Chapitre 50.

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30 juin 1976, Château Lestrange, Oxfordshire.


- Où est-elle ?
- Cissy...

Voldemort entendit les talons de Narcissa résonner dans le couloir, s'approchant rapidement des appartements de Bellatrix où il se trouvait. Il se redressa sur son fauteuil, posa doucement le livre qu'il feuilletait, et attendit que la blonde apparaisse dans la chambre -ce qu'elle ne tarda pas à faire.

- Bella !
- Madame Malefoy.

La voix de Voldemort fit sursauter la sorcière qui sembla se calmer instantanément.

- Oh, mon Seigneur...pardonnez-moi, je ne m'attendais pas à vous voir ici, bredouilla-t-elle en posant son regard sur le mage noir, puis sur sa sœur endormie. Elle...est-elle...
- Bellatrix a besoin de repos, Narcissa, dit fermement Voldemort. Je ne pense pas qu'il soit judicieux de...

Narcissa ne le laissa pas finir sa phrase. Elle se précipita au chevet de sa sœur, et entreprit de caresser doucement son visage, dans l'espoir de la réveiller. Voldemort la regarda faire, surpris de son insolence, mais n'osa pas l'interrompre. Cela n'avait aucun intérêt. Las, il reprit place sur son fauteuil, continuant d'observer d'un œil distrait la jeune sorcière qui parlait à sa sœur inconsciente.

- Bella... ma pauvre Bella, quelle maladie as-tu attrapée ? Oh... tu es pâle comme un linge et... il faut prendre l'air, tu sais... ça te redonnera des forces. Je peux t'accompagner, si tu le souhaites. On peut simplement s'asseoir dans le jardin, que tu prennes un peu le soleil...

Était-elle assez stupide pour ne pas remarquer que sa sœur n'était plus là ? Voldemort leva les yeux au ciel, exaspéré.

- J'étais inquiète quand j'ai vu que tu ne répondais pas à mes lettres... Rabastan m'a dit que tu était souffrante, mais je ne savais pas que c'était si grave... j'ai regretté que tu ne puisses pas assister au mariage de Lucy... sa robe était d'un mauvais goût...

Silence.

- Tu sais, Bella, même malade, ce n'est pas très poli de me laisser faire la conversation toute seule, dit Narcissa d'un ton contrarié.
- Hmph...
- Oui, oui, tu ne te sens pas bien, et bien figure toi que tu n'es pas la seule à souffrir en ce moment. Oncle Alphard est mourant. Peut-être que tu l'aurais su si tu avais ouvert tes lettres.

Silence. Voldemort continua de lire son livre, luttant pour ne pas virer Narcissa de la chambre. Il refusait de lever les yeux vers elle. Cela ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Si elle apprenait que sa sœur adorée était dans cet état à cause de lui...

- Tu veux un verre d'eau peut-être ? Aguamentis. Tiens. Attention, tu vas t'en mettre partout !

Voldemort se figea. Son souffle s'était suspendu sans qu'il s'en rende compte, et lorsqu'il leva les yeux en direction des deux sœurs, il crut que son cœur allait lui aussi s'arrêter.

Bellatrix était éveillée.

Narcissa l'aidait à boire, comme si c'était là la plus naturelle des choses.

Le Seigneur des Ténèbres se leva d'un coup.

- Bella... tu es réveillée ?
- Hmm...

Il pouvait voir qu'elle avait du mal à parler. Sa gorge devait être sèche, après des semaines alitée sans la moindre interaction.

- Cela fait longtemps qu'elle est endormie ? demanda Narcissa. Vous savez, ce n'est pas bien de laisser les malades trop longtemps à l'intérieur.

À qui croyait-elle s'adresser ? Voldemort réprima l'envie de la faire voler à travers la pièce. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Narcissa devait être morte d'inquiétude pour sa sœur. Elle avait attendu presque deux semaines sans recevoir la moindre nouvelle. À ce moment précis, elle était très certainement aveuglée par la préoccupation.

- Viens, Bella... on va marcher un peu, suggéra-t-elle d'une voix douce.

Bellatrix fit non de la tête, les yeux encore à moitié clos. Voldemort s'approcha d'elle. Il s'assit à sa droite et l'aida à se redresser un peu plus avant de passer un bras autour de sa taille pour la soutenir. Puis, il se pencha vers elle et murmura au creux de son oreille :

- Fais un effort, Bella... tu dois te rétablir au plus vite.

Soudain, il le vit.

Il vit ce qui avait changé chez elle.

Il ne l'avait pas remarqué avant qu'elle lève les yeux vers lui, mais cela était évident maintenant.

Bellatrix n'était plus humaine. Plus vraiment.

Ses yeux étaient rouge sang. Sa peau était blanche, littéralement blanche, et lisse, plus lisse que de la porcelaine.

Narcissa poussa un petit cri effrayé.

Voldemort poussa un soupir de soulagement.

Bellatrix était superbe, et, plus important encore, elle avait survécu.

Les gens allaient sûrement se poser des questions sur sa nouvelle apparence, et ils n'auraient jamais de réponses. Bellatrix allait continuer de le servir, à jamais sa fidèle alliée, son plus loyal lieutenant.
Voldemort déposa un baiser sur son front. À côté d'eux, Narcissa détourna le regard. Bellatrix ferma les yeux, savourant le contact des lèvres de son Maître sur sa peau tiède.

- Vas, murmura Voldemort. Laisse ta sœur t'aider. Je te reverrai plus tard.

D'une voix éteinte, mais pleine de volonté, Bellatrix répondit comme elle le faisait toujours, et de la façon la plus naturelle qui soit « oui, Maître ».


****


C'était étrange. Ce n'était pas comme avant. Elle avait l'impression de flotter dans son propre corps. Narcissa lui lançait des coups d'oeils perturbés, ce qui agaçait passablement Bellatrix.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda la brune en levant les yeux au ciel.
- Rien, promit Narcissa.
- Et bien si, je vois bien qu'il y a quelque chose, alors dis-le moi, insista Bellatrix.

Narcissa mordilla nerveusement sa lèvre inférieure avant de s'arrêter de marcher.

- De quel mal souffrais-tu déjà ? Je crois que Rabastan a oublié de me le préciser.
- Oh je... je ne peux pas vraiment en parler, répondit la sœur aînée.

Narcissa soupira, et les deux reprirent leur promenade à travers l'immense jardin, bras dessus bras dessous.

- Des nouvelles de Dromeda ? demanda Bellatrix.

La blonde secoua la tête, l'air grave.

- Papa a mis des affiches dans Pré-au-Lard et au Chemin de Traverse, expliqua-t-elle. Mais personne n'a su nous dire où elle était. Et on ne peut pas vraiment compter sur les aurors pour la retrouver...

Bellatrix serra les dents. Elle savait que c'était entièrement sa faute si sa famille ne pouvait pas se tourner vers les autorités publiques pour retrouver Andromeda. Les aurors risquaient de les interroger un par un pour savoir ce que faisait Bellatrix, au lieu d'enquêter sur la disparition de la cadette.

- Elle va revenir, murmura la brune. Elle ne peut pas rester loin de nous indéfiniment. Si elle avait décidé d'en faire autant, elle nous l'aurait dit. Elle ne serait pas partie sans rien dire à personne. Sans rien me dire.

Narcissa haussa les épaules, l'air peu convaincue.

- Le Seigneur des Ténèbres a rencontré Regulus.
- Oh ?
- Hmm. Je ne sais pas ce qui s'est dit, mais tante Walburga et oncle Orion étaient ravis.
- C'est une bonne chose, assura Bellatrix. Le Maître sait qu'il peut compter sur notre famille. C'est un honneur. Je suis certaine que Regulus est très fier.
- Hmm mmh...

Narcissa s'arrêta à nouveau, soupirant cette fois furieusement.

- Qu'est-ce que tu as fait, Bella ?
- Quoi ? s'offusqua la brune.
- Tu as vu ta tête ? hissa la blonde. Tu t'es vue ? Qu'est-ce que tu as fait ? Tu...tu... tu ressembles à... à un...
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Oh, par Merlin ! Viens par là !

Narcissa aggripa Bellatrix par l'avant-bras et la traîna à l'intérieur du château, avant de se stopper devant une grande glace.

- Là ! Regarde-toi !

Bellatrix fronça les sourcils, avant d'enfin regarder son reflet dans la glace.

Son souffle s'arrêta. Des larmes se formèrent aux coins de ses yeux. Ses yeux rouge sang.

Il lui semblait qu'elle avait légèrement rajeuni, peut-être parce que sa peau était plus lisse que jamais. Elle était extrêmement pâle aussi, presque totalement blanche. Ses joues étaient légèrement plus creuses.

- Je vais te le demander une dernière fois, même si je ne suis pas certaine de vouloir entendre la réponse, dit Narcissa d'une voix tremblante. Qu'as-tu fais ?

Bellatrix pinça les lèvres, secouant doucement la tête. Elle ne pouvait pas lui dire. Elle ne pouvait pas lui dire l'horrible chose qu'elle avait faite, cette chose qui lui retournait l'estomac chaque fois qu'elle y pensait. Non. Personne ne pouvait savoir. C'était trop affreux, pire que tout. Elle était un monstre.

- Il a les mêmes yeux, murmura Narcissa d'une voix grave. Parfois, quand il est en colère. Je l'ai vu. Ses iris, traversé par cette lueur écarlate. Cette lueur...inhumaine, froide. Et toi... toi...
- Assez, dit Bellatrix d'une voix presque inaudible.
- Je n'ose pas imaginer...
- Assez !

Bellatrix s'était écartée d'un coup de sa sœur. Tout à coup, il lui sembla que toute son énergie l'avait quittée, et elle chancela un instant avant de tomber à terre.
Des bras la relevèrent délicatement, et elle se retrouva soulevée dans les airs, avant de sentir un corps contre le sien.

- Je pense qu'il est temps pour toi de retourner auprès de ton époux, Narcissa, fit la voix froide de Voldemort.

Narcissa Malefoy lança un dernier regard lourd d'appréhension à sa sœur, puis s'inclina profondément avant de s'éloigner à pas feutrés.

- Je crois que tu as fait assez d'efforts pour aujourd'hui, Bella.

La sorcière n'eut pas la force de protester. Le mage noir la garda dans ses bras, et elle ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, elle était de retour dans son lit, et Lord Voldemort dormait calmement à ses côtés.

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Le chapitre est assez court, mais j'ai pensé que ce serait sympa d'en publier deux le jour de Noël ! C'est mon petit cadeau.... j'espère que les fêtes se déroulent bien pour vous, et que vous pouvez les passer avec vos proches.

J'ai écrit le prologue du tome 2 aujourd'hui et... je suis déjà absolument attachée aux nouveaux personnages ! J'ai hâte de le commencer, même si je ne suis pas encore exactement sûre du scénario.

Merci aux nouveaux lecteurs qui votent à chaque chapitre (oui je vous vois). J'espère que l'histoire vous plaît. N'hésitez pas à jeter un coup d'œil à la première série que j'ai écrite !

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