Chapitre 9

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Deux jours plus tard, Félix reçoit un appel de Bridgette. Il est à peine décroché que l'ancienne héroïne lui demande qui est la fille avec laquelle il va travailler pour le concours.

- Avant j'avais une vie privée. Maintenant, ils ont rencontré Bridgette, pense-t-il en avisant une photographie de Marinette et Adrien, l'une des rares photographies de l'appartement.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Tout ! Comment elle s'appelle ? Elle est gentille ? Vous vous voyez quand ? Vous bossez bien ensembles ? Et tu crois...

Il soupire.

- Pour commencer, elle s'appelle Elise, la coupe-t-il. Je la vois tout à l'heure, on ira travailler chez elle après être passés chez moi. Les sélections sont dans quelques jours. On a besoin de s'entraîner.

Il se permet de raccrocher avant que son amie ne repose la moindre question et pose son téléphone sur la table de la salle à manger dans un ultime soupir.

Il est déjà fatigué à peine levé.

Quand Félix passe la porte de l'appartement d'Elise, il est forcé de constater qu'elle n'était effectivement pas à une machine à coudre près. Deux appareils branchés les attendent installés sur la table de la salle à manger, sûrement aussi salon, et empiétant légèrement sur la cuisine.

- C'est toujours comme ça, ici ?

- J'ai besoin d'avoir de l'espace pour travailler.

- Mais tu travailles à ce point-là ?

Elle se contente d'hocher la tête.

- Je propose qu'on tente de travailler sur le croquis que nous avons fait hier. C'est celui pour lequel j'ai le plus de matériaux, et pour lequel mes couleurs correspondent le mieux.

Félix acquiesce, retire son manteau, et le laisse sur le dossier de ce qui sera certainement sa chaise de travail.

Il ressort par la même occasion le croquis dont Elise parlait il y a encore une seconde, et rapidement, ils s'installent. Ils ne bataillent pas longtemps sur quels tissus utiliser, et Félix reconnait aussitôt le logo d'une boutique dans laquelle Marinette va elle-même acheter les tissus dont elle a besoin lorsqu'elle veut prendre une bonne qualité.

De son propre point de vue, ce n'est pas une excellente qualité. S'il devait la comparer à quelque chose, se serait les vêtements de marques de prêt à porter. Mais ils sont souples et fins, ce qui n'est pas négligeable, quand on travaille sur plusieurs épaisseurs comme ils vont le faire.

- Tu sais couper ?

- Oui.

Sûr de lui avoir déjà dit, il se contente de remonter définitivement ses manches, et d'ajuster son épingle à cravate de sorte que ledit tissu ne tombe pas devant son veston.

- Tu t'habilles toujours comme ça ?

- Oui. Toi aussi, fait-il remarquer en déroulant le premier tissu.

C'est un vert d'eau en synthétique. Il lève le ciseau, après avoir bien lissé le tissu sur la table et s'être positionné sur l'espace de découpe, il commence doucement son travail.

- Qu'est-ce que tu fais ?

La voix d'Elise le fige.

- Je coupe.

- Sans tracer ?

Il retient un ricanement :

- Ouvre grands tes yeux.

De Fil en AiguilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant