Chapitre 33.

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- Hey, Bella. Bella, réveille-toi.

Bellatrix ouvrit les yeux en grognant. Elle étira ses muscles endoloris par la position inconfortable dans laquelle elle s'était endormie et leva les yeux vers Rodolphus.

- Je crois que tout le monde s'est couché, chuchota-t-il. Il n'y a plus de bruit.

La sorcière se leva, prenant sa baguette entre ses doigts, et prit une profonde inspiration. Un court instant, elle pensa à Lucius qui allait se réveiller orphelin de mère. Mais la raison la rattrapa rapidement. Elle agissait pour le plus grand bien. Dans son monde, il n'y avait pas de place pour la pitié ; et encore moins pour les ennemis de son Maître.

- Allons-y, finit-elle par dire d'un ton déterminé. Alohomora.

Il y eut un léger déclic, indiquant que le loquet de la porte cédait, et la mangemort entra dans l'appartement, suivie de son complice. L'intérieur sentait la lavande. Des braises encore chaudes fumaient dans la cheminé, et un petit augurey somnolait dans une large cage qui flottait au-dessus du sol. Le vieux parquet grinçait sous les pas des deux intrus qui faisaient de leur mieux pour progresser discrètement à travers l'appartement. Ils dépassèrent la cuisine pour déboucher sur un long corridor, où se trouvaient plusieurs chambres.

- Lance un sortilège de paralysie sur les autres, je m'occupe de Cerda, chuchota Bellatrix. Prends garde de ne pas les réveiller.

Rodolphus acquiesça, et les deux se séparèrent. Bellatrix écouta son instinct qui lui disait de se rendre dans la dernière pièce au fond du couloir. Avançant à pas prudents dans la pénombre, elle finit par ouvrir la porte.

La pièce était assez encombrée, avec un sol couvert de plantes en tout genre. Un lit imposant trônait au centre de la chambre, et deux femmes dormaient paisiblement sous une simple couverture de lin. L'une était brune, avec des cheveux courts en bataille et une peau hâlée. L'autre avait des cheveux blonds presque blancs et une peau albâtre.

Cerda Malefoy avait trente-quatre ans. Née dans la famille Bulstrode, elle avait toujours grandi dans un environnement luxueux. Néanmoins, Bellatrix ne se souvenait pas avoir un jour vu la femme heureuse. Cerda avait perdu son père très tôt, avant même qu'elle n'aille à Poudlard. La mère de la fille avait dû vendre toutes leurs résidences secondaires afin de maintenir un train de vie élevé, et l'avait fiancée à un des héritiers Malefoy dès que l'enfant avait été en âge d'être promise à un homme. Sans grande surprise, le mariage s'était révélé désastreux. La seule chose correcte qu'ait fait madame Malefoy dans sa vie, c'était sûrement de donner naissance à Lucius. Depuis, elle menait une vie frivole, et son mariage était connu pour être le plus ridicule de toute la communauté des sangs purs.

Alors, quand Bellatrix lança un sortilège de mort en sa direction et que la femme arrêta de respirer, elle se sentit plus soulagée qu'autre chose. Elle venait de faire une bonne action.

Avant de partir, la jeune sorcière pointa une dernière fois sa baguette vers le corps sans vie de Cerda Malefoy.

- Corpus evanesco.


****


25 juillet 1969, Manoir Malefoy, Wiltshire.


- Rowle, veux-tu bien nous lire la une de la Gazette ? ordonna Voldemort.

Bellatrix sourit. À son retour d'Italie, elle avait directement annoncé la nouvelle de la mort de Cerda Malefoy à son Maître. Et ce dernier l'avait dignement récompensée. Bellatrix s'était réveillée recroquevillée contre lui, après une nuit de passion ô combien intense et délicieuse.
Rodolphus n'avait pas osé posé de questions, et désormais, le couple Lestrange était assis côte à côte à la table de réunion du manoir Malefoy, entouré d'autres mangemorts et de leur Maître, écoutant les derniers scoops de la Gazette du Sorcier.

- « Disparition inquiétante » énonça Rowle en se raclant la gorge. « Avez-vous vu cette sorcière ? Cerda Malefoy, épouse d'Abraxas Malefoy, a disparu dans la nuit du 23 juillet. En voyage en Italie avec leur fils unique, il semblerait que la sorcière n'ait prévenu personne de sa destination. C'est son fils, Lucius, âgé de quatorze ans, qui a signalé sa disparition le lendemain en faisant parvenir une lettre à son père, expliquant la situation. Alors que le jeune garçon est rentré en Angleterre avec son père, la mère de l'enfant demeure absente. Si vous avez la moindre information sur la position de madame Cerda Malefoy, veuillez immédiatement contacter le Bureau des Aurors le plus proche ».

Voldemort parcouru l'assemblée du regard, et Bellatrix sut qu'il était en train d'analyser les réactions de ses serviteurs. Puis, un léger sourire se dessina sur ses lèvres fines et, sans la regarder, il s'adressa à l'unique femme présente autour de la table.

- Bella, peux-tu nous dire ce qui est arrivé à madame Malefoy ?
- Bien sûr, Maître, répondit aussitôt la jeune sorcière avec enthousiasme. Madame Malefoy, avant son départ, a affirmé ne plus être un soutien de notre cause. Elle s'est déclarée ennemie de notre Maître et Seigneur en exprimant son souhait de le voir quitter le manoir. Lorsque monsieur Malefoy lui a fait comprendre qu'elle faisait une grave erreur, elle est partie, emmenant Lucius avec elle. En faisant cela, madame Malefoy a signé sa propre fin, et a obligé notre Maître à prendre les mesures nécessaires. Non seulement madame Malefoy a kidnappé son propre fils, mais elle nous a tous trahi. Rodolphus et moi l'avons localisée, et l'avons éliminée afin que tous comprennent la gravité de ses actes.

Un murmure d'approbation s'éleva dans la salle. Les dix mangemorts présents comprenaient que leur Maître n'avait pas eu d'autre choix que de faire disparaître Cerda. Même Abraxas ne semblait pas y voir d'inconvénient.

- Lorsque les gens commenceront à poser des questions sur la raison de sa disparition, je veux qu'il sache qu'elle a subi le sort qui sera systématiquement infligé à ceux qui se mettent en travers du chemin du Seigneur des Ténèbres. Je veux qu'on sache ce qu'elle a fait, qu'on sache à quel point elle a manqué de respect à son Maître, et qu'elle en a payé le prix. Nous avons sauvé Lucius du déshonneur en le séparant d'une mère indigne d'un aussi bon garçon. Il saura comprendre ça, et tout le monde devra le comprendre également. Nul besoin de dire que Cerda n'est plus, les gens le devineront par eux-mêmes. Nul besoin non plus de préciser que c'est ma plus jeune servante qui s'est chargée d'une mission aussi délicate, même s'il est vrai qu'elle mérite de nombreuses louanges... autant que notre ami Rodolphus, bien sûr, qui a accompagné miss Black et dont l'aide, j'en suis certain, a été grande...

Tout le monde regarda Voldemort avec confusion, et Bellatrix voulut disparaître sous terre. Il venait de l'appeler par son nom de jeune fille devant son époux, et devant tous ses servants.

- Nous obéirons toujours à vos ordres, mon Seigneur, intervint Rodolphus. C'est un honneur pour Bellatrix et pour moi-même de vous servir. Il est regrettable que nous ayons dû prendre de telles mesures, mais Cerda a précipité sa propre fin. Elle est entièrement responsable de sa propre disparition. Vous n'avez fait que rétablir l'ordre, de la façon la plus appropriée possible.
- Hmm, fit Voldemort en soupesant son soldat de regard. Prenez donc exemple sur les Lestrange, vous autres. Ils sont l'idéal même de notre cause.

Il s'arrêta ensuite pour regarder Bellatrix.

- Je crois que la nouvelle génération a en effet beaucoup à vous apprendre... Disposez maintenant. Je vous contacterai via votre marque pour la prochaine réunion.

Tout le monde se leva d'un seul homme et se dirigea vers la sortie. Bellatrix trottina pour rattraper Abraxas, qui avait été le premier à s'éloigner.

- Monsieur Malefoy !

Celui-ci se retourna, et fit un sourire figé à la petite brune.

- Madame Lestrange, répondit-il.

Il avait l'air fatigué, remarqua la jeune mangemort. Comme s'il n'avait pas dormi depuis des jours.

- Comment se porte Lucius ? demanda Bellatrix d'un ton compatissant.

Abraxas regarda autour de lui, et attendit que les derniers hommes s'éloignent pour répondre.

- Je n'ai jamais aimé Cerda, sa mort ne me touche pas, répondit-il d'une voix grave. Mais Lucius... il est mon unique héritier. Il est ma chair et mon sang... le pauvre n'a aucune idée de ce qui est arrivé à sa mère. Je n'ai eu ni le courage ni l'autorisation de lui dire. Il pense qu'elle va revenir, comme elle le faisait à chaque fois. Il a gardé sa baguette... il est certain qu'elle sera là d'ici peu, parce qu'il sait que Cerda ne pourrait pas supporter une journée entière sans sa baguette.

Bellatrix savait qu'elle aurait dû ressentir de la peine pour Lucius. Après tout, il venait de perdre sa mère. C'était encore plus tragique quand on savait qu'il espérait encore la revoir. Mais elle ne ressentit rien. Peut-être était-ce pour le mieux.

- Nous avons fait ce qu'il y avait à faire, monsieur Malefoy. Tout est la faute de Cerda. Quand Lucius le comprendra, elle ne lui manquera plus. Il ne la verra que comme une traitresse.

Abraxas haussa les épaules, et fit un sourire triste à Bellatrix.

- Lucius est fort, et il a la tête sur les épaules. Il devra accepter le sort de sa mère, peu importe ce qu'il en pense. Aucun autre Malefoy ne trahira notre Maître.

Bellatrix acquiesça en retour, et adressa un dernier au revoir au maître de maison.


****


27 août 1969, Chemin de Traverse, Londres.


- Livre des sorts et enchantements de Miranda Fauconnette... Les Animaux Fantastiques de Newt Scamander... il me manque un dictionnaire de runes, dit Narcissa.
- On en a un à la maison, nota Bellatrix.
- Oui mais il est usé, rétorqua la jolie blonde en levant les yeux au ciel. J'en veux un nouveau.

Bellatrix soupira. Elle regrettait déjà d'avoir accompagné ses sœurs faire les courses pour leurs fournitures scolaires. Elle suivit Narcissa chez Fleury et Bott d'un pas trainant. Pendant que la plus jeune farfouillait entre les grandes étagères, l'aînée flânait parmi les tables où des grimoires en tous genres étaient entassés. Soudain, un bruit de clochette indiquant une nouvelle entrée la tira de ses rêveries, et Bellatrix jeta un rapide coup d'œil en direction du nouveau client.

Cliente.

C'était une femme. Sa peau était très bronzée, et de longs cheveux bruns ondulaient en cascade sur ses reins. Bellatrix ne pouvait pas voir son visage, mais elle lui semblait étrangement familière. Son cœur se mit à battre la chamade, et son souffle s'arrêta lorsque, à pas hésitants, elle s'approcha de la sorcière.
Elle tendit une main tremblante vers elle, et posa doucement ses doigts sur son épaule, avant de murmurer :

- Obara ?

La sorcière fit volte face, se retrouvant nez à nez avec Bellatrix.

Et Bellatrix se sentit plus stupide que jamais. Comment avait-elle pu croire que...
Cette femme n'était pas Obara. Elle avait des yeux noisettes, un nez grec, des joues rondes et des sourcils broussailleux. La cliente lança un regard déconcerté à Bellatrix avant de s'éloigner en marmonnant.

- C'est bon, j'ai trouvé ce qu'il me fallait, on peut aller retrouver Dromeda, fit la petite voix de Cissy qui rejoignit Bellatrix et se figea net en voyant la tête de sa sœur. Bella, t'es sûre que ça va ? Tu es pâle comme un linge...

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