Chap41-Kayla

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-Il faut que je rentre chez moi.
Et là je vois les yeux du beau métisse perdre de leur lueur.

-Hum okay.
Il passe devant moi direction la sortie.

Je ne sais pas à quoi il joue. Toutes ces sorties, tous ces regards insistants. Je ne comprends pas, et le pire c'est que moi j'aime ça. J'essaye du mieux que je peux de rester ferme et impassible mais, je sais que à tout moment je pourrais flancher face à ce mec aussi intrigant que chiant.
Après avoir dit au revoir à celle qui était censée être notre guide, et qui pourtant a été absente la majorité de la visite, on monte dans la voiture direction chez moi. Il n'y a pas eu un quart de rapport avec notre disserte tout le long de cette après midi mais, j'ai apprécié voir tous ces animaux et franchement je ne regrette pas d'être montée dans cette voiture quand comme à son habitude (sa sale habitude d'ailleurs) il m'a ordonné de le faire.

-Merci pour cette sortie.
Je lance en sortant de la voiture.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, et me précipite vers ma maison. J'entre et je sens la douce odeur des lasagnes me chatouillant les narines. J'en bave presque. Avec tout ce qui s'est passé aujourd'hui j'ai complètement oublier de manger. Et là je suis obligée de dîner avec eux sinon, je risque mourir de faim.

-Bonsoir ma chérie!
S'exclame ma mère quand je pointe le bout de mon nez dans la cuisine.

C'est moi ou depuis que John est là elle travaille moins?

-Bonsoir. Il n'est pas là?

-Non il est allé régler quelques affaires à son travail.

-Okay.

Je m'apprête à sortir de la cuisine quand ma mère ajoute:

-S'il te plaît ma chérie dîne avec nous ce soir fait le pour moi.
Elle dépose son couteau et me fixe.

-Comment tu peux faire comme si il ne nous avait pas abandonné pendant sept ans?
Il fallait que ça sorte.

-Mon cœur, tu comprendras quand tu seras plus grande.
Je rêve ou elle me parle comme si j'étais encore un enfant?

Je n'ai pas le temps de débattre avec ma mère sur ce sujet, pour l'une des rares fois de ma vie je viens de passer un bon moment et je préfère garder ces souvenirs en tête. Ce n'est pas un petit dîner qui va me tuer.
Après m'être habillée, j'ai entendu mon père... humhum rectification le mari de ma mère rentrer. La voix de ma mère criant mon prénom vient de résonner dans mes oreilles, il est temps d'aller dîner youpi!
John et ma mère sont assis aux bouts de la table tandis que moi, je suis entre eux du côté gauche. Je n'ai même pas envi qu'on me parle j'ai juste faim. Je me dépêche de me servir puis commence aussi tôt ma dégustation.

-Ma fille est toujours aussi gourmande à ce que je vois.
Glousse l'inconnu.

Je ne dis rien et ça jette un froid. Mieux vaut pour lui que je la ferme.

-Sinon ça va à l'école?
Comme réponse de ma part il obtient un silence.

-Tu t'es fait de nouveaux amis?
Silence.

-Tu as déjà une idée de ce que tu prévois faire plus tard?
Je ne lui réponds pas et prends une grosse bouchée de ma nourriture.

Je sens que ma mère me lance un regard sévère mais je m'en fiche.

-Ça te dit que demain je vienne te chercher après les cours pour qu'on aille je ne sais pas, se balader?
Il insiste en plus.

Je continue de l'ignorer royalement.

-Je suis sûre que ça lui plairait.
Ma mère vient mettre son petit grain de sel.

Je soupire et continue de manger.

-Ma chérie tout ce que je veux c'est rattraper le temps perdu avec toi.
Tu as sept ans de retard.

Je prends ma dernière bouchée et dépose ma fourchette.

-Tu as eu sept ans pour passer du temps avec moi, là maintenant j'ai d'autres priorités. Bonne nuit maman.
Et sur ce je me lève et sors de table.

Mon géniteur reste bouche bée face à ma sortie théâtrale. En même temps que peut-il ajouter? Il sait que j'ai raison. Je le laisse avec sa femme aimante et remonte dans ma chambre. Je me munie de mon roman habituel puis m'assoie contre la tête de mon lit pour reprendre ma lecture.

<<J'essaie de hocher la tête, mais mon corps ne veut pas obéir. Je ne sais pas ce qui ne va pas chez moi, mais à l'intérieur je crie et personne ne peut m'entendre.
Peut-être que je suis en état de choc, après tout. Ce n'est pas si mal comme état.>>

J'ai déjà ressenti ce que Tessa décrit et un peu trop souvent à vrai dire. La fois dont je me souviens le mieux c'est lorsque moi aussi comme Tessa, j'ai vu le corps d'un membre de ma famille sans vie. Sur le moment j'ai crié, puis pleuré mon doudou en main. Je n'ai pas essayé de la toucher car je savais très bien qu'elle était déjà morte.  Après avoir tout lâché en matière de larme, l'immense tristesse que j'ai ressenti a laissé place à un vide incommensurable. Intérieurement je criais à la mort mais personne ne m'entendait, ils ne voyaient que la petite fille ne quittant plus le pieds du lit de sa sœur décédée. Ça a été une grande peine pas seulement pour moi, mais aussi pour mes parents et visiblement eux le géraient mieux que moi. Même si aujourd'hui ma mère pleure à chaque fois qu'on lui parle de ma sœur, elle réussit à gérer. Moi, je suis toujours triste par rapport à sa mort mais, je n'arrive pas à l'extérioriser. Je commence à croire que j'ai aimé le fait de ne plus rien ressentir, d'avoir un grand vide en moi. Mon âme avait complément quitté mon corps pendant quelques jours, mais jusqu'à aujourd'hui seulement une partie est revenue et je ne pense sincèrement pas que la partie manquante, ma partie manquante, reviendra un jour.

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Triste triste :(

SECRET SUFFERING• Tome1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant