Seize minutes. Ce fut le temps que je passai à simuler. Je gémissai, encore et encore, et je m'y donnais à cœur joie, cependant, contrairement aux autres femmes, je ne le faisais pas pour flatter l'ego de celui qui était au-dessus de moi. Non, moi, je le faisais uniquement pour que mon magnifique garde du corps entende tout depuis là où il se tenait. Juste derrière la porte.
Cela pouvait paraître malsain, mais dans un sens, je n'étais pas à blâmer. C'était mon père qui lui avait dit de pas être à plus de cinq mètres de moi.
Dès que je sortis de la chambre de Robin, mes yeux rencontrèrent ceux Jungkook. Il me regarda refermer les derniers boutons de mon chemisier alors que ma respiration était faussement haletante, puis brosser mes longs cheveux noirs avec mes doigts, cependant, à mon plus grand désespoir, il resta de marbre.
J'avais fait tout ça pour rien, alors ce fut frustrée que je m'empressai de quitter la maison des Stelinger pour regagner la voiture. Celui qui me servait aussi de chauffeur ne tarda pas à me rejoindre, me donnant une énième fois mon sac que je balançai agressivement à mes pieds. J'étais en colère. Son indifférence faisait bouillir mon sang, et ce fut à ce moment-là que je compris que me venger allait être plus difficile que prévu.
- Où est-ce que je dois vous conduire, mademoiselle DeLayne ?
Tout à coup, je commençai à trouver le son de sa voix désagréable à mes oreilles. Je ne voulais plus l'entendre, alors je sortis mes écouteurs de mon sac avant de les mettre sans même prendre la peine de répondre à sa question. J'étais habituée à avoir tout ce que je voulais, cependant, avec lui je n'étais jamais totalement satisfaite. Jungkook était ce que je voulais, mais son désintérêt m'exaspérait tellement qu'il avait fini par devenir mon caprice de petite fille riche. Si seulement j'avais pu demandé à mon père de me l'offrir comme s'il était un objet.
Mes yeux étaient posés sur la vitre, mon regard perdu dans le vide, lorsque la voiture démarra. Je supposai qu'il fut immédiatement confus par ma réaction. Il aurait pu même trouver des plus étranges mon comportement, et se dire que j'attendais sûrement quelque chose de lui, cependant, je n'y pensai pas une seule seconde. J'étais beaucoup trop subjuguée par mes émotions. À vrai dire, je ne contrôlais plus rien de ce que je ressentais. D'un côté, je voulais qu'il meurt de jalousie en me voyant aux côtés d'un autre, et de l'autre, je n'avais envie d'être auprès de personne d'autre que lui.
- Arrêtez la voiture !
Je tapai sur le siège passager qui se trouvait devant moi, attirant son attention. Il devait sans l'ombre d'un doute me prendre déjà pour une folle, alors autant continuer.
- Mademoiselle, nous sommes sur un pont. Je ne peux pas m'arrêter comme ça.
Comment pouvait-il garder son calme alors que n'importe qui m'aurait giflé et moi y compris ? Il continua à rouler parfaitement en me regardant à quelques secondes d'intervalle dans le rétroviseur central.
- Je vous ai dit d'arrêter la voiture ! C'est un ordre ! Garez-vous sur le bas-côté.
Dans la précipitation, il fit ce que je désirais. Il arrêta la voiture et plus je me précipitai hors de celle-ci, mes hauts-talons se posant directement sur le trottoir avant que je ne m'appuie contre la rambarde. L'océan me semblait si grand lorsque je penchai la tête en bas que j'eus l'impression d'être emportée par les vagues. L'oppression que je ressentais jusqu'à lors se fana petit à petit, l'air frais me permettant de reprendre mes esprits.
Ma respiration était douce lorsque je sentis mon aimable garde du corps s'appuyer juste à côté de moi pour regarder lui aussi le bleu sous nos pieds.
Il me rendait folle. Comment faisait-il pour ne pas comprendre que je voulais qu'il s'excuse pour que je n'ai plus d'idées vengeresses, et qu'il me fasse la cour comme si nous étions d'un autre temps ?
Je voulais qu'il me fasse me sentir spéciale, aussi spéciale qu'il l'était pour moi, mais il était tout bonnement aveugle. Comme tout le monde, il ne comprenait pas ce que je voulais vraiment. Ma fierté m'avait poussé à dire que je ne me souvenais pas de lui, et lui s'était contenté de ça. Au fond, j'aurais même préféré qu'il me mette un râteau au lieu qu'il ne comprenne pas que j'avais de l'intérêt pour lui.
- Moi aussi, regarder les vagues m'apaise, chuchota-t-il.
- Ce ne sont pas les vagues qui m'apaisent.
- Alors qu'est-ce qui vous apaise dans ce paysage ? Interrogea le noiraud avec curiosité avant de tourner la tête vers moi.
- Le vide, confiai-je en le regardant à mon tour. J'essaie toujours d'imaginer la sensation que je ressentirais si je me décidais à sauter.
Il ricana tout bas, puis il regarda à nouveau la mer, tandis que je regardai ses cheveux noirs voler, tout comme les miens, à cause de la force du vent. Étais-je réellement en train de tomber amoureuse ou était-ce juste parce que je n'admettais pas qu'il m'ait rejeté ? J'étais bel et bien perdue, néanmoins, j'étais tout de même consciente que lui n'avait pour l'instant aucune attirance pour moi, car si je lui plaisais, il n'aurait pas été si neutre en m'entendant gémir le nom d'un autre.
Je ne pouvais détacher mes yeux de lui, alors ils se mirent à voyager de son visage à son cou que j'avais autrefois marqué, puis à ses bras musclé qui pouvaient être aperçu à travers sa veste de costard. Je ne le répèterai sans doute jamais assez, mais je le trouvais irrésistible. Je le contemplais avec tendresse, quand soudain, je vis ses phalanges. Elles étaient à vif et sa peau d'un rouge écarlate.
- Vos poings ? Susurrai-je en camouflant mon inquiétude. Comment vous êtes-vous fait ça ?
- Ça ? Dit-il en regardant ses mains. Je fais de la boxe. Je me suis un peu trop déchaîné sur le sac hier.
- Je vois... Pourriez-vous m'apprendre ?
- Bien sûr.
Je le voulais tellement que j'étais prête à ce qu'il me déteste pour cela. Je voulais qu'il s'intéresse à nouveau à moi comme il l'avait fait lorsque nous n'étions que tous les deux dans cette chambre d'hôtel, cependant, il s'en fichait alors j'eus le besoin de faire un voeu. Je retirai un à un mes bijoux avant de les jeter à l'eau. Tout y passa. Mes boucles d'oreilles et ma bague en diamant, même mon collier de perles. Je ne gardai rien et ce seulement pour demander à je ne sais qui de faire en sorte que Jungkook recommence à me regarder comme y l'avait fait lors de cette nuit où nous nous rencontrâmes.
- Qu'avez-vous jeter ? Demanda-t-il, à la fois curieux et surpris.
- Environ six cent mille dollars.
Choqué, il me regarda un instant, et puis il éclata de rire pour faire serrer mon cœur. C'était la première fois que j'entendais son rire depuis qu'il travaillait pour moi, et si six cent mille dollars était le prix à payer pour cela, j'étais prête à jeter à l'eau tous les bijoux du monde.

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𝐌𝐚𝐧𝐢𝐚𝐜 - 𝐉𝐄𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐍𝐆𝐊𝐎𝐎𝐊 [𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞́]
Fanfiction"𝐀𝐢𝐦𝐞𝐬-𝐭𝐮 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐠𝐚𝐫𝐜̧𝐨𝐧𝐬 ? 𝐓𝐫𝐞̀𝐬 𝐛𝐢𝐞𝐧, 𝐣𝐞 𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐭𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞𝐫 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐟𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐠𝐚𝐫𝐜̧𝐨𝐧𝐬."