Chapitre 32

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Mes larmes, brûlantes de colère et de tristesse, mouillèrent le torse de mon petit ami alors que les siens en faisaient de même avec mes cheveux. Son étreinte était refermée sur moi comme jamais auparavant. Il me serrait comme s'il craignait que je ne m'évapore et moi, blottie contre lui, je me sentais à l'abri. Dans ses bras, aucun mal ne pouvait m'arriver, néanmoins, savoir que j'étais la raison pour laquelle ses larmes coulaient me briser le cœur.

- Pourquoi est-ce que ce salop n'est pas en prison ? Et pourquoi est-ce que ton père lui fait toujours confiance ?

- Il ne le sait pas. J'ai promis que je n'en parlerai à personne. J'ai brisé cette promesse parce que je t'aime plus que tout, mais à partir de maintenant, plus personne ne doit être mis au courant.

- Ce qu'il t'a fait est un crime, sans doute le pire de tous, et il doit être puni ! S'écria-t-il en me décollant de lui pendant que ses mains restèrent sur mes bras. Qui a pu te faire promettre une telle chose ? C'est insensé.

- Pas pour ma mère.

Le noiraud poussa sèchement un petit soupir, comme s'il voulait se donner du courage, puis il posa ses paumes chaudes contre mes joues, relevant mon visage dans le but de planter nos regards l'un dans l'autre. Je pus instantanément voir que la tristesse dans ses iris foncés. Il était accablé par ce moment qui avait ruiné mon âme et il voulait comprendre ce qui m'avait réduit au silence.

- Parlons-en. Je t'en prie mon amour... Parlons-en.

Ce fut avec le cœur lourd que je hochai la tête, laissant Jungkook me conduire jusqu'au sofa où nous prîmes place. En silence, nous nous regardâmes quelques instants, puis je pris une grande bouffée d'air, essayant de trouver les bons mots pour expliquer à Jeon ce qu'il avait le droit de savoir.

- J'étais vraiment innocente lorsque j'étais plus jeune, alors je n'ai pas compris les intentions de Samuel lorsqu'il me regardait ou qu'il me touchait, commençai-je en essayant difficilement de garder mon sang froid. À l'époque il était constamment à la maison, c'était le meilleur employé de mon père, alors ils sont devenus associés, cependant, il venait même lorsque papa n'était pas là. Je n'ai jamais vu ça d'un mauvais œil puisqu'il était très gentil, toujours souriant.

La douleur grandissait dans ma poitrine malgré ma volonté de ne pas m'effonder. C'était toujours douloureux, bien plus que je ne l'avais cru. Mes yeux cherchèrent spontanément du soutien dans ceux de Jungkook et lorsque j'y vis son amour pour moi, je resserrai mes bras autour de mes jambes qui se trouvaient contre mon buste, me donnant un appui et assez de force pour reprendre.

- Ça s'est passé un douze juillet, le jour de l'anniversaire de ma mère. Il n'y avait que Kyan et moi au manoir. Papa venait de lui offrir une nouvelle console alors il est resté dans sa chambre et moi dans la mienne, sauf que j'étais descendue lorsque j'avais entendu la porte d'entrée s'ouvrir. Je croyais que Dalila était revenue. Elle devait nous acheter des vêtements assortis alors j'étais pressée qu'elle me les montre, mais j'ai vite été déçue lorsque j'ai vu que ce n'était pas elle. À la place j'ai vu Valentine et j'étais si pure que mon instinct n'a pas été capable de me signaler que celui que j'appelais 'oncle' voulait voir mes dessins pour de mauvaises raisons, alors je l'ai emmené dans ma chambre.

À ce stade ma gorge s'était déjà asséchée et les larmes m'étaient montée aux yeux. C'était là première fois que je racontais cela et même si je n'avais pas la même personnalité, je ne pouvais que juger des choix qu'avaient fait l'adolescente que j'étais. Je me remettais en question et mon petit ami l'avait parfaitement compris, alors ce fut après le cœur douloureux qu'il caressa mes jambes en reniflant, essayant lui aussi tant bien que mal de rester fort.

- Nous avions regardé quelques unes de mes créations et puis il a commencé à me toucher d'une façon inappropriée. Je n'ai pas eu le cran de lui dire d'arrêter au début, alors j'ai prétexté que je voulais les montrer à mon frère pour sortir de ma chambre et c'est là qu'il s'était mis à ricaner. Il avait verrouillé la porte et il tenait la clé dans sa main. Il m'a dit de venir la chercher mais j'étais complètement flippée, alors je n'ai pas bougé. J'étais restée parfaitement stoïque et... Et il s'est rapproché avec un regard différent, écœurant. Il m'a poussé sur mon lit, puis il a commencé à retirer mes vêtements et il est parvenu à me mettre à nue même si je m'étais débattue. J'ai crié sans arrêt pendant près d'une heure. J'ai pleuré aussi, au point de ne plus voir quoi que ce soit, mais personne n'est venu me sauver.

Ma voix craqua et Jungkook n'hésita plus une seule seconde pour me serrer contre lui, me laissant pleurer librement dans le creux de son cou. Nos sanglots se firent entendre durant plusieurs bonnes minutes et puis je serrai les dents en séparant nos corps. Je ne pouvais plus faire marche arrière et j'en étais consciente. Je me devais de tout lui raconter.

- Je... J'étais vierge, alors quand il est entré la première fois, sans la moindre once de douceur, j'ai eu l'impression d'avoir reçu un coup de couteau, et puis j'ai compris que ce n'était pas fini. J'en ai reçu des coups de couteau ce jour-là, je saignais sans même savoir pourquoi et j'ai bien cru que j'allais en crever parce que cette douleur-là était la pire de toute. Je souffrais le martyre mais je n'ai pas arrêté de crier à l'aide pendant que lui prenait son pied à baiser une fille qui aurait pu être la sienne. Mes cris étaient sûrement ce qui l'excitaient le plus, cependant, après ce qui m'a semblée être une éternité, lorsque j'ai entendu Dana de l'autre côté de la porte, j'ai été soulagée.

Un sourire plein d'incrédulite se dessina sur mes lèvres alors que je remarquai mes mains tremblantes. Jeon aussi vit mes paumes et il les prit rapidement dans les siennes, les comprimant dans cette agréable chaleur qui lui était propre.

- Valentine a arrêté dès l'instant où ma mère, paniquée, a commencé à crier mon nom, puis il a remonté son pantalon comme si de rien n'était et il a ouvert la porte. Il a discuté de longues minutes avec ma mère. Il a fini par partir comme si ce qu'il m'avait fait été justifié alors que je ne tenais même plus sur mes jambes et que mon corps était recouvert d'hématomes, et puis ma mère a venu vers moi et elle m'a dit de lui promettre que je ne dirais rien à personne parce que papa la tuera si ça se sait. J'ai eu encore plus mal à ce moment-là. Ça fait mal de ne pas avoir l'amour et l'affection de sa mère, j'ai cru qu'elle m'aimerait si je me taisais alors j'ai accepté.

- Pourquoi ton père aurait tué ta mère ? Ça ne veut strictement rien dire, Seth. Il faut que ton père le sache.

- Il tuera ma mère s'il l'apprend et je ne veux pas qu'il lui fasse de mal, affirmai-je en essuyant les larmes de celui que j'aimais. Il la tuera parce qu'à chaque fois que Valentine venait à la maison il baisait ma mère dans la chambre de mes parents... Parce que ce jour-là, je n'ai été qu'un dommage collatéral... Il était venu pour Dana, mais elle n'était pas là. J'ai juste été au mauvais endroit au mauvais moment. Ce qu'il s'est passé appartient au passé, ça ne peut plus être changé alors je ne peux pas laisser mon père faire du mal à ma mère pour ça... N'est-ce pas ?

Mon petit ami ne me répondit pas. Il ne partageait pas mon avis alors il préféra ne rien ajouter, me serra à nouveau contre lui comme s'il craignait de me perdre. Ce qu'il y avait entre nous était bel et bien de l'amour, cependant, il était bien loin d'être aussi pure que je le croyais et ce moment-là, je ne savais pas encore ce que ça impliquait d'être aimé par ce merveilleux Jeon Jungkook.

𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant