L'île aux sombrals.

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3 juin 1968, Amalfi, Italie.

Bellatrix se retournait sous son drap. Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, en dépit de tous les efforts qu'elle avait fourni. Elle aurait pu utiliser un philtre de paix pour se détendre, mais elle n'aimait pas l'effet que cela lui faisait quand elle se réveillait le lendemain matin. Chaque fois, elle avait la bouche pâteuse et les jambes engourdies. Non, il ne semblait rien avoir à faire contre son insomnie passagère. La sorcière soupira et décida de se lever. Elle alla dans sa salle de bain se passer un coup d'eau sur le visage, enfila son peignoir de satin par dessus sa nuisette, ainsi qu'une paire de pantoufles, et quitta sa suite, baguette à la main.

L'immense palace familial était plongé dans l'obscurité. Malgré l'heure tardive, la température était encore bonne, et la douce odeur de la mer parfumait les environs. Bellatrix parcourut les longs couloirs jusqu'à l'un des salons, et s'assit doucement sur un sofa en velours rouge de style napoléonien. La lumière pâle de la lune filtrait à travers les hautes fenêtres cintrées, éclairant légèrement la pièce. Les yeux de Bellatrix se posèrent sur les moulures délicatement travaillées du plafond, sur l'imposant chandelier en cristal en son centre, sur le manteau de marbre brun de la cheminée, sur le buste de Phineas Nigellus Black qui trônait dessus. Elle admira les étagères remplies de reliques en tout genre, parfaitement ordonnées. Elle jeta un coup d'œil au jeu d'échec ancien, placé sur une jolie table en acajou. Elle observa les nombreux portraits accrochés aux murs, représentant ses ancêtres qui, à cette heure, dormaient paisiblement.

- Tu ne trouves pas le sommeil, toi aussi.

Bellatrix sursauta et plissa les yeux pour distinguer la figure qui s'avançait vers elle. Rodolphus prit place à sa droite, les yeux rivés au sol.

- Non, murmura Bellatrix en retour.

Les deux restèrent silencieux un long moment dans la nuit calme, puis Bellatrix prit une profonde inspiration avant de poser la question qui lui brûlait la langue depuis plusieurs jours déjà.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Les yeux sombres de Rodolphus se posèrent sur elle, et elle vit une lueur de panique dans ses yeux.

- Je ne peux pas t'en parler, grinça-t-il.
- C'est lui, c'est ça ? s'agaça Bellatrix. Lord Volde...
- Ne prononce pas son nom, hissa Rodolphus.
- Très bien ! siffla Bellatrix en bondissant sur ses pieds. Comment je dois l'appeler alors ? Mon Seigneur ?
- Un peu de silence ! fit l'un des tableaux.
- Oh la ferme, grommela Bellatrix d'une voix presque inaudible avant d'enchaîner ; c'est complètement ridicule enfin, à qui veux-tu que je répète tes histoires ?

Rodolphus haussa les épaules, prenant soin d'éviter le regard de son amie.

- Dolph... tu me le dirais si tu étais... en danger ou...
- Qu'est-ce que tu racontes ? demanda le sorcier, confus.
- Je ne sais pas, j'ai l'impression que tu as été entrainé de force dans cette histoire et...
- Je suis assez grand pour faire mes propres choix, Bella, répondit Rodolphus avec une pointe d'énervement dans sa voix. Je sais très bien ce que je m'apprête à faire. Je sais très bien quelles sont les conséquences.
- Ce que tu t'apprêtes à faire ? de quoi tu parles ?

Lestrange hésita un instant, puis ferma les yeux.

- Je dois le revoir. Il a insisté sur le fait qu'il voulait que nous finissions nos études avant de commencer à le servir. Dès que nous retournerons en Angleterre, je serai à son service. Il a dit que...

Il secoua la tête, comme s'il se retenait de dire la suite, mais Bellatrix insista :

- Que ?
- Il a ce... ce signe. Une marque, que seuls les sorciers dignes d'être à son service, dans son cercle restreint, portent. Corban m'a montrée la sienne. Elle était sur son avant-bras gauche, le dessin d'un crâne qui...vomit un serpent. Mon père a la même. Même s'il la dissimule habillement, je l'ai vue un matin. Il avait dû oublier de mettre un sortilège de dissimulation dessus.
- C'est pour ça que Corban te disait de te renseigner auprès d'Arsenius... conclut Bellatrix à haute voix.
- Oui.
- Et ? Tu l'as fait ? Tu as interrogé ton père ?
- Non, répondit Rodolphus, les dents serrées. Je suis majeur. Je n'ai pas besoin que mon père sache tout ce que je fais de ma vie.
- Mais... s'il travaille aussi pour Lord V... pour lui... il saura que tu en es également, non ?
- Pas nécessairement. La plupart des mangemorts ne connaissent pas l'identité des autres. Les réunions sont toujours en petit comité. L'anonymat est important, pour l'instant. C'est une façon de se protéger. Il se pourrait très bien que mon père ne sache jamais que je travaille pour la même personne que lui.
- Mangemorts ?
- C'est comme ça que s'appellent les serviteurs du Seigneur des Ténèbres.
- Oh...

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