.

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà, néanmoins, je n'avais pas bougé depuis l'instant où Stephen avait été emmené dans cette chambre aux murs blancs. Je le contemplais à quelques mètres de moi, son visage apaisé me donnant même l'impression que je n'étais pas coupable de son état alors que j'en étais la seule responsable.

- Seth...

Ma tête tourna aussitôt vers l'endroit d'où provenait ce chuchotement, apercevant alors la tête de mon petit ami par l'entrebaillement de la porte. Un sourire plein de tristesse se dessina sur mes lèvres et puis j'essuyai mes larmes avec le dos de ma main, soufflant ensuite avant de me lever du petit fauteuil que j'occupais jusqu'à lors.

J'approchai rapidement de Jungkook, m'engouffrant dans ses bras peu après avoir refermé la porte derrière moi. Dans mon monde, il était mon ange gardien, tout ce que j'aurais pu souhaiter au monde et ses bras, eux, comme toujours, eurent à ce moment-là des airs de paradis.

- Monsieur Hamilton ne voulait plus me lâcher... Est-ce que je parais misérable au point qu'il me propose de l'argent pour un peu de sang ?

- Tu n'es pas misérable, murmurai-je en prenant son visage entre mes mains. Tu as sauvé son fils. Il ne sait juste pas comment te remercier.

Le noiraud fit une petite moue, me donnant l'impression qu'il se remettait en question, puis il cueillit un baiser sur mes croissants de chairs. Ses mains veineuses sur ma taille m'attirèrent sèche contre lui avant qu'il ne vienne placer sa tête dans le creux de mon cou, humant immédiatement l'odeur de mon parfum habituel comme s'il trouvait là une sorte de réconfort.

- On peut rentrer à la maison ?

- Non, nous ne pouvons pas rentrer à la maison ce soir.

- Pourquoi ça ? Interrogea Jeon en se décollant légèrement de moi.

- Papa était là tout à l'heure... Il m'a dit qu'il organisait une petite réunion de famille demain matin, annonçai-je en caressant délicatement la joue gauche de mon petit ami. Nous devons y aller et puis revenir directement ici. Je veux être là lorsqu'il se réveillera.

- Nous ? Dois-je moi aussi assister à une réunion de la famille DeLayne ?

- Tu es bien de ma famille, n'est-ce pas ? M'enquis-je avant de lui voler un chaste baiser.

Jungkook se mit soudainement à sourire, puis nous prîmes la direction de la sortie de l'hôpital juste après avoir signalé à mon parrain et à sa femme notre départ. Pour la première fois depuis que j'avais décroché mon permis de conduire je passai derrière le volant, conduisant moi-même jusqu'au manoir de ma famille puisqu'il avait été déconseillé à Jeon de le faire après un don de sang aussi important.

J'avais été fortement prudente sur la route, néanmoins, celui qui avait l'habitude de me conduire partout n'avait pas du tout l'air d'avoir confiance en moi. Jungkook s'était même permis de tourner à plusieurs reprises le volant à ma place, pourtant, cela me mit plus rire d'autre chose, et ce fut avec moins de stress et d'inquiétudes que lorsque j'étais parti que j'arrivai dans cette immense demeure dans laquelle j'avais grandi.

- Tu as faim ? Demandai-je à mon beau garde du corps en prenant le chemin de la salle à manger. Le médecin Torres a dit que tu devrais encore manger du sucre puisque tu es lourd.

- Moi ? Lourd ? Demanda-t-il en me coinçant sans prévenir entre son corps et un mur. C'est pour ça que j'ai l'honneur de te soulever quand bon me semble ?

- Chéri... Susurrai-je en glissant habilement ma main droite de son torse à son entrejambe alors que nos yeux étaient interloqués. Tu es celui qui gémissait, celui qui agrippait les draps et celui qui tremblait en-dessous de mon corps. C'est moi qui te soulève Jeon... La dernière fois où tu l'as fait remonte à bien longtemps, mon ange.

- Ça manque de précision tout ça, lâcha-t-il en montant petit à petit son genou jusqu'à ce que celui-ci touche mon intimité. La fois où je t'ai soulevé... Tu as trouvé ça si bon que tu es tombée amoureuse de moi.

- Je suis tombée amoureuse de tes gestes et de tes mots, pas de ta capacité à me faire atteindre l'orgasme, rétorquai-je avant de passer mes bras autour de son cou puis mes jambes autour de sa taille. Quoi que... Je crois que si tu ne m'en avais pas donné autant, tu n'aurais sûrement pas pu me laisser puisque j'aurais directement quitté cette chambre pourrie de mon plein gré.

Jungkook laissa un fin sourire se former sur ses jolies lèvres lorsque je me mis à remonter son t-shirt. Je le voulais tant à ce moment précis que l'idée de faire l'amour sur la table où ma famille prenait leurs repas ne m'inspira aucun sentiment de honte. Je ne ressentais pas la moindre gêne à faire une telle chose puisque j'étais guidée par la luxure, néanmoins, de doux gémissements qui n'appartenaient ni à moi ni à mon petit ami me firent reprendre mes esprits.

La curiosité était bien trop forte que même Jungkook s'arrêta net, me laissant même l'entraîner jusqu'au salon qui était presque totalement plongé dans le noir, l'endroit d'où provenait ces petits bruissements que je n'avais jamais entendu auparavant. Ce fut rapidement que je remarquai les flammes qui dansaient telles des ensorceleuses dans la cheminée, et puis ce fut sans même les voir que je compris qu'il s'agissait de mes parents.

Tous deux se tenaient debout près du feu, leurs mains entrelaçaient de la plus pures des façons alors qu'ils s'embrassaient avec passion. C'était étrange pour moi de voir mon père embrasser une autre femme que Dana, néanmoins, jamais je ne l'avais senti aussi innocent qu'à cet instant-là, auprès de Cora. Ensemble, ils avaient l'air de deux adolescents qui ne savaient pas vraiment comme si prendre et rien qu'en les voyant de la sorte, mon cœur se réchauffa.

- Tu m'as manqué, murmura Céthia avant de serrer ma mère contre lui. Pardonne-moi.

- Je ne t'en veux plus depuis que j'ai vu notre fille, avoua-t-elle d'une voix chantante en caressant les cheveux grisonnants de mon géniteur. Je suis satisfaite de savoir qu'elle n'est pas comme toi.

- N'importe quoi ! Seth est exactement comme moi.

Cora esquissa un sourire en caressant délicatement le visage de mon père. Je trouvais ça adorable, qu'ils se chamaillent pour voir à qui je ressemblais le plus, alors ce fut avec le sourire que je m'apprêtais à quitter en silence le salon avec mon petit ami, quand tout à coup, les paroles que j'entendis attirèrent mon attention.

- Non mon ange, dit Cora avant d'embrasser délicatement les lèvres de mon père. Si elle était comme toi, elle aurait fait tuer cet homme... Mais elle est comme moi, alors elle a préféré s'en charger elle-même. Seul un monstre peut en tuer un autre, Céthia.

Jungkook avait été bien trop occupé à quitter discrètement la grande pièce qu'il n'avait sûrement pas entendu ce que j'avais entendu, néanmoins, les mots de ma mère me glacèrent le sang. Mes parents savaient ce que j'avais fait et pourtant, leur façon de me voir n'avait pas changé. Pire. Ils semblaient fiers de moi. Fiers que leur fille soit elle-même un monstre.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant