De Fil en Aiguille

Chapitre 2

La joie de Félix n'irradiant pas comme le sourire de son frère, l'arrivée de l'étudiant passe tout d'abord et modestement inaperçue à la réunion. Tout le monde ou presque discute avec tout le monde, et la seule différence qu'il voit entre les galas dans lesquels son père le traine et ici, n'est que le contenant du punch : un verre de plastique.

Un homme légèrement plus grand que lui, et sensiblement plus vieux s'approche, lui tend un verre, et se présente calmement :

- Je m'appelle Tomas. Je fais partie des organisateurs. J'espère que tu trouveras une bonne équipe.

- Je m'appelle Félix...

- Agreste, oui, je sais...

- Tu as quelqu'un à me conseiller, le coupe-t-il sèchement.

Son interlocuteur ne s'en formalise pas et lui désigne une jeune femme seule dans un coin de la pièce.

- Tout le monde n'est pas d'accord avec moi, mais je pense que tu n'arriveras à rien avec les autres. Elle s'appelle Elise Couture.

Félix lui répond silencieusement de son visage fermé, un sourcil arqué. Ledit Tomas rit.

- Honnêtement. Avec le caractère que tu as, et ce que tu dois valoir, ça, c'est le mieux que tu puisses avoir.

- Hum.

Comme pour se donner bonne conscience, il soupire en disant :

- C'est sûrement la meilleure du cours de monsieur Mathieu.

Le visage de Félix se détend un peu. Le professeur Mathieu est réputé pour être particulièrement sévère. La meilleure doit avoir un niveau très convenable, en pratique.

- Merci.

Il se dirige vers la fille brune avec l'espoir de tomber directement sur la bonne personne.

Plus il avance vers elle, plus elle semble pâlir, et quand il arrive finalement près d'elle, la jeune femme s'est laissé tomber sur la chaise à sa droite.

Élise n'est pas du genre à venir à ce genre d'endroits, d'habitude. Elle n'aime pas particulièrement les endroits où les gens sont agglutinés aux bras les uns des autres. Si quand ils ont un verre à la main. Ou encore lorsqu'ils éclatent bruyamment de rire.

Au lieu d'être ici, elle pourrait être à son atelier. Ou dans son lit, à rattraper sa nuit blanche. Ou à son bureau. Elle pourrait travailler, créer, se reposer, ou faire encore quelques...

Elle secoue la tête en s'asseyant. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû s'inscrire à ce concours. Le monde lui donne mal à la tête et le vertige.

- Si tu es agoraphobe, ne traîne pas ici.

Elle relève la tête et le regarde, impassible au même titre que lui.

- Je suis Félix...

- Agreste. Je sais. Élise Couture.

- Je sais.

Elle ferme brièvement les yeux.

- Je ne suis pas agoraphobe. Je suis fatiguée. C'est tout. Ne reste pas à côté de moi, personne ne voudra plus se mettre dans ton équipe.

Félix hésite longuement, lorgnant le sac qu'elle a accroché à son épaule.

- Je peux voir ton travail ?

- Pourquoi faire ?

- Pour trouver mon équipe.

Elle arque un sourcil.