Chap22-Tyron

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J'assène un nouveau coup de poing dans le sac de frappe puis, un coup de pied. La boxe m'aide beaucoup à canaliser ma colère. Ma colère contre le monde entier. Tout ce que je sais faire, c'est faire du mal donc autant en faire à un gros sac de frappe. Je frappe de plus en plus fort dans le sac au moment où je m'apprête à délivrer un nouveau coup, je sens une douleur au cœur. Malgré ça je continue je frappe encore et encore. Si je n'arrive pas à supporter les douleurs physiques alors, je ne peux qu'être consumé par mes souffrances mentales. La douleur s'accentue un peu plus mais, je résiste je n'accorde aucun répit à ce sac de frappe. Et là je me retrouve à genoux par terre j'ai mal mais je continue à frapper dans ce putain de sac jusqu'à ce que je m'avoue vaincu. Je crie et mon hurlement semble avoir résonné assez fort pour que Hélène débarque dans la salle de sport.

-Mon chéri ça va?
Mon chéri sérieux? Ça c'est du foutage de gueule.

-Tu as besoin de quelque chose? De l'eau? De quoi manger...

-Arrête moi ça! Tu as eu dix-sept ans pour te comporter comme une vrai mère, dix-sept putain d'années pour être présente. Ne crois pas que parce que tu es rentrée un peu plus tôt aujourd'hui que tu vas te comporter comme ci tu te souciais de mon existence!
Je l'interromps en hurlant.

Elle couvre sa bouche de ses mains. Mes mots l'ont s'en doute fait mal mais ce n'est pas elle qui doit subir chaque jour une douleur de merde au coeur.

-Casse toi! Je ne sais pas vas compter le nombre de diamants que tu possèdes, mais fout moi la paix.
Elle ne bouge toujours pas et des larmes commencent à couler le long de ses joues.

Je me relève donc et passe devant elle pour me rendre dans ma chambre. Où j'enfile un jogging, un sweat et des baskets noires.
Je sors de cette maison et monte dans ma caisse. Il pleut je ne sais pas où je vais mais, il ne faut pas que reste dans cette baraque. La pluie qui s'écrase sur mon pare-brise est balayée par les essuie-glaces cette nuit me semble vraiment très sombre. Ça fait un moment déjà que je roule dans les rues de Seattle et sans m'en rendre compte, je me retrouve dans le quartier de la pleurnicharde. Je ne distingue plus rien clairement sous cette pluie mais, je crois apercevoir une silhouette sur le trottoir on dirait un humain putain c'est un humain. Plus je me rapproche plus je distingue la chose. Quand la personne tourne la tête dans ma direction, je suis étonné de reconnaître sous la lumière de mes phares la chialeuse qu'est-ce qu'elle fout sous la pluie? Elle est blessée? Je me gare rapidement eh merde je remonte la capuche de mon sweat et cours vers la jeune métisse au corps trempé.
Quand je suis enfin à ses côtés je m'accroupie devant elle et je remarque qu'elle regarde dans le vide.

-Eh ça va?
Je n'obtiens aucune réponse.

-Ehoh ça va!?
Je répète avec une voix un peu plus forte.

-La rêverie, comme la pluie des nuits, fait reverdir les idées fatiguées et pâlies par la chaleur du jour.
Elle me fait quoi là?

-La pluie est le mot de passe de ceux qui ont le goût pour une certaine suspension du monde.
Okay on est tout les deux trempé jusqu'aux os et elle elle me sort des citations?

-Martin Page.
Elle me jette un regard rapide comme surprise que je m'y connaisse puis, elle se reconcentre sur le vide.

-Il y a, pendant la pluie, une centaine obscurité qui allonge tous les objets.

-Joseph Joubert.

-Pour un poète il ne s'agit jamais de dire qu'il pleut...

-Il s'agit... de créer la pluie. Paul Valéry.
Je termine. Elle ne dit plus rien, ses cheuveux sont trempés ses vêtements mouillés et son regard vide mais elle est si belle. Quoi? Non je n'ai pas dit ça.

Je finie par m'asseoir à ses côtés et à tout simplement observer le vide. Malgré la pluie, malgré le fait que l'on soit assis par terre, ou encore que l'on soit à vingt-trois heures dans une rue déserte, le contraste est étrangement apaisant.
On reste comme ça pendant un bon bout de temps jusqu'à ce que une voiture passe. Ce petit instant a suffit pour nous ramener sur terre. La pleurnicharde se lève tout d'un coup et marche en direction de sa maison. Quoi elle va me laisser en plan?

-Tu me laisses là?
Elle se retourne vers moi et je me lève.

-Tu as bien une voiture rentre chez toi.

-Ma voiture est en panne là.
Je mens.

-Non je ne crois pas.
Je me dirige donc vers ma caisse je fais mine qu'elle ne démarre pas et viens me replanter devant elle.

-Tu vois.
Elle lève les yeux au ciel.

-Bah rentre à pieds.

-Donc tu me laisses rentrer en pleine nuit sous la pluie chez moi seul.

-Jusqu'à là la pluie ne semblait pas te déranger. Et ne me dit pas que le grand Tyron a peur de se faire agresser.

-Tu sais bien que ce n'est pas ça. Tu sais, on risque d'attraper une grippe si on n'entre pas.

-Okay.
Elle capitule et nous entrons dans la maison.

Nos chaussures sont trempés ce qui laisse des traces sur le parquet. Mais elle ne semble pas s'en soucier.

-Faudra que tu t'en aille avant le lever du jour.

-Sans souci.
Elle commence à monter les marches des escaliers.

-Attends tu vas pas me laisser seul si?

-Quoi tu as peur du noir?
Elle m'énerve avec son sarcasme à la con.

-Arrête. C'est soit tu restes avec moi, soit je te suis dans ta chambre.
Et elle sait que j'en suis capable.

La pleurnicharde continue de monter les marches.

-Eh.

-Si toi tu ne veux pas de couverture moi j'en veux une.
Je lève les yeux au ciel et la pleurnicharde disparaît à l'étage.
Durant son absence, je me balade un peu dans leur salle de séjour j'aperçois quelques photos d'elle et ses parents. Là elle devait avoir quoi huit ans? Elle sourie mais même là je vois bien que ce sourire n'était pas sincère. Ne me dîtes pas qu'elle est comme ça depuis son enfance?

-J'en ai pris une pour toi aussi et j'ai mis le chauffage en marche.
Dit-elle en entrant dans la pièce.

-Okay.

-Ça t'arrive souvent de dire merci?

-Non.
Elle secoue la tête et me tends une couverture puis s'installe au pieds du canapé.

Je l'y rejoins et nous sommes là recouvert par les tissus qu'elle a apportée. J'avoue que ça réchauffe un peu. Mais il y a toujours ce silence glacial.



*********
Imaginez les deux avec leurs couvertures trop cute!

SECRET SUFFERING• Tome1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant