Chapitre 44.

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26 mai 1976, Château Lestrange, Oxfordshire.


- Joyeux anniversaire, mon amour.

Bellatrix ouvrit lentement les yeux, savourant l'étreinte matinale de Rodolphus. La lumière du soleil filtrait faiblement à travers les rideaux de leur chambre, et le visage de son époux était juste assez éclairé pour qu'elle en discerne les contours.

- Bonjour toi, répondit-elle d'une voix encore étranglée par le sommeil.

Rodolphus déposa tendrement un baiser sur son front, avant de se redresser et d'aller chercher quelque chose à l'autre bout de la pièce. Bellatrix s'étira et s'adossa contre la tête de lit, observant son époux qui revenait vers elle avec une boite entre les mains.

- Un cadeau ? demanda-t-elle en penchant légèrement la tête sur le côté.
- Le premier, répondit Rodolphus avec un sourire fier.
- Ne me dis pas qu'il y en a plus d'un, rétorqua Bellatrix en levant les yeux au ciel, feignant d'être scandalisée.
- Vingt-cinq ans, ça se fête, affirma le sorcier. Allez, ouvre-le.

Bellatrix émit un petit rire, avant d'obéir volontiers et d'ouvrir la boite.

- Oh...

C'était une photo, encadrée dans un superbe cadre d'argent. Elle représentait Bellatrix et Rodolphus, quelques années auparavant, discutant l'un avec l'autre. Ils n'avaient pas l'air au courant d'être sous l'objectif, et se regardaient avec des yeux remplis d'amour. Bellatrix riait, et Rodolphus la regardait avec une fierté non dissimulée. C'était une scène ordinaire et, pourtant, elle exprimait avec une grande justesse comment fonctionnait leur couple. Ils semblaient être les meilleurs amis du monde, parce que c'est ce qu'ils étaient.

- C'est Cissy qui avait pris cette photo, précisa Rodolphus. Pâques 1974.
- Mes cousins s'étaient disputés ce jour là, se rappela Bellatrix. Andromeda avait dû les séparer avant que ça n'explose en duel devant tous les invités. C'était une bonne journée.

Rodolphus acquiesça, le sourire aux lèvres.

- Cela fait longtemps que nous n'avons pas eu de mauvaise journée, remarqua-t-il.

Bellatrix ne répondit rien. Il était vrai que tout allait pour le mieux ces derniers temps. Lucius, entré dans les rangs il y a quelques années, venait d'être promu au Conseil d'Administration de Poudlard. Rabastan avait montré qu'il était tout aussi bon soldat que son frère, et avait amplement mérité sa place dans le cercle restreint de Lord Voldemort. La Gazette du Sorcier n'en finissait plus de publier des articles à la gloire du Seigneur des Ténèbres, et la population était trop terrifiée pour agir.
L'armée des Ténèbres affirmait sa puissance en attaquant sans relâche l'opposition, diffusant la terreur dans tout le pays. Lord Voldemort avait créé un système qui permettait de faire connaître leurs agissements de façon systématique. À chaque mission, les mangemorts devaient lancer la Marque des Ténèbres dans le ciel. De cette façon, tout le monde savait par où ils étaient passés, et les gens étaient trop apeurés pour oser s'approcher des lieux de crime. Parfois, la Marque était laissée avant un meutre, afin de repéré l'endroit. D'autre fois, elle était déposée après. Dans tous les cas, ce n'était rien d'autre qu'une démonstration de force, un avertissement pour ceux qui refusaient de se plier aux règles du Seigneur des Ténèbres.

Et Bellatrix et Rodolphus n'avaient jamais autant été dans ses bonnes grâces. Ils étaient arrivés à un tel niveau qu'ils se chargeaient parfois eux-mêmes des logistiques, assignant les missions à tel ou tel mangemorts, préparant les plans d'attaques, gérant les flux d'argent avec Cygnus Black, ou la répartition des espions au Ministère avec Corban Yaxley.

Néanmoins, plus le pouvoir du Seigneur des Ténèbres grandissait, plus le Ministère répondait violemment. Les aurors étaient de mieux en mieux entrainés, rivalisant avec des mangemorts qui excellaient pourtant en duel. Leurs ripostes étaient de plus en plus fréquentes, de plus en plus violentes. Pour dire, ceux-ci n'hésitaient désormais plus à avoir recours aux Impardonnables. Ce changement avait d'ailleurs causé plusieurs pertes au sein de l'armée des Ténèbres.

Arsenius Lestrange, par exemple.

Alastor Maugrey, le fils de l'auror assassiné quelques années plus tôt par Bellatrix, lui avait lancé un sortilège de mort en l'attaquant par derrière, avant de transplaner comme un lâche. Rodolphus et Rabastan s'étaient juré de le retrouver, et de lui faire connaître une souffrance telle qu'il en perdrait la raison.

Bellatrix avait hâte que ce jour arrive. Elle n'avait jamais apprécié Alastor, de toute manière.

- Prêt à affronter une nouvelle journée ? finit-elle par dire, et Rodolphus acquiesça avec entrain.


****


- Bon anniversaire, Bell's !
- Merci Rab, répondit l'intéressée.

Rabastan venait d'arriver dans la salle à manger où Rodolphus et Bellatrix prenaient déjà leur petit déjeuner. Il fut rapidement rejoint par une quatrième personne, qui adressa également ses vœux à la mangemort.

- Merci, Victoria.

Victoria Yaxley, maintenant Victoria Lestrange, avait été mariée à Rabastan en 1972, peu de temps après qu'il soit entré dans les rangs de Lord Voldemort. Depuis, elle vivait au Château Lestrange, et la famille ne cessait de s'agrandir puisqu'elle était enceinte de leur premier enfant, au plus grand bonheur de Mérida qui attendait désespérément le petit-fils que Bellatrix n'était pas prête de lui donner.

- Comment ça va ? demanda cette dernière.
- Il est intenable, répondit Victoria qui était à la fois rayonnante et incroyablement fatiguée. Je crois qu'il ne veut pas laisser sa maman dormir. Il bouge dans tous les sens, je n'ose pas imaginer ce que ça va donner une fois qu'il sera parmi nous.
- Un petit animal nocturne, eh ? plaisanta Rabastan avec un air emprunt de fierté. Il sera comme son père, c'est certain.
- Tu veux dire qu'il aura l'humour le plus lourd du monde où qu'il sera mauvais perdant ? lança Rodolphus.
- Eh, je ne suis pas mauvais perdant, rétorqua Rabastan en menaçant son frère avec son couteau à beurre. Tu as triché l'autre fois, et je n'aime pas les tricheurs, c'est tout.

Bellatrix et Rodolphus échangèrent un regard, avant d'exploser de rire.

- Il est mauvais perdant, confirma la sorcière avant de rire de plus belle.


****


Manoir Malefoy, Wiltshire.


- Mon Seigneur...

Voldemort regarda par dessus son journal, et fit signe à l'homme de s'asseoir.

- Abraxas. Qu'est-ce qui t'amènes ?
- Je crains avoir...de mauvaises nouvelles, dit le mangemort. Nous avons reçu une lettre de Corban Yaxley ce matin et il pense que le Bureau des Aurors prévoit de nouvelles attaques.

Le mage noir fronça les sourcils. Il avait déjà perdu plusieurs de ses soldats à cause des aurors, il ne pouvait pas se permettre de se laisser surprendre par de nouvelles représailles.

- Que savons-nous sur ces attaques ?
- Nous savons qu'ils ont entrainé des commandos spéciaux, une sorte d'élite d'aurors formés pour tuer, et dirigée par Maugrey. Le Ministre de la Magie, Harold Minchum, les a autorisés à tuer à vue. Ils ne cherchent plus à seulement nous envoyer à Azkaban, mon Seigneur. Ils cherchent à nous éliminer. Je... j'ai eu plusieurs retours de la part de mes confrères... certains craignent pour la sureté de leurs familles. Ils pensent que les aurors n'hésiteront pas à s'en prendre à leurs proches si cela les aide à nous déstabiliser.
- C'est ce qu'ils pensent ?
- L'épouse de Corban, Maisie, et leur fille de trois ans, Cordélia, se sont faites agressées en plein centre-ville la semaine dernière, Maître, rappela Abraxas, l'air grave. Il semble que la population mette tous les sangs-purs dans le même sac. Ce n'est qu'une question de temps avant que les autorités n'adoptent le même comportement.
- Qu'en est-il des agresseurs ? Nous ne pouvons laisser ce genre de racaille impunie, dit Voldemort d'une voix glaciale.

Abraxas se racla la gorge.

- Morts, mon Seigneur. Bellatrix Lestrange a mis le feu à leur appartement à Godric's Hollow il y a quatre jours.
- Ah. C'était donc ça. Très bien.

L'homme blond soupira, puis, soudain, fut pris d'une quinte de toux atroce. Il toussait si fort que Voldemort s'attendait à ce qu'il crache ses poumons à tout instant, et le bruit qu'il faisait était tout bonnement effrayant. Abraxas, en l'espace de quelques secondes, était devenu rouge cramoisi, et le mouchoir qu'il tenait contre ses lèvres était tâché de sang. Le mangemort mit un moment à reprendre ses esprits, et il garda les yeux rivés sur ses genoux lorsqu'il bredouilla ses plus plates excuses.

- Depuis combien de temps es-tu dans cet état, Malefoy ?
- Deux semaines environ, Maître, répondit Abraxas. Mais je vous assure que tout va pour le mieux.

Voldemort observa son serviteur. Tout n'avait pas l'air d'aller pour le mieux, loin de là. Son teint était extrêmement pâle, presque verdâtre, à l'exception de cernes violacés qui se dessinaient sous ses yeux clairs. Le maître de maison avait connu de meilleurs jours.

- Par Merlin, Abraxas, à quoi joues-tu ? Consulte un médicomage avant de refiler ton mal à tout le manoir. Je n'ai pas envie que mon armée soit terrassée par un virus parce que l'un de mes soldats a refusé de recevoir un traitement.
- Très bien, mon Seigneur.

Le Seigneur des Ténèbres se leva pour aller chercher une lourde pile de documents qu'il parcourut un instant avant de sortir une fiche qu'il transmit à Abraxas. Le sorcier parcouru la feuille, l'air intrigué, avant de lancer un regard interrogateur à son Maître.

- Dumbledore forme ses élèves, expliqua Voldemort avec amertume. Nos espions à Poudlard nous ont fait parvenir cette liste de noms. Ils pensent que ces personnes font partie d'un groupe destiné à nous combattre.

Abraxas relu la liste plusieurs fois avant de soupirer.

- Il y a plusieurs sangs purs, releva-t-il. Londubat, Prewett... des traitres à leur sang notoire. Potter ? C'est plus surprenant, mais après... le frère de Charlus a toujours eu des tendances bizarres, qui ne se sont pas arrangées quand il a épousé Euphémia. Leur fils James n'est qu'en quatrième année. Et... il doit y avoir une erreur... Black ? Mon Seigneur, vous connaissez les Black aussi bien que moi. Aucun membre de cette famille ne pourrait...
- Mes espions ont été très clairs, Abraxas, coupa Voldemort d'une voix dure. Le jeune Sirius clame au et fort ses opinions scandaleuses, et protège les sangs de bourbe aussi bien que les loups garous. Sans compter qu'il est affreusement proche de toutes les personnes présentes sur cette liste.
- Oh...je vois, murmura Abraxas, l'air grave. Tout cela est regrettable. Orion est-il au courant ?
- Cela importe peu, mais j'imagine qu'il lui serait difficile d'ignorer un tel comportement. Quoi qu'il en soit, si son fils constitue réellement une menace pour notre organisation, il doit être éliminé.
- Mon Seigneur...puis-je suggérer qu'on essaie d'abord de le ralier à notre cause ? Sa famille est très impliquée dans le mouvement...peut-être qu'ils pourront lui faire entendre raison. Avec la pression de ses parents et de ses cousins, peut-être qu'il comprendra son erreur. Il ne faut pas oublier que c'est un Black. Il serait dommage de gâcher un sang aussi précieux que le sien.

Voldemort observa Abraxas. Peut-être qu'il n'avait pas tord. Peut-être que le jeune Black valait la peine qu'on tente de le sauver de sa propre folie.

- Hmm... j'en parlerai à Bellatrix, dit-il en faisant un geste de la main indiquant qu'il souhaitait changer de sujet. À propos de la mission de ce soir, avons-nous eu des retours ?
- Macnair, Goyle, Yaxley, Lucius et moi-même sommes prêts à vous servir, mon Seigneur, répondit le mangemort. Nous nous retrouverons à l'endroit prévu, en temps voulu. Ce sera un honneur de combattre à vos côtés.
- Les Prewett seront avec leur sœur et l'époux de celle-ci, le Weasley. Leur fils sera très certainement présent également, expliqua Voldemort. Lorsque nous en auront fini avec eux, je veux qu'il ne reste plus aucune trace de leur existence.

Abraxas acquiesça, et un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres.

- Cela fait longtemps que nous désirons nous débarrasser des Weasley. Ils sont une honte pour notre communauté. Je dois vous avouer, Maître, que j'ai hâte de voir leurs visages éclairés par la lumière verte du sortilège de mort que je leur lancerai.
- Ton entrain est admirable, mon ami, répondit Voldemort. J'espère que ta soif de sang sera assouvie ce soir.
- Oh, elle le sera, Maître.

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