Chapitre 19.

501 26 18
                                    


24 décembre 1968, Manoir Malefoy, Wiltshire.

- Supposez-vous que les aurors me laisseront boire un peu de champagne, mon Seigneur ?

Voldemort regarda la jolie Bellatrix tenter d'attacher le loquet de son collier de perles. Il pencha légèrement la tête sur le côté, et haussa les épaules.

- Peu importe, répondit-il. Quand ils seront partis, et si tu t'es bien comportée, tu auras droit à une flûte. C'est le Réveillon, après tout. Laisse-moi t'aider.

Il se dirigea alors vers elle, prenant le collier de perles entre ses doigts osseux. Bellatrix releva son épaisse tignasse, dégageant ainsi la peau laiteuse de sa nuque. Voldemort frémit lorsque le parfum de la jeune fille lui parvint aux narines. Si la noblesse avait une odeur, ce serait celle de Bellatrix Black, pensa-t-il. Son parfum floral était à la fois d'une grande délicatesse et d'une force phénoménale. Mais après, ce n'était pas étonnant de la part de Bellatrix. Elle était ainsi elle-même, et n'avait cessé de le prouver à Voldemort au cours des dernières semaines. Il avait appris à la connaître en l'écoutant parler. Il avait compris que, face à tous les autres, elle était plus dure que la pierre, et que face à lui elle était aussi douce que la soie. Il avait compris qu'elle ne portait que très peu de personnes dans son cœur, mais qu'elle aimait ses proches avec une passion extraordinaire. Ses sœurs, plus particulièrement, tenaient une place primordiale dans la vie de l'aînée des Black. Pour elles, Voldemort le savait, Bellatrix était prête à tout. Pour elle, elle tuerait n'importe qui, et donnerait sa propre vie.

Voldemort avait très vite compris qu'Andromeda et Narcissa Black seraient le point de tension dont il se servirait pour briser Bellatrix s'il venait un jour à devoir la détruire.

Mais à ce moment précis, alors qu'il passait un collier de perles nacrées autour du cou fin de sa pupille, il n'avait aucune envie de détruire Bellatrix. Au contraire. Il voulait continuer à la former. La petite apprenait vite. Dans très peu de temps désormais, il pourrait l'entrainer aux duels. Elle n'avait eu de cesse d'exprimer sa hâte quant à cela. Elle était impatiente de se battre. Impatiente d'obtenir ce pouvoir, ce privilège qu'est la capacité à défaire n'importe lequel de ses ennemis. Plus encore, elle était impatiente de servir son Maître.

Voldemort referma le loquet et remis les cheveux de Bellatrix en place sur sa nuque, laissant ses doigts reposer entre ses boucles brunes quelques secondes. Il la regarda dans le miroir devant lequel ils se tenaient. La sorcière avait revêtu une robe noire en satin au col en bateau qui laissait nues ses clavicules. La tenue était assez simple ; cette fois, Bellatrix n'irait pas à la réception de Noël organisée par les Vingt-huit. Elle n'en avait pas le droit. Au lieu de cela, Abraxas avait généreusement invité les Black à fêter le réveillon au manoir Malefoy.

- Votre costume vous va à ravir, Maître, dit soudain Bellatrix d'une petite voix timide.

Voldemort haussa les sourcils et se détourna. Il sentit alors le regard de Bellatrix sur son dos. Ce regard avait changé, peu à peu. Au début, elle l'avait regardé avec indifférence, peut-être même avec du mépris. Puis, en apprenant à le connaître, en reconnaissant l'étendue de ses pouvoirs, elle l'avait regardé avec admiration. Désormais, ses grands yeux noirs étaient animés d'une flamme qui semblait dévorer son âme entière. Elle l'adorait, comme un moldu adore un Dieu. La seule différence, c'était que Voldemort était bien réel. Bellatrix pouvait le voir, le sentir, le toucher. Son adoration était fondée. Elle était solide. Mais il y avait autre chose, quelque chose de plus subtil que Voldemort n'avait d'abord pas voulu reconnaître. La fille avait essayé de le cacher, de réfréner ses émotions. Mais en vain. Ses yeux parlaient pour elle, et n'importe qui pouvait constater que Bellatrix Black regardait Voldemort comme une femme regarde son amant.

All the wrong choices Où les histoires vivent. Découvrez maintenant