Chapitre 43

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Le réveil d'Elise est moins brutale qu'elle ne l'aurait cru ce matin là : elle est pourtant en retard pour son rendez-vous avec Félix et les mannequins, auquel elle devait de toute façon être en retard pour le show, et Félix est assit à côté d'elle dans son propre lit, avec sa tasse de café à la main.

- Ne pas venir du tout, c'était du génie, finalement. Et c'est pas mal, que tu ne m'aies pas envoyé de message, j'étais vraiment contrarié, et je crois que ça s'est bien vu.

- Je suis désolée...

Il lui tend sa tasse.

- T'inquiète. Tu as l'air vraiment à l'ouest, depuis une semaine. Tout va bien ?

Elle hausse les épaules.

- Je cauchemarde beaucoup, c'est tout.

Il soupire.

- Si tu ne stressais pas un peu, j'aurais fini par me dire que tu n'étais pas humaine, ou que je n'étais pas à la hauteur.

- Qu'est-ce qui te stresse, toi ? demande-t-elle en buvant une gorgée de café.

Il soupire à nouveau.

- Plein de choses. Je pense que c'est en partie parce que je veux que ce soit parfait pour fermer le bec de mon père. Et je ne sais pas du tout à quoi va ressembler ma vie après ce concours. Je sais que tout va bien se passer. Nos tenues sont fantastiques. Mais je ne sais pas si ça suffira pour être tranquille...

- Ta vie après ? relève-t-elle le nez dans la tasse.

Félix rit nerveusement.

- Tu me l'avais assez bien fait remarqué, mais j'ai toujours dépendu de mon père, je ne sais même pas si je peux payer le loyer de mon appartement tout seul, avec un job étudiant.

Elle croise les bras, vexée, la tasse sur les genoux.

- Ce n'est pas un job étudiant, que je te propose, c'est un travail à temps partiel.

- Ah... et quelle est la différence ?

- Le temps partiel, c'est pas les mêmes horaires, et en plus, je peux te faire faire des heures supp'. Et je n'ai pas les mêmes obligations envers toi que si tu étais en contrat étudiant. Et en plus, je peux te garder avec le même contrat plus longtemps, alors que pour l'étudiant, il y a une limite d'âge.

Elle ferme les yeux en rendant la tasse vide, et se rallonge.

- Si tu as peur de devenir adulte, je t'aiderais, y a pas de soucis. Ne t'en fais pas pour ça. Je t'aiderais. Et si tu te fais expulser, tu auras toujours une place dans mon appartement.

- Même si tu es ma patronne ?

- Surtout si je suis ta patronne. J'adorerais avoir un œil sur tout et pouvoir te râler dessus toute la journée.

- Vraiment ?

Il sourit doucement, et elle sourit à son tour.

- Pourquoi tu ne pourrais pas ?

- Parce que tu seras ma patronne.

- Ouais... je sais, soupire-t-elle en s'allongeant sur le dos. Et je n'ai pas très envie de t'embaucher si on ne peut plus être comme on est maintenant, avoue-t-elle. C'est très égoïste, mais...

- Je comprends, la coupe-t-il.

Il pose la tasse sur la table de chevet, et s'allonge sur le dos à côté d'elle.

- J'aimerais aussi continuer ça. Je me sentirais trop seul sans toi.

Elle pose sa main de manière théâtrale sur sa poitrine et dit :

- Tu veux me tuer, ou ...?

Félix éclate de rire et elle le regarde faire.

Lui pose son bras sur ses yeux en se calmant, et elle sourit doucement.

- Tu es mieux maintenant que quand je t'ai rencontré. Tu étais bien plus guindé.

- Guindé ? Tu étais pareille, je te signale.Pourquoi tu crois que personne ne venait te voir ?

- Parce que j'avais une sale réputation, que je traine toujours.

- Les gens sont stupides.

- C'est vrai. Mais pas toi.

- Bien sûr, répond-il laconiquement, je suis parfait.

- Je suis parfaitement sûre que ce n'est pas le cas, répond Elise en se tournant vers lui.

Il s'installe face à elle, un bras sous la tête, et hausse un sourcil, amusé.

- Vraiment ? Pourtant je suis idéal.

- Ton corps est idéal, pas ton caractère.

Elle éclate de rire :

- Eh oui, je suis comme ça. Je ne suis pas particulièrement attiré par ton corps, si ça peut te rassurer.

- Par mon corps ? Pas particulièrement ? Sérieusement ? Avoue que j'ai quand même un peu de charme. Non ?

- Qui t'a dit une chose pareille ?

- Ma dernière petite amie.

- Tu as déjà eu une petite amie ?

Il hausse le deuxième sourcil.

- Et qui j'aurais sorti de cette baignoire si ce n'était pas une petite amie ?

- Une fille de passage, une amie, quelqu'un que tu aurais sauvé d'une noyade en passant par hasard dans l'appartement...

Il sourit.

- D'accord. Je n'ai jamais sorti personne d'autre de cette baignoire-ci à part toi. Et certainement pas mon ex, nous ne sommes restés ensemble que deux semaines. Je n'étais pas assez "impliqué" dans notre relation.

- Ouch. Le fameux.

- Ouais...

- Tu ne l'étais vraiment pas, ou tu étais dans l'état dans lequel je t'ai rencontré ?

- Les deux. Je... je crois que je ne faisais pas assez attention à elle. Mais je ne suis pas très tactile, c'est comme ça. Et ça ne voulait pas spécialement dire que je ne pensais pas à elle. C'est vrai que je n'ai pas été très démonstratif. Adrien et les autres ne sont même pas au courant.

- Tu n'as pas d'expérience, ou tu as toujours été comme ça ?

Il grommelle.

- J'avais autre chose à faire quand j'étais ado que de devenir un playboy.

Elle sourit.

- Je comprends. Même moi je n'ai eu qu'une seule relation. Et ça n'a pas duré deux semaines. Seulement une. Arrivé au week-end, il m'a lancée qu'une fille qu'on ne peut pas toucher, ça ne sert à rien.

Il éclate de rire.

- Je vois bien le genre.

- Je n'aimais pas qu'il me touche, je trouvais ça lourd. Sérieusement, je ne le sentais pas. Et honnêtement, c'était un connard.

- Moi, elle était gentille.

- La chance ! J'aurais aimé que ce soit quelqu'un de gentil.

- C'est quoi ton genre ?

Elle le regarde très sérieusement :

- Toi.

Il éclate de rire.

- Ma pauvre.

De Fil en AiguilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant