Chapitre 32.

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22 juillet 1969, Manoir Black.


- Entrez, entrez, dit Druella en invitant le jeune couple à l'intérieur du foyer. Oh, merci pour les fleurs, Rodolphus. Il ne fallait pas...

Pendant que madame Black donnait le bouquet de glaïeuls à Minky, Bellatrix et Rodolphus s'installait dans le salon des invités. Gibli apporta ensuite un service à thé, et Druella les rejoint.

- Cissy et Andromeda ne sont pas là ? demanda la brune.
- Elles sont allées faire du shopping sur le Chemin de Traverse. Tu connais tes sœurs, elles ont toujours besoin de nouveau vêtements. Heureusement qu'on a agrandi les dressings. Cygnus n'arrête pas de leur répéter qu'elles finiront par nous ruiner mais elles n'en font qu'à leur tête. Surtout Cissy, impossible de lui dire non.
- Oh... d'accord.
- Mais elles ne devraient pas tarder à arriver. Avec un peu de chance, vous les verrez.
- Ce serait sympathique, répondit simplement Bellatrix. Dis, il paraît que Cerda et Lucius sont partis sans donner de nouvelles. Comment a réagi Narcissa ?
- Oh, oui, oui, j'ai entendu ça, marmonna Druella. Ta sœur était assez triste, tu sais comme elle aime passer son temps libre avec le jeune Malefoy. Ils sont inséparables ces deux là. Ils me rappellent un peu vous deux, quand vous étiez plus jeunes, d'ailleurs.

Bellatrix fit une grimace. Rodolphus et elle n'avaient jamais été aussi niais que Narcissa et Lucius. Mais elle n'était pas là pour argumenter avec sa mère.

- Il ne lui a pas envoyé de lettres ou quoi que ce soit ? demanda la jeune sorcière après avoir pris quelques gorgées de thé brûlant.
- Si, bien sûr que si. Hier, c'est arrivé par hibou. Mais tu sais, Cerda a toujours été comme ça. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Abraxas et elle se disputent souvent, et tu as bien dû remarquer qu'elle n'était pas souvent chez elle. Qu'elle emmène Lucius avec elle, c'est une première cela dit... mais bon. Ce ne sont pas nos affaires.
- Ce sont plus nos affaires que ce que tu crois, rétorqua Bellatrix en pinçant ses lèvres.

Druella haussa les sourcils, surprise, et ce fut Rodolphus qui apporta la réponse à la question qui lui brûlait les lèvres.

- Madame Malefoy s'est déclarée ennemie du Seigneur des Ténèbres. Elle est une menace pour son propre fils. Nous craignons que cette affaire ne prenne de trop grandes proportions et que Cerda encourage d'autres sangs purs à agir de la même façon qu'elle. Elle ne peut pas rester impunie. Il va falloir donner l'exemple.

La mère de famille devint livide tout à coup, et elle reposa d'une main tremblante sa tasse en porcelaine sur la table basse.

- Enfin cela ne fait aucun sens... Cerda a été élevée de la même façon que nous, je connais très bien ses parents et ils croyaient tous fermement en la suprématie du sang pur...
- Madame Malefoy estime que les mesures que nous prenons pour assurer la protection de notre population sont trop extrêmes. Elle croit que nous pouvons atteindre notre but sans employer la force, ce qui est faux. Combien de ministres ont réussi à restaurer la gloire des véritables sorciers ? Jamais la voie pacifique n'a eu de résultats dignes de ce nom. Nous savons que les méthodes du Seigneur des Ténèbres sont radicales, mais elles sont les seules qui nous laissent une chance de prendre le pouvoir pour de bon. Le Seigneur des Ténèbres sait ce qui est bon pour nous, et il est prêt à user de tous moyens pour parvenir à ses fins. C'est un véritable leader, qui œuvre pour le plus grand bien. Les gens comme Cerda Malefoy sont des parasites qui menacent son ascension et qui, par conséquent, menacent notre population toute entière. Comme l'a dit Bellatrix, il faut régler ce problème avant qu'il ne prenne des proportions démesurées.

Bellatrix regarda son époux avec admiration. Il savait parfaitement quels mots choisir pour convaincre son audience. Il savait souffler le chaud et le froid, laisser graviter la peur avant de présenter une unique solution que l'on avait d'autre choix d'accepter. Cela n'était pas étonnant. Comme elle, il avait appris des plus grands. Du plus grand.

- Je ne sais pas quoi dire... balbutia Druella d'une voix blanche. Je n'aurais jamais pensé que... Que va-t-il lui arriver ?
- Nous ne pouvons rien te dire, maman. Mais le Seigneur des Ténèbres est juste. Peu importe ce qui arrivera à madame Malefoy, elle aura été maitresse de son propre destin.
- Et Lucius ?
- Lucius est un allié. Le Seigneur des Ténèbres le récompensera pour sa loyauté. Il sera toujours en sécurité avec nous. Dès que nous le retrouverons, il sera renvoyé chez son père, là où est sa place légitime.

Bellatrix pouvait lire une profonde appréhension dans les yeux sombres de sa mère. Druella n'était pas une amie très proche de Cerda, mais les deux avaient été ensemble à Poudlard et s'étaient toujours fréquentées. Après tout, les Malefoy, les Rosier et les Black avaient toujours fréquenté les mêmes cercles. Druella ne savait pas exactement ce qui allait arriver à Cerda, mais elle craignait le pire. Peut-être qu'elle ne faisait pas partie du cercle restreint de Lord Voldemort, mais elle avait connu Tom Jedusor, et elle savait quel genre de sorcier il était.

- Maman, on a juste besoin de savoir où Cerda est partie, dit Bellatrix d'une voix douce en prenant délicatement la main fine de sa mère. Je sais que tu sais où ils sont. Tu as dit que Lucius avait écrit à Cissy. Nous voulons juste le protéger.

Druella secoua la tête, paupières closes, sourcils froncés.

- Je ne peux pas, Bella... dit-elle d'une voix éteinte.
- Maman, pense à Lucius. Il ne peut pas rester avec une femme comme ça. Pense à Abraxas, il n'a pas de nouvelles de son fils. Qui sait ce que Cerda pourrait lui mettre dans la tête en son absence. La place de Lucius est au manoir Malefoy.

Madame Black soupira longuement, et garda le regard rivé sur ses souliers lorsqu'elle dit :

- La lettre est toujours sur le bureau de Cissy...

Bellatrix et Rodolphus échangèrent un regard, puis acquiescèrent. Bellatrix savait ce qui lui restait à faire.


****


« Chère Narcissa,

Je suis désolé d'être parti sans te prévenir. Mes parents se sont encore disputés et mère est venue me chercher en plein milieu de la nuit avec des valises déjà faites. Elle ne m'a pas dit quand nous rentrerions. Pour l'instant, nous sommes à Milan, chez une de ses amies. J'ignore ce qui s'est passé, mais elle est particulièrement insupportable ces derniers temps.
J'espère que tout va bien de ton côté. As-tu lu le dernier article de la Gazette ? Père a fait la première page. Oncle Aslan m'a demandé de tes nouvelles, par ailleurs, et il m'a dit qu'il t'avait trouvée très intéressante au mariage. Je crois que l'histoire de ta tante Elladora et de ses elfes lui a bien plu.
Je t'enverrai bientôt de nouvelles lettres, et te préviendrai dès que mère me donnera plus d'informations sur notre retour en Angleterre.

J'ai hâte de te voir,

Lucius Malefoy. »


Bellatrix retourna la carte postale. Sur l'autre face, une photo animée du Duomo était imprimée. Milan, Italie. Bellatrix soupira. Elle aurait préféré devoir se rendre en Croatie, ou en Grèce. Mais ce n'était pas des vacances, se rappela-t-elle. Ce séjour était dû à une mission de la plus haute importance et...

- Qu'est ce que tu fiches ici ?

Bellatrix sursauta et reposa précipitamment la lettre sur le petit bureau de Narcissa qui la regardait avec suspicion. Elle ne l'avait même pas entendu arriver.

- Je... cherchais le pull que je t'avais prêté, répondit Bellatrix. Tu ne me l'as jamais rendu.
- Les vêtements sont dans le dressing, pas sur mon bureau, répliqua la blonde en plissant les yeux. Et, peu importe, je ne sais même pas de quel pull tu parles. Je n'ai pas ce que tu cherches.
- Hmm... tant pis. C'est sûrement Dromeda qui l'a.
- C'est ça. Tu peux sortir de ma chambre ? J'ai besoin de repos, ta sœur a été atrocement ennuyante.

Bellatrix haussa les épaules et laissa la benjamine seule. Elle avait sa réponse, de toute façon.


****


Manoir Malefoy, Wiltshire.


- Milan, tu dis ?
- C'est exact, Maître. Lucius a envoyé une lettre à ma sœur en précisant qu'il s'y trouvait. La lettre datait de la veille, Cerda et lui doivent toujours s'y trouver.
- Druella a été mise au courant de la situation ?
- Oui, Maître. Rodolphus lui a expliqué que Cerda nous avait trahi en affirmant son opposition, et que Lucius avait été enlevé contre son gré. Ma mère sait que nous agissons pour rétablir la justice, et pour le bien de Lucius.

Voldemort parut réfléchir un instant. Bellatrix l'observa. Il avait laissé sa barbe repousser, et des cernes sombres soulignaient ses yeux. Il portait une simple chemise blanche, dont les deux derniers boutons étaient défaits. La jeune sorcière le trouva profondément séduisant, pour changer.

- Rodolphus et toi partez demain, à la tombée de la nuit. Éliminez Cerda. Faites-en sorte que son fils ne se rende compte de rien. Attendez qu'ils soient endormis, et agissez. Faites disparaître le corps. Lucius se réveillera et se rendra compte que sa mère aura disparu. Il écrira à son père, et Abraxas viendra le chercher pour le ramener ici. Les gens finiront par comprendre ce qui s'est passé, mais n'auront pas de quoi m'accuser directement.
- Ne craignez-vous pas que Lucius se retourne contre vous, mon Seigneur ? demanda Bellatrix.
- Non, répondit simplement Voldemort. Abraxas prendra soin de lui expliquer la situation. Et puis, s'il venait à tourner comme sa mère, il subira le même sort. Ce n'est pas un problème. Il s'agit simplement de donner l'exemple, Bella. Il doit être su que quiconque se dressera sur mon chemin en subira les conséquences. Il serait regrettable que Lucius soit influencé par sa mère, mais ce n'est pas la raison principale pour laquelle je t'envoie disposer de Cerda.
- Je comprends, Maître.

Il y eut un bref silence avant que Lord Voldemort ne reprenne la parole.

- Il serait à votre avantage que vous modifiez vos apparences, Rodolphus et toi. Personne ne doit vous reconnaître. Connaissant Cerda, elle est sûrement entourée de plusieurs sorcières. Faites le nécessaire pour vous débarasser de Cerda, mais ne tuez pas les autres ; ce seront sûrement des sangs purs. Notre but n'est pas de précipiter notre propre extinction, hmm ?
- Bien entendu, Maître.
- Druella, risque-t-elle de vous dénoncer ?

Bellatrix parut outrée par la question, mais Voldemort n'en démordit pas.

- Non, mon Seigneur, répondit la brune d'un ton hésitant. Jamais ma mère ne ferait une chose pareille. Et puis, nous n'avons pas précisé ce qui allait arriver. Nous avons simplement expliqué que le problème devait être réglé.
- Parfait, dans ce cas. Je vous fais confiance pour agir en toute discrétion. Pas d'explosion, pas d'incendie cette fois. Vous vous rendez là-bas, vous tuez, vous revenez aussitôt. Et tu passeras la nuit avec moi à ton retour. Tu peux disposer maintenant, je ne veux te revoir qu'une fois votre mission complétée.

Bellatrix ouvrit des yeux écarquillés et balbutia une réponse confuse avant de s'incliner profondément et de quitter le bureau du Seigneur des Ténèbres.


****


23 juillet 1969, Milan, Italie.


- Ne dorment-ils jamais, ces moldus ? pesta Bellatrix en suivant Rodolphus dans une ruelle sombre.

Derrière eux, sur la place du Duomo, touristes et locaux se promenaient encore en bavardant bruyamment. Les deux mangemorts, suivant les instructions de leur Maître, avaient modifié leur apparence. Bellatrix était grande, mince, rousse aux yeux verts, et Rodolphus était légèrement plus petit, plus trapu, et avait de longs cheveux blonds et bouclés. Les deux étaient tout vêtus de noir, et leurs baguettes étaient dissimulées sous leurs chemises.

- Là, murmura le sorcier en s'arrêtant devant la porte d'un vieil immeuble.
- Ils sont plusieurs, murmura Bellatrix, sentant plus d'une présence magique dans le bâtiment. Au moins quatre.
- Alohomora.

La porte massive en fer forgé s'ouvrit en grinçant, indiquant l'ancienneté de ses rouages. Les deux s'infiltrèrent, montant lentement les escaliers, à l'affut. Ils continuèrent leur progression jusqu'au troisième étage, puis se figèrent. Des rires pouvaient encore être entendu à l'intérieur de l'appartement.

- Il est bientôt minuit, murmura Bellatrix. Crois-tu qu'ils seront encore longtemps debout ?
- Je ne sais pas, Bella, grimaça Rodolphus, le regard braqué sur la porte. On ne peut pas attendre indéfiniment.
- Le Seigneur des Ténèbres nous a demandé d'être discrets, et de ne tuer que Cerda. On ne peut pas simplement débarquer et être vus de tous. Nous ne savons pas comment ils vont réagir en nous voyant.
- Tu peux réussir à me dire précisément combien de personnes sont à l'intérieur ?

Bellatrix soupira. Elle n'était pas une Legilimens accomplie. C'était très dur pour elle de pénétrer dans l'esprit d'un seul, alors faire cela avec tout un groupe relevait du véritable exploit. Mais elle savait qu'elle avait besoin de cette information. Alors elle réunit toutes ses forces, et se concentra du mieux qu'elle put.

Elle ne réussit pas à capter les pensées des habitants. Néanmoins, d'autres choses lui parvinrent. Des images floues, des couleurs. Des mouvements.

- Cinq femmes, dit-elle, à bout de souffle, étourdie.

Rodolphus la soutint par la taille alors qu'elle vascillait.

- Ça va ? s'inquiéta-t-il.
- Ne me fais plus faire ça, répondit Bellatrix. Dolph, tu vas devoir t'en occuper pendant que j'entraine Cerda ailleurs.
- Mais...
- Nous devrons les soumettre au sortilège d'amnésie, coupa la brune.
- Je n'ai jamais lancé ce sortilège. Tu sais ce qu'il risque d'arriver si on se rate. Elles deviendront folles, et notre mission sera un échec complet. On ne peut pas faire ça, Bella.

Bellatrix soupira. Son époux avait raison. Ils n'avaient d'autre choix que d'attendre.

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