Chapitre 49

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Mon père fut fort joyeux lorsque je lui annonçai ma rupture avec celui qui était en un claquement de doigts redevenu uniquement mon garde du corps, pourtant, j'avais beau en être consciente, je n'arrivais pas à me faire à l'idée que cela le réjouissait autant. Ce que je voyais comme mon malheur rendait heureux Céthia et à vrai dire, personne ne se souciait vraiment de mes sentiments, personne hormis Cora.

- Pourquoi l'as-tu fait si maintenant tu le regrettes ?

- C'était sur un coup de tête, balbutiai-je en m'affalant sur l'une des tables en verre de ce café. Il m'a fait sortir de mes gons et j'ai pris une décision sur un coup de tête. Je suis beaucoup trop impulsive ces temps-ci.

- Es-tu toujours amoureuse de lui ? Demanda-t-elle en jetant un regard sur l'objet de notre discussion à quelques mètres derrière moi. Il a l'air abattu.

- Quelle question, maman ? Je l'aime plus que tout, marmonnai-je avant de prendre une gorgée de mon smoothie. Il me manque alors que cela ne fait qu'une semaine que nous sommes séparés. J'ai envie qu'il me prenne dans ses bras, mais lui se contente de me suivre à moins de deux mètres. Ça me rend barge !

Ma mère caressa avec tendresse le dos de ma main en posant sur moi un regard plein de désolement. Elle savait se mettre à ma place et même si elle n'avait pas les circonstances précises de ma rupture avec Jungkook, elle savait me conseiller et me réconforter. Cora était, avec moi, d'une douceur extrême, une véritable mère, cependant, elle aussi ne semblait pas être complètement innocente.

- Maman...

- Mmh... Souffla la noiraude en prenant une bouchée de son toast.

- Je sais que tu sais pour le gars qui est mort dans le bureau de papa.

Ma mère fut sans doute prise de court par mon annonce, toussant à plusieurs reprises avant de prendre une gorgée de son café. Immédiatement, je compris qu'elle n'avait jamais espéré avoir cette discussion avec moi, en tout cas pas de si tôt, cependant, elle savait parfaitement qu'elle était au pied du mur alors elle parla malgré ses appréhensions.

- Ton père me l'a dit... Il a trouvé ça étrange dès l'instant où il a vu la propreté de la mise en scène, articula-t-elle en faisant des guillemets avec ses doigts. Mais il l'a compris quand Dalila lui a dit que ce garçon lui avait fait. Tu as fait ce que tu avais à faire.

- Pourquoi est-ce que tu as dit que je n'étais pas comme papa mais comme toi ?

- Parce que tu règles toi-même tes problèmes. Tu n'as besoin de personne... Tu tiens forcément ça de moi.

- Es-tu un monstre toi aussi ?

La douceur de ma voix attendrit l'expression faciale de Cora, et puis ce fut avec le cœur douloureux qu'elle hocha la tête. Rien que par ce simple mouvement je compris qu'elle aussi avait les mains couvertes de sang, cependant, cela ne m'inspira pas de la peur, en fait, j'étais qu'elle soit ma mère. J'étais satisfaite que celle qui m'avait mis au mode n'était pas une personne faible.

- La première fois que j'ai tué quelqu'un remonte à près de vingt-et-un ans, murmura-t-elle en fixant nos mains liées. C'était l'un des hommes de ton père. Il l'avait envoyé pour t'arracher à moi alors que tu n'avais que deux mois et je n'ai pas su me contrôler... Céthia a fini par se débarrasser du corps pour me protéger, mais j'ai été prise de remord alors dès que j'en ai eu les moyens j'ai commencé à envoyer chaque mois anonymement de l'argent à la famille de ce pauvre homme.

- La première fois ? Interrogeai-je en fronçant les sourcils. Est-ce que... Est-ce que ça veut dire qu'il y a eu d'autres fois ?

- Il n'y a eu qu'une seconde fois... Il y a quelques semaines... Avoua Cora avant de prendre le grosse bouffée d'air. C'était le soir où nous nous sommes retrouvées... Quand tu es parti avec Jeon, j'ai... J'ai vu Dana. Elle essayait de s'enfuir et j'aurais pu la laisser faire sauf qu'elle t'a fait du mal à toi, la chose la plus précieuse au monde pour moi, alors je n'ai encore pas su me contrôler.

Ses beaux yeux sombres me demandèrent aussitôt pardon. Ma mère était au bord des larmes, néanmoins, je ne comprenais pas pourquoi.

- Hé... Tout va bien maman. Ne t'en fais.

- Ne m'en veux pas... Je t'en prie...

- Quoi ? T'en vouloir ? M'enquis-je en tendant le bras afin de caresser sa joue. Pourquoi pourrais-je t'en vouloir ? Je suppose que tu ne l'as pas fait souffrir. Elle devrait te remercier, parce que si papa avait posé la main sur elle, elle serait encore vivante à l'heure qu'il est, mais sûrement pas entière.

Cora fut aussitôt soulagée par mes mots. Croyait-elle vraiment que j'aurais eu pitié de Dana ? Ce n'était pas mon genre d'être confuse vis-à-vis de mes émotions et cette femme là, cette femme ignoble, je la détestais. Je n'étais que ceux qui avait des sentiments partagés, mais comme toujours, Jungkook était mon exception car j'avais beau lui en vouloir, mon amour pour lui n'en était pas moins fort.

- Houlà ! S'écria ma mère en regardant momentanément sa montre ornée de diamants. Déjà deux heures que nous papotons... Chérie, je dois y aller ! J'ai une réunion mais je t'appelle ce soir. OK, mon bébé ?

Ce fut avec le sourire aux lèvres que je hochai la tête tant j'adorais les petits surnoms que ma mère me donnait, puis elle déposa quelques baisers sur mon front avant de s'éloigner de moi. Savoir que Cora était auprès de moi était un sentiment rassurant encore tout neuf pour moi, tant et si bien que j'avais du mal à croire qu'elle tenait à payer la note sous le simple prétexte qu'elle était ma mère.

Jamais Dana n'avait dépense quoi que ce soit pour moi, alors il était tout à fait normal que je sois troublée par les agissements de ma génitrice, cependant, je m'étais promis de tout faire pour m'y habituer. L'amour maternel n'était pas une chose qui m'était très commune, néanmoins, même si me faire pouponner n'était pas dans ma nature, j'étais prête à laisser Cora faire pour moi ce qui lui semblait normal d'être fait par une mère.

- S'il vous plaît... Donnez moi... Dis-je en regardant dans cette large vitrine remplie de pâtisseries. Trois muffins au chocolat, deux aux fruits rouges, une tartelette citron meringuée et trois de ces briquettes de lait à la banane.

- Tout de suite, mademoiselle DeLayne !

Rapidement, je me retrouvai avec un petit sac en papier marron dans la main et je m'empressai de payer, avant de me retourner afin de prendre la direction de la sortie de cet agréable café.

Comme des aimants, mes yeux retrouvèrent rapidement ceux de mon ex-petit ami qui ne s'était pas assis une seule fois, puis je m'avançai vers de lui, plaquant directement contre son abdomen le sac que le vendeur venait de me donner.

- Jeon, ne touchez surtout pas à ma tartelette.

Le noiraud fut surpris que je m'adresse à lui après toute une semaine de silence et puis, en saisissant le sac plein de gourmandises sucrées, il esquissa un sourire discret qui fit comme toujours chavirer mon cœur.

- Aimez-vous le lait à la banane maintenant ? Demanda-t-il dès lors où nous gagnâmes la voiture.

Non ! Une horreur ! Je détestais ça. J'aurais préféré boire de l'acide que ce lait aromatisé et Jungkook le savait parfaitement.

- Évidemment ! Lançai-je avant que je ne le voye sourire dans le rétroviseur central. Je ne vois pas pourquoi j'en aurais acheté autant si je n'aimais pas ça.

- Ah... Je vois, mademoiselle DeLayne...

- Finalement ! Buvez le lait et mangez aussi les muffins... J'ai oublié que j'étais au régime lorsque j'ai pris tout ça... Lâchai-je en croisant mes bras contre mon ventre avant de faire mine de regarder par la vitre.

- Et la tarte-...

- Vous ne touchez pas à ma tartelette !

"J'ai pris tout ça pour lui et il trouve encore le moyen d'essayer de prendre ma tartelette. Pourquoi veut-il toujours me voler ce que je veux manger ?" me demandais-je, quand tout à coup, Jungkook éclata de rire, cela me poussant à mordre fermement intérieur de ma joue droite rien que pour ne pas lui faire le plaisir de le rejoindre.

J'étais fâchée contre lui et j'en avais le droit, c'était même le strictement minimum après tout ce qu'il avait fait, néanmoins, je ne pouvais m'empêcher de l'aimer car dans un sens, l'amour qu'il avait pour moi était doté d'une sorte de pureté. Jamais quelqu'un ne m'avait aimé au point de supporter nuit et jour mon sale caractère, mais pour ma défense, je n'étais pas comme ça naturellement, je le faisais exprès.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant