Chapitre 44

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Adrien n'a pas vu son frère depuis plus d'une semaine. Et Elise n'est pas sortie de son atelier de travail non plus.

Ils cherchent tous les deux à s'occuper le plus possible pour tuer le temps, sans se rendre compte qu'ils se tuent petit à petit à la tâche.

Ce n'est que lorsque la styliste arrive sur le pas de sa porte, avec une brique de jus de pomme, qu'il se rend compte qu'il n'a pas vu grand monde dernièrement.

Il la laisse entrer, peu habitué à ce qu'elle frappe, et ils s'installent tous les deux dans le canapé, leur verre de jus dans les mains.

- J'aimerais passer plus de temps avec toi, si tu as le temps. On pourrait faire quelques boutiques pour tissus, ou ce genre de choses ? propose-t-elle.

- Ils sortent une biographie d'un auteur que j'adore au cinéma, ça te dit ? On pourrait faire les tissus avant ou après. Ça jouerait une journée de pause entière.

- Ça me va. C'est quoi le titre du film ?

- Arthur.

- Oh, j'en ai entendu parler. C'est un auteur anglais, non ?

Il acquiesce.

- Ouais.

Il ne porte pas sa cravate, ni s'est coiffé les cheveux, et Elise ne peut s'empêcher de lui dire :

- Même si je suis d'accord avec le fait que les chemises sont super confortables, je te préfère de loin sans ta crête si ça te donne l'air aussi serein de ne pas la porter. C'est d'ailleurs pour ça que la tenue que tu vas porter pour le défilé te va si bien.

- Il y a pourtant une cravate, répond-il.

- Mais pas le même genre que ce que tu portes. Je le sais, c'est moi qui l'ai faite.

Il sourit doucement.

- C'est vrai. Et Je sais que tu sais ce que tu fais.

Elle hausse les épaules.

- Mieux que personne.

- Tu es douée. Heureusement que tu sais ce que tu fais.

- La flatterie ne marche pas avec moi, tu sais.

Il boit son verre d'une traite avant d'en fixer le fond.

- Ce n'est pas de la flatterie. Je ne suis pas ce genre de personne.

- Oh, et tu es quel genre ? demande-t-elle en buvant une gorgée.

- Le tien ? dit-il narquoisement.

- Oh oh, bien joué. Mais ne retourne pas mes paroles et mes actes contre moi.

- C'est dingue, je ne te savais pas aussi susceptible, sourit-il en se rapprochant.

Elle fait de même en répondant :

- C'est dingue à quel point le mot "dingue" fait tâche, dans ta bouche.

De Fil en AiguilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant