Chapitre 59.

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Bellatrix tourna la baguette fine entre ses doigts. Elle était longue, avec un manche agrémenté de deux petites sphères très proches l'une de l'autre. Elle l'avait prise à Albus Dumbledore après l'avoir tué. Et, en le tenant dans sa main, elle pouvait le sentir.

Le pouvoir.

Un pouvoir immense, plus grand que tout ce qu'elle avait connu.

La baguette lui répondait étonnement bien ; mieux, presque, que la baguette qui l'avait choisie chez Ollivander lorsqu'elle s'était rendue chez le fabriquant il y a quinze ans de cela. Cette baguette -cette arme-, ce n'était pas une baguette ordinaire. Bellatrix ne pouvait pas expliquer pourquoi, mais elle le sentait au plus profond de ses tripes. Il y avait quelque chose, à propos de cet objet, qui transcendait la simple magie utilisée par les sorciers. Bellatrix pouvait le jurer.

- Bella ?

La mangemort sursauta, et fut tirée du fils de ses pensées par la voix du mage noir qui venait d'entrer dans sa suite. Elle se leva aussitôt et, par réflexe, s'inclina devant Lord Voldemort.

- Je voulais de te parler de ton cousin, Sirius, dit-il.

Bellatrix haussa un sourcil, l'air perplexe. Sirius n'était plus son cousin depuis qu'il avait décidé de s'associer à ces traitres à leur sang de Potter.

- Qu'en est-il, mon Seigneur ?
- Comme tu le sais, j'ai eu le plaisir de rencontrer le jeune Black et sa bande d'amis, expliqua Voldemort d'un ton calme. Le plus jeune d'entre eux, Pettigrew, est le premier à m'avoir assuré sa sympathie. Le loup-garou, Lupin, n'a pas prononcé le moindre mot, mais n'en pensait pas moins. Il a pitié des autres qui partagent sa condition, mais méprise profondément celui qui a fait de lui ce qu'il est et qui est aujourd'hui sous mes ordres ; Fenrir Greyback. Lupin n'est pas un allié, mais c'est un garçon intelligent, d'ascendance sorcière, qui pourrait nous être utile si nous parvenons à le rallier à nous. Puis il y avait le fils Potter, qui s'est prouvé aussi arrogant que ce qu'on dit de lui en affirmant qu'il préférait mourir que servir un homme qui œuvrait pour le Mal. Son vœux a été exaucé.

Bellatrix gloussa malgré elle. Elle imaginait bien son Maître envoyer un sortilège de mort sans la moindre hésitation à un James qui venait à peine de finir sa phrase.

- Restait alors la fille, Lily, et ton cousin.

La mangemort retrouva son sérieux.

- Mon ami Severus m'avait imploré de ne pas faire de mal à la sang de bourbe, curieusement. Même si la vie d'une telle créature n'a aucune valeur à mes yeux, il semble qu'elle en a à ceux de mon serviteur. Severus est un bon allié, alors Lord Voldemort a fait preuve de miséricorde. J'ai effacé les souvenirs de notre rencontre, et je l'ai renvoyée à Poudlard. Elle ne tiendra pas longtemps dans notre nouveau monde, de toute façon.

Bellatrix acquiesça. Si elle en croyait les plans de son Maître, les sangs de bourbe encore présents en territoire magique lors du passage au pouvoir du Seigneur des Ténèbres seraient exécutés ou réduits en esclavage -ou quelque chose du genre. Bref, ils n'allaient pas faire long feu.

- Veux-tu savoir ce qu'as fait ton cousin lorsque j'ai tué son ami, Bella ?

La sorcière déglutit. Sirius, étant un membre de la famille Black malgré toutes ses erreurs, pouvait parfois avoir le sang chaud.

- Ton cher cousin a essayé d'envoyer un sortilège de torture dans ma direction, ma douce, expliqua Voldemort avec un sourire froid.

Les yeux de Bellatrix se firent ronds comme des soucoupes. Comment avait-il osé ?

- Est-il mort ?
- Non.

Pourquoi ? Pourquoi ne l'avait-il pas tué ? Bellatrix ne comprenait pas. James Potter avait été éliminé pour moins que cela. Alors pourquoi pas Sirius ?

- Il est en direction d'Azkaban, à l'heure où je te parle, annonça Voldemort. Je garde espoir qu'il puisse un jour être notre allié. Je serai fou d'abandonner l'idée de recruter un membre de la famille Black. La puissance qui coule dans votre sang n'a d'égale que celle qui pulsait dans les veines des Gaunt, descendants directs de Salazar Serpentard. J'ai chargé Regulus de lui rendre visite une fois par mois, afin de tenter de le convaincre, sans relâche. Il finira par craquer.

Bellatrix haussa les épaules.

- Sirius n'a jamais été le plus doué de notre famille, mon Seigneur.
- Il n'a jamais été correctement formé, voilà tout.

La mangemort tourna alors la tête, et s'approcha de la fenêtre avant de s'arrêter pour regarder le paysage, mains croisées derrière le dos. Voldemort l'observa, sans rien dire. Un long silence passa, puis Bellatrix dit à mi-voix :

- Victoria Lestrange a donné naissance à un garçon hier, mon Seigneur.
- Je sais, Rabastan m'a immédiatement informé de l'heureux événement.

Bellatrix soupira.

- Ils l'ont appelé Rodolphus.
- Je sais, Bella.

Puis elle se tourna, et regarda Voldemort de ses grands yeux sombres.

- Je n'ai plus ma place ici, Maître, murmura-t-elle. J'aime Rabastan comme mon frère, et Victoria aussi bien que Mérida ont une place chère dans mon cœur, mais j'ai l'impression de n'être qu'un fantôme, qu'une ruine. Ma place dans ce château sans Rodolphus ne semble faire aucun sens... Maître, avec votre permission, j'aimerai trouver ma propre demeure, ou retourner dans notre maison de famille, à nous, les Black. Je ne voulais pas vous embêtez avec cela avant mais...
- Ne t'en préoccupe pas, Bella, coupa Voldemort. Tu as mon autorisation, bien sûr, tant que tu fais le nécessaire pour rester en sécurité.

Le mage noir parut alors hésiter, comme s'il voulait ajouter quelque chose. Bellatrix resta silencieuse, attendant sagement que son Maître se décide à parler.

- À vrai dire, même si l'hospitalité des Malefoy est fortement appréciée, je pensais moi-même établir mon propre lieu de résidence. En tant que futur gouverneur de ce pays, je ne peux pas résider indéfiniment chez un autre. Il me faut une demeure digne d'un chef d'Etat. Et... j'ai déjà commencé à fonder le palace.
- Le palace, mon Seigneur ?

Voldemort acquiesça, un sourire empreint d'une légère fierté aux coins des lèvres.

- Je ne vais pas me contenter d'un simple manoir, répondit-il. Et puis, j'ai l'intention d'y accueillir mes plus fidèles servants. L'idéal seraient que ma demeure puisse abriter plusieurs familles de mangemorts, afin que je puisse constamment échanger avec eux sans être contraint de les joindre par la Marque.
- C'est une brillante idée, Maître, répondit Bellatrix à mi-voix.
- Hmm... fit Voldemort avant d'ajouter : et tu y aurais ta place, bien sûr.

Les yeux de Bellatrix se mirent à briller, et elle se mordit légèrement la lèvre inférieure pour tenter d'apaiser les émotions qui la submergeaient alors.

- Mon Seigneur, c'est un trop grand honneur...

Voldemort balaya ses propos d'un geste las de la main.

- Cela n'est que logique. Tu es mon meilleur lieutenant, et j'apprécie ta compagnie. Peut-être que, si tu peux attendre la fin des constructions, tu pourrais emménager directement...avec moi... là-bas.

Bellatrix s'approcha de lui, ses grands yeux sombres levés vers ceux du mage noir, et posa ses paumes contre le torse de son Maître.

- Maître, il n'y aurait pas de plus grand plaisir pour moi que d'être à nouveau à vos côtés.

Voldemort effleura la peau soyeuse de sa joue le dos de sa main, avant de déposer un baiser sur son front et de la presser délicatement contre lui. Bellatrix laissa sa tête reposer contre sa poitrine et ferma les yeux, se concentrant sur les battements du cœur de son Maître. Tu dum, tu dum. C'était apaisant. Elle pourrait s'endormir, là, contre lui.

- Je dois y aller, dit soudain Voldemort d'une voix douce. Nous nous reverrons ce soir, pour la réunion. J'ai une annonce de la plus haute importance à faire, et elle te concerne en partie.
- Il me tarde d'en prendre connaissance, mon Seigneur.

Lord Voldemort recula d'un pas pour contempler sa mangemort un instant. Sa Bellatrix était si docile et si féroce à la fois, si belle et pourtant si étrange, presque irréelle. Pendant un temps, il s'était demandé quel serait son rôle à l'avenir. Lestrange n'avait pas exprimé le souhait de devenir Ministre, qui serai le plus haut poste à pourvoir en dessous de celui de gouverneur. Elle ne voulait pas non plus devenir mère au foyer, et n'avait jamais montré un grand intérêt pour le journalisme.

Mais Bellatrix aimait se battre. Et, Voldemort le savait, elle aimait aussi commander. C'était une sorcière puissante, autoritaire, qui n'hésitait pas une seule seconde à faire ce qui était nécessaire. Elle savait mener les troupes tout en obéissant toujours aux ordres de son Maître. Ses connaissances en magie étaient immenses, et ses pouvoirs n'en étaient que plus impressionnants. Elle était jeune, belle, forte, et était l'héritière d'une des plus anciennes familles de sangs purs d'Europe.
Qui de mieux que Madame Lestrange pour représenter les forces armées du Seigneur des Ténèbres ? Qui de mieux que Bellatrix pour commander et représenter la future Brigade des Ombres ?

Voldemort comptait annoncer la répartition des futurs postes ce soir. Il espérait que sa partenaire apprécierait celui qu'il avait prévu pour elle, et quelque chose lui disait que cela allait être le cas.


****


Manoir Malefoy, Wilthsire.


- Mes amis...je vous remercie pour votre présence ce soir...

La voix froide de Lord Voldemort traversa les rangs de ses mangemorts. Seuls les meilleurs d'entre eux avaient été sommés de se rendre au Manoir Malefoy pour discuter des plans pour le futur de leur pays. Bellatrix, évidemment, était là, aux côtés de son Maître. Elle se tenait droite, fière, près de sa sœur et de son beau-frère.

Si Voldemort s'était écouté, il se serait levé pour aller l'embrasser. C'était une heureuse soirée. Mais il avait plus important à faire, pour l'instant.

- Yaxley et Malefoy m'ont informé que les trois quarts des aurors avaient été retrouvés et éliminés. À ceux qui ont aidé, sachez que vos efforts seront récompensés. Le reste des aurors survivants semble s'être réfugié dans des pays voisins. Parmi eux, les Londubats et Maugrey. Mais peu importe. Ils ne sont désormais plus assez nombreux pour constituer une menace.

Un murmure enthousiaste se fit entendre dans l'assemblée.

- En ce qui concerne l'Ordre du Phénix... J'ai pris la liberté de nous débarrasser du gamin Potter. McKinnon et sa famille ont péri dans un tragique accident le jour même. Je peux d'ores et déjà vous assurer qu'un ancien membre de l'Ordre fait désormais partie des nôtres... ou du moins c'est ce à quoi il aspire. Queudver, l'animagus, est encore à Poudlard. Il nous rejoindra une fois son éducation terminée.

Voldemort balaya le groupe de mangemorts du regard. Tous buvaient chacun de ses mots, impatients d'entendre la suite.

- Comme vous l'avez deviné, nous sommes désormais assez puissants pour renverser le Ministère de la Magie. La presse est de notre côté et couvrira les événements en prenant soin de nous décrire sous notre meilleur jour. Le Ministère ne peut plus compter sur les aurors pour le protéger, et le Ministre actuel, Harold Minchum, a été incapable de protéger ses citoyens. Notre prise de pouvoir sera suivie par une période de paix tant espérée par les sorcières et sorciers, et c'est à cela que nous finirons par être associés.

Le mage noir marqua une pause, pour laisser le temps à ses mots de s'ancrer dans les esprits de ses serviteurs.

- Demain, à dix-heure, je veux une attaque. Quand les employés seront tous arrivés, vous vous rendrez au Ministère. Faites prisonniers tous ceux qui occupent les têtes de départements ainsi que les juges du Magenmagot. Tuez le Ministre. Épargnez ceux qui occupent des postes peu importants, car ceux-là ne représentent aucun danger et Lord Voldemort n'a nul désir de voir le sang couler inutilement. Quand vous aurez fait cela, et uniquement à ce moment, vous appellerez votre future Chef des Armées, qui sera chargée de commander la future Brigade des Ombres également, Madame Bellatrix Lestrange.

Plusieurs commentaires se firent entendre, chacun d'entre eux chantant les louanges de la principale concernées. Bellatrix, elle, resta bouche-bée et regarda son Maître avec une gratitude infinie. Voldemort lui répondit avec un hochement de tête imperceptible avant de reprendre :

- En parlant de la répartition des postes ; Lucius Malefoy sera Ministre de la Magie jusqu'à la nouvelle élection. Corban Yaxley, chef du Département de la Justice Magique. Augustus Rookwood, chef du Département des Mystères. Rabastan Lestrange, chef du Département de la coopération magique internationale. Thorfinn Rowle, chef du Département des jeux et sports magiques. Walden Macnair, chef du Département de la régulation des Créatures Magiques. Antonin Dolohov, chef du Département des accidents et catastrophes magiques. Je vous laisserai le soin d'organiser chacune de vos équipes, et je compte sur vous pour assurer au mieux votre poste. Soyez prêts, dès demain, à entamer une nouvelle carrière, et à servir votre pays comme de grands sorciers. Soyez prêts à réformer notre pays en profondeur, soyez prêts à faire face à un changement drastique et ô combien attendu.

Voldemort laissa les cris enthousiastes de ses serviteurs envahir la salle. Tout était à portée de mains désormais. Il avait tout planifié, dans les moindres détails. Son plan lui avait pris des années de recherche, des années de formation, et une persévérance à toute épreuve. Il avait dû sacrifier grand nombre de choses dans sa quête, mais il était parvenu à son but. Nul ne pouvait l'arrêter, désormais. Il allait purger la communauté magique des immondes sangs de bourbe qui volaient leurs pouvoirs et faisaient honte au genre sorcier. Il allait redonner aux véritables sorciers leur gloire passée. Il allait reprendre les choses en mains, et il aurait son meilleur lieutenant à ses côtés pour toujours.

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