Chapitre 42

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Bonjour ! Je suis sincèrement désolée d'avoir oublié de poster hier... Mais je suis malade, alors je me suis couchée à dix-sept heures, et je ne suis pas ressortie de mon lit avant ce matin ! Du coup, voilà celui d'hier, et je vous mets aussi celui d'aujourd'hui...


De deux choses l'une : quand Félix se réveille le lendemain matin, Elise est allongée par terre, étalée de tout son long sur le tapis, mais il a aussi un mal de dos exécrable d'avoir dormi assit.

Il pousse un grognement félin en se redressant et s'étire en levant les bras. Sa coéquipière se réveille à son tour, l'esprit encore embrumé de sa nuit, et se retourne, se croyant dans le lit, jusqu'à ce qu'elle se prenne la table basse dans le front.

Elle pousse un grognement plus animal encore, et s'assoit, la main sur le dessus du crâne.

- Je peux savoir pourquoi tu dors par terre ?

- J't'en pose des questions ? râle-t-elle en se relevant.

Il ricane, mais a la grâce de ne faire aucun commentaire, conscient que c'est sûrement de sa faute. Elise fait craquer sa nuque, et soupire.

Félix s'enferme dans la salle de bain, la styliste se laisse tomber sur la chaise de la salle à manger, et le petit déjeuner attendra qu'il revienne. Ce qu'il ne tarde pas à faire, les cheveux encore humides et dégoulinants de sa douche.

Elise le regarde faire, la tête posée dans la paume de la main, totalement absente. Ça y est, son euphorie de la veille est retombée. Ou bien, Félix penche pour une fatigue extrême due à une mauvaise nuit.

Il pose la tasse de café fumante devant elle, et son regard s'allume faiblement.

- Merci.

- De rien.

Il s'assoit sur la chaise juste devant elle, songeur. Depuis quand se connaissent il déjà ? Ah oui, cinq mois. La belle affaire. Dire qu'au départ il devait faire se concours en solitaire, et qu'elle ne le faisait en équipe que pour voir ce que ça allait donner... Félix soupire.

- La journée va être longue.

L'idée d'Elise de faire semblant de ne pas s'entendre avec elle pour coincer le saboteur du concours et que tout le monde soit tranquille a beau fonctionner, Félix se demande comment Adrien arrive a afficher quelqu'un qu'il n'est pas toute la journée sans craquer.

Cette situation l'épuise de plus en plus.

- Tu ne vas pas bien, Félix, retourne te coucher, déclare-t-elle en le regardant au travers de la fumée de sa tasse.

- Pas le temps.

- Bah tu vas le prendre, répond-elle sèchement. Je reste là. Si tu sors de ta chambre, j'appelle Bridgette, c'est assez clair ? demande-t-elle en attrapant le téléphone de son coéquipier.

Elle lui vole également sa tasse, et désigne la pièce du menton.

- Au lit. Maintenant, exige-t-elle.

Il l'observe un moment, en se demandant si elle a toujours eu cette autorité naturelle qu'elle n'affiche devant lui que pour la première fois et se lève.

- Tu vas vraiment le faire ? lui demande-t-il.

- Tu ne m'en crois pas capable ? le défie l'étudiante.

Il soupire.

- Tu as gagné.

Elle le regarde entrer dans la chambre, l'air plus résigné que jamais, et s'allonger dans son lit sans fermer la porte.

S'il est assez fatigué pour ne plus avoir al force de se battre avec elle, elle en déduit qu'elle a prit la bonne décision. Et pour cause, quinze minutes plus tard, Félix dort à poings fermés.

Elle soupire en s'asseyant à côté de lui.

- Que va-t-on faire de toi ?

Elise le regarde dormir un moment, avant de se pencher en avant sur l'extérieur du lit, les coudes sur les genoux, et la tête entre ses paumes.

En rencontrant Félix, elle a fait une croix sur presque tout ce qui l'inquiétait dans la vie et chez les autres, tout en s'améliorant. Il n'y a jamais eu de points négatifs. Elle a progressé à tous points de vues, et elle se sent mieux dans sa vie.

Mais est-ce que sentiment de sécurité va rester ? Ils vont travailler ensemble après, mais il travaillera pour elle, et non réellement avec elle, ce sera différent. Et est-ce que parce qu'ils travailleront ensemble elle ne pourra plus venir chez lui autant ? Ou lui chez elle ?

Félix se tourne vers elle dans son sommeil.

Ce n'est pas dans si longtemps que ça, que le concours se termine. Il ne leur reste que deux mois. Et le temps passe de plus en plus vite.

Même s'ils ont objectivement terminé, elle ne peut pas s'empêcher de penser à après. Même son propre diplôme ne l'intéresse pas. Et en plus...

Rien de son évolution personnelle ne peut venir que d'elle même. Tout ce qu'elle a fait ces derniers temps, c'est grâce à Félix, Bridgette, Marinette, Adrien, Céline, et maintenant Eliott. Ce ne sont pas réellement ses victoires à elle. Et elle trouve ce fait frustrant.

Son coéquipier bouge encore et ce n'est qu'une fois qu'il s'arrête qu'elle se rend compte qu'il s'est recroquevillé autour d'elle, les sourcils froncés.

- Il a le sommeil bien trop agité pour se reposer correctement.

Elise l'aime beaucoup. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas compté sur quelqu'un comme ça.

- Encore des idées noires... ça aussi, ça faisait longtemps...

Elle reste courbée en avant, et se laisse sombrer dans le fond de son esprit lentement. Perdue dans ses pensées, elle peine à en sortir quand Félix s'assoit dans son dos, réveillé.

- Hum ? Déjà ?

Il la dévisage, inquiet.

- Elise, ça va faire un peu plus de quatre heures que je me suis rendormi. Combien de temps tu as passé assise ici ?

Elle scrute les traits de son visage un moment, puis répond mollement :

- Je crois que ça fait quatre heures, alors.

Elise a les yeux secs, la bouche pâteuse, et de violentes courbatures dans le dos. Elle peine à se lever, étirant un peu sa colonne, et finit par se rassoir, à bout  d'énergie.

Il la tire vers lui et l'aide à s'allonger à sa place à lui, tandis qu'il recule sur celle qu'elle utilise habituellement. La place est encore chaude, et elle s'endort tout de suite, sans même penser à ouvrir la bouche.

Il reste allongé derrière elle assez longtemps pour chauffer la place froide, et soupire longuement.

Il a très bien dormi, et il ne voit pas pourquoi il ne dormirait pas encore un peu. De toute manière, la journée est fichue, et il n'a pas envie de sortir du lit.

Félix la regarde encore un peu avant de soupire encore une fois :

- Mais que va-t-on faire de toi ?

De Fil en AiguilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant