- Maître.
Rodolphus l'attendait déjà devant l'immense entrée du château Lestrange. Le mangemort s'inclina profondément devant le mage noir, et, quand il se redressa, Voldemort lut une profonde inquiétude dans son visage.
- J'espère que tu as une bonne raison de m'avoir fait venir ici, Lestrange, siffla Voldemort. Je vous ai ordonné de ne me contacter qu'en cas d'urgence.
- Maître, je crois que...je crois que la situation est pour le moins urgente, répondit Rodolphus d'une voix blanche.
Voldemort remarqua alors que ses yeux étaient gonflés et rouges. Avait-il pleuré ?
- Si vous voulez bien me suivre, Maître, invita le sorcier.
Ils entrèrent dans la demeure, et Voldemort suivit Rodolphus le long des escaliers principaux.
- C'est Bellatrix, Maître, expliqua le jeune homme en continuant de gravir les marches. Elle... cela fait un moment qu'elle n'était pas très en forme et... elle a d'abord refusé de consulter les médicomages. Elle disait qu'ils risquaient de voir qu'elle avait été soumise au sortilège du... enfin. Elle avait des crampes assez violentes, des nausées...
Voldemort déglutit. Cela ne présageait rien de bon. Mais il refusait de croire que Rodolphus Lestrange l'ait appelé pour de simples symptômes dérangeants.
- Lestrange, à moins que ton épouse ne soit au bord de la mort, je...
- Bellatrix est inconsciente, Maître, coupa Rodolphus qui s'était arrêté d'un coup.
Il se tourna vers son Maître. Les muscles de son visage étaient tendus, et tout chez lui indiquait qu'il était dans un état profond de détresse.
- Elle ne s'est pas réveillée ce matin, continua-t-il en tâchant du mieux qu'il pouvait de garder son calme. Quand je suis entré dans sa chambre, je l'ai retrouvée inconsciente sur son lit, dans une marre de sang.
La nouvelle lui fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Voldemort ouvrit la bouche pour répondre quelque chose, n'importe quoi, mais aucun son n'en sortit. Rodolphus acquiesça, et les deux parcoururent les derniers mètres jusqu'aux appartements de Bellatrix en silence.
Ils s'arrêtèrent devant la porte, et Rodolphus se racla la gorge.
- Une de ses cousines, Elisabeth Rosier, est médicomage. Je l'ai faite venir de France pour qu'elle s'occupe de Bellatrix. Elle nous a dit qu'elle avait besoin de repos, et qu'elle allait s'en remettre mais...
Voldemort resta silencieux.
- Nous avons pris toutes les précautions pour que cela n'arrive pas, mon Seigneur, continua Rodolphus dont le visage prenait peu à peu une teinte rouge tomate. Je...je ne suis pas capable de...je ne peux pas avoir d'enfants, Maître.
Voldemort serra les dents, et perdit légèrement l'équilibre. Il ne voulait pas entendre ce que Rodolphus avait à dire.
- Elle était enceinte de cinq semaines, murmura l'homme en regardant le bout de ses chaussures. C'était une fille. Maître, je vous en conjure, si vous voulez nous punir, punissez-moi. Bellatrix n'a rien fait pour que cela arrive. Elle n'a jamais souhaité cela.
Voldemort soupira, puis secoua la tête.
- Je dois la voir, dit-il à voix basse. Seul.
- Bien sûr, mon Seigneur, murmura Rodolphus. Je préviendrai les autres de ne pas entrer dans la suite. Prenez le temps que vous désirez.
Et Voldemort entra.
****
Une lumière douce filtrait à travers les rideaux de sa chambre. Une odeur de jasmin flottait dans les airs, et son lit avait été fait et nettoyé, indiquant qu'on s'était bien occupé d'elle. Et Bellatrix respirait, doucement, paisiblement, endormie.
Voldemort s'assit à côté d'elle, et poussa délicatement une mèche de cheveux qui tombait sur son front. Avait-elle été au courant de sa grossesse ? S'était-elle doutée qu'elle avait porté un enfant cinq semaines durant ? Lui avait-elle caché tout cela ?
- Maître...
Bellatrix ouvrit doucement les yeux et grimaça.
- Doucement, Bella.
Bien-sûr, elle n'écouta pas et se redressa avec difficulté. Voldemort soupira.
- Tu as perdu beaucoup de sang, tu ne devrais pas faire d'efforts.
- Je ne vais pas être traitée comme une handicapée pour... pour...
Il sembla alors qu'elle réalisait tout juste ce qui s'était passé, et ses yeux s'assombrirent.
- Êtes-vous venu pour me tuer, Maître ? demanda-t-elle d'une voix blanche.
- Pour te tuer ?
Bellatrix déglutit.
- Je n'étais pas certaine, d'abord, expliqua-t-elle sans oser regarder Voldemort dans les yeux. J'ai pensé que j'avais attrapé froid, ou que c'était des effets secondaires du doloris...
Voldemort grimaça en se rappelant de la punition qu'il avait infligé à sa précieuse servante pour son insolence.
- Mais, au bout d'un certain temps, il n'y avait plus de doutes possibles... je voulais vous en parler, Maître, je vous le jure, et j'allais le faire mais...je...
- Bella.
Il ne voulait pas en entendre davantage.
- J'avais peur, pour moi, et pour le bébé et... je savais que vous alliez nous tuer et...
- Que j'allais vous tuer ?
Voldemort était bouche-bée. Comment pouvait-elle penser un seul instant qu'il serait prêt à faire une chose pareille ?
Après réflexion, cela n'était pas si étonnant. S'il y avait bien une chose que le Seigneur des Ténèbres devait être capable de faire, c'était de tuer n'importe qui sans la moindre hésitation. Bellatrix n'aurait jamais dû faire exception.
- Je ne pourrais jamais te tuer, dit-il d'une voix inaudible. Pas pour une chose aussi futile. Ce n'est pas ta faute, Bella.
- Ce n'est pas la faute de Rodolphus, mon Seigneur. Si quelqu'un doit être puni, c'est moi, pas lui. Il vous a toujours été fidèle, et il ne vous désobéira jamais. Je suis la seule responsable de cet événement.
Voldemort leva les yeux au ciel. Qu'avaient-ils à toujours vouloir se défendre l'un l'autre, ces deux là ?
- Je suis au courant pour la condition de Rodolphus, dit-il sèchement.
Bellatrix autant que lui savaient ce que cela signifiait. La vie qui s'était éteinte dans le ventre de Bellatrix avait été le fruit de sa liaison avec le Seigneur des Ténèbres. Dans une autre réalité, peut-être, Bellatrix aurait gardé l'enfant, et Voldemort aurait eut un héritier.
Une héritière.
- C'était une fille, murmura-t-il.
Bellatrix se mit à pleurer en silence, et Voldemort saisit doucement sa main, sans même se rendre compte de son geste.
- Je suis désolée, Maître, bredouilla-t-elle. Tout est ma faute. Je l'ai tuée, tout est ma faute.
- Tu n'aurais jamais dû porter cette enfant dans un premier temps, Bellatrix, dit-il fermement, mais en serrant un peu plus sa main dans la sienne. C'était une erreur, qui était très certainement la mienne. Je refuse que tu te crois responsable d'un tel accident. Ce qui est important, maintenant, c'est que tu reprennes des forces pour continuer à me servir. Je crois que vous avez assez attendu, Rodolphus et toi. Le mouvement a besoin de vous.
Un sourire triste orna alors les lèvres de la jeune sorcière, et Voldemort la trouva plus belle que jamais.
- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour être sur pieds le plus rapidement possible, Maître, dit-elle d'une voix forte, ses yeux brillants plongés dans ceux du mage noir. Je ne désire que cela, être à votre service.
- Je sais, Bella, répondit Voldemort avant de déposer un baiser sur sa joue.
Un instant de silence s'écoula dans une atmosphère confortable, et Voldemort ne pensa même pas à lâcher la main de Bellatrix.
- Tu aurais dû m'en parler dès le début, finit-il par dire. Je ne veux plus que tu me caches ce genre de choses. Plus jamais.
- Je n'aurais plus aucun secret pour vous, Maître. Je vous en fait la promesse.
Voldemort soupira, regarda par la fenêtre, puis jeta un regard circulaire à travers la pièce, puis regarda fixement la porte de la chambre.
- Comment l'aurais-tu appelée ?
Il entendit Bellatrix renifler légèrement.
- Obara.
****
Bellatrix se sentait horriblement vide.
Après le départ de Voldemort, elle avait essayé de penser à autre chose, en vain. Tout ce qui occupait son esprit, c'était l'enfant que son corps avec été incapable de garder. L'enfant de son Maître. Une fille.
Il lui avait dit que l'enfant avait été une petite fille. Obara.
Que se serait-il passé si elle l'avait gardée ? Auraient-ils formé une famille heureuse, avec Rodolphus ? Voldemort aurait-il aimé l'enfant ?
Bellatrix soupira.
Elle n'aurait jamais dû tomber enceinte, Voldemort avait été clair là-dessus. Cette grossesse avait été un accident. Le Seigneur des Ténèbres ne désirait nullement fonder une famille, et surtout pas avec Bellatrix. Elle n'était qu'un outil à ses yeux, il avait été également très clair là-dessus.
- Bella ?
La sorcière sursauta, et regarda son époux entrer dans la chambre. Elle soupira. Comment était-elle censée expliquer cette grossesse à son mari stérile ? Devait-elle mentir sur l'identité du père, quitte à passer pour la plus ignoble des épouses ?
- Dolph...je...
Il secoua la tête, puis s'assit doucement sur son lit, à côté d'elle.
- Ne perds pas ton temps a essayé de m'expliquer, Bella, dit-il doucement. J'ai vu à quel point il était inquiet. Je ne suis pas assez idiot pour ne pas deviner que...
- Je t'aime, Dolph, coupa Bellatrix. Je t'ai toujours aimé. Et... je l'aime aussi. Mais c'est à toi que je suis mariée, et j'en suis extrêmement fière.
Rodolphus haussa les épaules.
- Ce n'est pas comme si j'avais mon mot à dire dans cette affaire, répliqua-t-il avec amertume. C'est mon Maître à moi aussi, Bellatrix. Il ne pourra jamais rien faire qui entravera la loyauté que je lui porte. Je ne peux pas t'empêcher de le...fréquenter. Ça ne veut pas dire que je n'en souffre pas.
Bellatrix baissa les yeux et se mordit la lèvre. Elle aurait tout donné pour que cette conversation ne survienne jamais.
- Depuis quand ? finit par demander Rodolphus.
- Deux ans, murmura Bellatrix.
- DEUX ANS ?
Rodolphus s'était levé d'un bond et regardait désormais Bellatrix avec des yeux emplis de colère. Puis il se mit à faire les cents pas dans la chambre, la main plaquée contre sa bouche, le souffle saccadé. Bellatrix n'eut qu'une seule envie : disparaître sous terre. Elle était à présent écrasée par une vague de culpabilité, réalisant l'énormité de ce qu'elle avait commis.
- Je crois que je vais aller vivre ailleurs quelques temps, dit sèchement Rodolphus après de longues minutes de débat intérieur. Prend soin de toi, Bellatrix.
- Dolph, attends !
Mais avant qu'elle n'ait pu le retenir, il avait transplané.________________________________
Bellatrix qui appelle son enfant mort-né d'après la très jolie Obara... comme c'est attendrissant.
La situation dans laquelle elle se trouve, en revanche, l'est un peu moins. Comment vont réagir ses proches? Va-t-elle réussir à passer à autre chose?
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All the wrong choices
Fanfiction1967. Bellatrix entame sa sixième année à l'école de sorcellerie Poudlard. Au même moment, un mystérieux mage noir fait campagne au sein des plus grandes familles de sang pur. Lorsque l'aînée de la famille Black fait la rencontre de celui qui se fai...