Chapitre 22.

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Voldemort ne s'était pas posé la question de la moralité une seule seconde en ce qui concernait son affaire torride avec la belle Bellatrix. Le fait qu'elle soit promise à un autre, qu'elle soit sa pupille ou encore qu'elle soit de vingt-cinq ans sa cadette ne lui posait absolument aucun souci. Il se moquait éperdument de savoir que Cygnus Black aurait très probablement assassiné quiconque aurait osé poser un doigt sur sa fille avant le mariage. Il savait que Bellatrix ne dirait rien, et que ; quand bien même cette aventure venait à être connue, le patriarche ne pourrait jamais confronter le grand Lord Voldemort.

Le mage noir s'était tout de même demandé si ses actes avaient une chance de lui nuire. Après tout, Bellatrix aurait pu estimer qu'elle était spéciale à ses yeux et que donc elle pouvait se permettre de se considérer comme son égale. Mais lorsqu'il la vit le lendemain matin pour son cours sur les poisons, elle s'était montrée plus docile que jamais.
Voldemort avait alors compris qu'en lui témoignant ses affections, il l'avait encouragée à redoubler d'efforts pour le satisfaire. Après tout, elle pouvait bien avoir cela. Bellatrix Black frôlait la perfection. Céder aux plaisirs de la chair pour renforcer sa loyauté semblait être un bon compromis pour Voldemort.

Bellatrix lui appartenait désormais corps et âme.

C'était si facile. Elle était encore si jeune, si influençable. Tant mieux si elle se sentait spéciale aux yeux de son Maître ; cela la rendrait encore plus dépendante de lui. S'il continuait à lui accorder un baiser, une caresse, une étreinte de temps à autre, même ses sœurs ne pourraient bientôt plus la détourner du chemin qu'il dessinait pour elle. Dans très peu de temps, Voldemort le savait, Bellatrix serait non seulement sa servante la plus dévouée, mais aussi la plus dangereuse.

Les Black, comme toute famille des Vingt-Huit qui se respecte, avaient pour habitude de bannir tout membre ne respectant pas les règles qui s'imposaient aux sangs-purs. Cela comprenait notamment le fait de montrer la moindre sympathie envers les sangs-de-bourbe.
Andromeda Black, la jeune sœur de Bellatrix, avait été bien au-delà de la simple sympathie.

Ce matin, alors que l'aînée de la fratrie venait de regagner ses appartements, laissant son Maître seul à son bureau, Voldemort pesait le pour et le contre.

S'il détruisait Andromeda, il risquait de détruire Bellatrix. Cette dernière risquait de complètement sombrer si sa sœur bien-aimée était reniée de leur famille. Voldemort avait besoin de garder son élève en bon état. Son esprit était une chose redoutable, mais aussi une chose fragile. Sa santé mentale ne tenait qu'à un fil, comme c'était le cas pour tous les autres membres de la Noble et Ancienne Famille Black. Voldemort devait donc être extrêmement habile.
Andromeda Black ne représentait pas, cela dit, une menace assez sérieuse pour qu'il y consacre toute son énergie. Néanmoins, il ne pouvait oublier la façon dont la gamine s'était permis de le menacer. Elle s'était montrée très intelligente en choisissant d'agir en toute discrétion. Le reste de sa famille pensait très certainement qu'elle était très heureuse pour sa sœur, et très reconnaissante envers Lord Voldemort qui s'occupait d'elle. Personne ne pourrait l'accuser de quoi que ce soit, si elle venait à joindre les actes à ses paroles.

Andromeda était un gant de velours sur une poigne de fer. De l'extérieure, elle semblait être la chose la plus douce et la plus innocente du monde. Mais l'intérieur racontait une toute autre histoire.

La cadette de la fratrie était dans un conflit perpétuel avec l'idéologie dans laquelle elle avait été élevée, et la réalité du monde dans lequel elle évoluait. Son cœur était rempli d'un amour inconditionnel pour ses proches et d'un mépris sans limite pour tous les autres. Ce qui n'était pas un Black, à ses yeux, n'était rien. La jeune fille savait comment manipuler les gens pour parvenir à ses fins, et c'est ce qu'elle faisait avec son sang-de-bourbe, Tonks. Du moins, c'est ce dont elle essayait de se convaincre. Elle voulait croire qu'elle ne le fréquentait que par ennui, mais savait au fond d'elle qu'il y avait autre chose. Et elle se détestait pour cela.

Et puis, il y avait cette foule de sentiments qu'elle ressentait à l'égard de sa grande sœur. Bellatrix était son modèle, son plus grand amour, sa raison de vivre. Andromeda l'avait toujours regardée avec des yeux grands d'admiration, mais avait toujours peiné à l'égaler, et n'avait jamais réussi à la surpasser. La cadette, cependant, n'était pas jalouse. Elle acceptait sa place d'enfant du milieu, d'individu moyen parmi les individus exceptionnels. Bellatrix était un prodige de la magie, Narcissa était d'une beauté presque irréelle, et Andromeda était là. Elle apprenait à se servir du moindre avantage qu'elle possédait, et s'en servait avec ruse, comme la Serpentard qu'elle était.
Et c'est exactement ce qu'elle était en train de faire avec Lord Voldemort. Elle avait détecté un problème, et elle était prête à tout pour éliminer ce problème. Elle savait pertinemment qu'elle n'était pas la sorcière la plus puissante, la plus influente ou la plus belle. Mais elle savait qu'elle était une Black, et que cela n'était pas rien. Elle savait que la même magie coulait dans ses veines et dans les veines de Bellatrix. Que la même attraction pour les arts obscurs berçait leurs esprits. Elle savait aussi qu'elle s'entraînait à chasser depuis toute petite, et que ses proies ne s'en étaient jamais sorties vivantes.

Quelle était la différence entre un homme et un lapin ? Andromeda Black n'en voyait pas. Les deux se vidaient de leur sang lorsqu'on leur tranchait la gorge.


****


- Ah, Rodolphus. Assieds-toi.

Le jeune Lestrange prit place face au mage noir. Il venait de recevoir une promotion au Département des Sports Magiques, et s'était révélé être un excellent espion au service de Lord Voldemort. Bientôt, il serait envoyé sur le terrain pour des missions plus... importantes. Mais le Seigneur des Ténèbres savait que, pour changer un monde, il fallait du temps. Chaque action qu'il commandait était méthodiquement calculée, et Lord Voldemort faisait exactement ce qui devait être faire en temps voulu. Pour l'instant, il devait répartir ses pions de la façon la plus stratégique possible. Lentement, il s'assurait que son plan d'attaque était infaillible. Lorsque tous ses pions seraient à la meilleure place possible, lorsqu'ils seront tous expérimentés, prêt à se battre, le mage noir ordonnerait la première offensive, la première vague.

La première vague était la terreur.

Lord Voldemort ordonnerait des disparitions, des meurtres, des accidents. Il insufflerait la peur chez les sorciers, sans leur dévoiler que ce serait lui qui serait à l'origine de tous leurs maux. Il savait qu'un sorcier apeuré est un sorcier plus enclin à faire des concessions. Il savait que c'était en temps de crise que les régimes les plus rudes se mettaient en place. Il fallait qu'il apparaisse aux yeux de tous comme l'unique solution à leurs problèmes. Alors, et seulement alors, il pourrait prendre le pouvoir en épargnant le plus de sang sorcier possible. Une fois qu'il serait à la tête du pays, il pourrait s'atteler à le modifier en profondeur. Et la seconde vague débuterait.

La seconde vague était celle de la réforme.

Des listes seraient crées. Les sorciers seraient classés selon leur statut de sang. Les sangs-de-bourbe seraient privés de baguettes et occuperaient les postes dont personne d'autre ne veut. Ils seraient contraints de vivre comme des Cracmols, mais avec encore moins de privilèges. Les mariages entre sangs-mêlés et sangs-purs seraient encouragés afin d'augmenter la population légitimement magique. Les postes les plus importants au Ministère de la Magie seraient confiés aux plus fidèles partisans de Lord Voldemort et ses opposants seraient envoyés à Azkaban, pour le plus grand bien de tous. Le programme d'enseignement à Poudlard serait modifié également, et la pratique de la magie noire serait autorisée. Voldemort estimait qu'il n'y avait aucune dimension magique qui ne méritait d'être laissée de côté. Il voulait que les futures générations de sorciers puissent maîtriser tant la magie noire que la magie blanche. Il voulait que les sorciers de Grande-Bretagne regagnent en puissance. C'était pour lui la seule manière d'envisager une domination du genre sorcier sur les moldus.

Lorsque cela serait fait, Voldemort aurait remporté la bataille. Échec et Mat.

Mais il n'était pas là pour parler de cela avec Rodolphus Lestrange, ce jour-ci. Non. Le jeune homme avait demandé à le voir pour parler de...

- Bellatrix, comment se porte-t-elle, Maître ?

Voldemort repensa à la façon dont Bellatrix avait gémi sous son corps la veille au soir. Il repensa à la douceur de sa peau contre la sienne, à ses lèvres rougies par ses baisers, à la fermeté de ses seins et de ses cuisses. Il repensa à la façon dont elle avait crié son nom, les paupières fermées par l'extase...

- À merveille, répondit-il d'un ton neutre.
- Je...j'ai pu contacter Cygnus Black, mon Seigneur. Nous avons signé un contrat de mariage et...
- Un contrat de mariage ?

Voldemort eu l'impression qu'on venait de lui asséner un énorme coup de poing dans le ventre. Il soupira. Il aurait dû le voir venir. Il avait fait de son mieux pour éviter une rencontre entre sa protégée et Rodolphus depuis qu'elle avait été assignée à résidence chez les Malefoy. Bien sûr que le fils Lestrange avait fini par aller voir le père de la fille pour demander sa main au lieu de demander son avis à Bellatrix.

- C'est exact, Maître, répondit Rodolphus avec assurance. Bien sûr, nous attendrons que Bellatrix ait terminé son... tutorat, avec vous. Nous nous marierons l'été prochain, comme cela se serait passé si elle était restée à Poudlard. J'ai obtenu la bénédiction de ses parents, et ait versé une dote assez conséquente pour mademoiselle Black. Je sais que cela en vaut la peine. Bellatrix et moi sommes destinés à être ensemble, nous le savons depuis des années et...
- D'autant que je sache, Bellatrix est sous ma responsabilité, siffla Voldemort. Tout contrat la concernant doit être supervisé par son tuteur légal, et ce n'est plus Cygnus Black III depuis qu'elle est devenue ma pupille. Le contrat que vous avez signé n'a aucune valeur juridique. Il est nul et non avenu.
- Mais, mon Seigneur...
- Bellatrix, comme tu l'auras deviné, est à entrer sous mes ordres dès que son assignement à résidence sera terminé. Elle va, au même titre que toi et peut-être plus encore, se battre pour notre cause. Elle recevra la marque dès que nous serons débarrassés de la surveillance du Ministère, et je n'ai aucun désir de la voir engrossée après un mariage qu'elle ne souhaite même pas.
- Avec tout le respect que je vous dois, Maître, Bellatrix a toujours souhaité devenir madame Lest...
- Les gens changent d'avis, Rodolphus, hissa Voldemort.
- Maître, je comprends votre point de vue. Je vous assure que lorsque Bellatrix sera mon épouse, elle continuera de vous servir de la façon la plus appropriée possible. Si vous nous ordonnez d'attendre pour prolonger la lignée des Lestrange, nous attendrons. J'ai déjà échangé deux millions de gallions avec monsieur Black, je crains que...
- Je crains que, si tu continues d'argumenter, tu te retrouves du mauvais côté d'un sortilège de torture, Lestrange, répliqua Voldemort d'un ton létal. Je n'ai que faire de vos problèmes d'argent à toi et à Cygnus. Bellatrix ne prendra pas d'époux tant que je n'en aurai pas décidé autrement. Maintenant, je te conseille de quitter ce bureau avant que je ne change d'avis et que je ne te punisse sévèrement pour ton affront.

La colère et la peur purent alors se lire dans les yeux de Rodolphus Lestrange. Mais le garçon n'était pas stupide. Il fut assez sage pour se lever, s'incliner profondément devant son Maître, et quitter les lieux sans un mot de plus.

Voldemort, lui, mit un moment à se calmer. Pourquoi avait-il réagi ainsi ? Pourquoi cela lui importait tant que Bellatrix reste célibataire ? Il savait pertinemment que sa réaction avait été extrêmement déplacée. Cela allait entrainer toutes sortes de réaction chez les proches de Bellatrix.

Pour la première fois peut-être, Voldemort avait agi impulsivement.

Mais après réflexion, peu lui importait. Il était Lord Voldemort, et Bellatrix Black lui appartenait. Il n'avait aucune raison de partager son nouveau jouet avec un autre, et il était prêt à tuer quiconque questionnait son autorité.

Bellatrix Black était sienne, et elle le resterait.

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Un peu possessif ce Lord Voldemort, non? Peut être aussi un peu manipulateur, et sociopathe sur les bords?

Et Andromeda... que va-t-il pouvoir faire pour régler ce problème? Il sait très bien qu'il ne peut pas faire du mal à la cadette sans faire du mal à l'aînée... pour le moment, le grand Lord Voldemort semble être dans une impasse.

Et puis, comment va réagir la famille de Bellatrix quand elle va apprendre que le Seigneur des Ténèbres a annulé son contrat de mariage? Et comment va réagir Bellatrix?

Sinon, merci pour tous vos retours! Il y en a un peu moins qu'avant mais ils me font toujours autant plaisir (j'arrive maintenant à reconnaître celles et ceux qui me lisent puis L'Augurey, vous avez une place spéciale dans mon cœur ahah).

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