Devant eux, se dégageait un chemin sinueux dans la montagne. De part et d'autre de la roche, ils distinguaient le vent s'engouffrer sur cette route, réveillant les esprits de l'Altaï. La poussière s'élevait et hurlait, la roche tremblait d'impatience. Des monts comme tous les autres, à la différence qu'ils étaient d'un vert si pur et si majestueux, surplombé d'un bleu divin. La voûte céleste formait un par-dessus de douceur et de force sur le berceau prêt à les accueillir. Ils n'avaient jamais vu de couleurs vives à ce point. Tout semblait vivant. Rempli d'énergie et d'une puissance omnipotente. Les feuilles et les racines étaient imbibées d'une essence surréelle, comme si une présence leur ouvrait la voie et leur tendait les bras. Le Stasensë. Son corps naturel possédait une âme. Et en son centre, ils en trouveraient le cœur.
— Je ne voudrais pas vous inquiéter...
La voix de Derek Moore s'éleva, alors que l'équipe était occupée à fixer la route étroite face à eux, émerveillés par cette nature sauvage et libre. Par réflexe, Manuela soupira bruyamment et Soo Ah arbora une grimace épuisée, consciente que ce genre d'intervention menait rarement à quelque chose de bon.
— Mais il apparaît que nous avons de la visite.
— Pas déjà..., maugréa Manuela et son murmure ne passa pas inaperçu. Elle dut se justifier sous les sept paires d'yeux éberlués. J'ai entendu parler de ces gens. Croyez-moi, mieux vaut ne pas rester en leur compagnie trop longtemps.
L'équipe pivota là où les yeux méfiants de Derek se perdait et leurs regards convergèrent sur ces points qui grossissaient au fil des secondes et qui ne permettaient plus à l'horizon de s'étaler. Des hommes en lourds habits, à priori armés de lances en bois et ferrailles. Ils portaient des bottes renforcées en laine, des turbans et le deel, vêtement traditionnel mongol. Trois d'entre eux détenaient un arc et un carquois bien rempli. Ils avançaient droit vers eux, refermant le passage pour sortir du renforcement dans la montagne. Piégés, le Tueur suggéra naturellement :
— Écrasons-les. Nous avons l'avantage grâce au vanne.
— Ils donnent peut-être l'impression de chétifs créatures humaines, mais ils sont bien plus ! avertit la chamane, elle-même intimidée par ces hommes.
— D'autres survivants du Stasensë qui le protègent ? déduisit Yi Jing.
— Non, répliqua-t-elle. Des mandataires du Stasensë. Appelons-les par un nom simplifié. Des gardiens.
— Nous sommes trop cons pour comprendre leur véritable nom ? se vexa Moore.
— En effet, articula lentement la vieille sorcière. Ne prenez pas la mouche ainsi, Tueur ! Je ne le comprends pas non plus. Nul ne le peut. Il s'agit d'un peuple aussi vieux que les racines de ces montages. Ils vivent ici depuis aussi longtemps qu'existe le Stasensë. Ils sont dangereux. Ils sont rapides. Ils sont efficaces. Ils sont destructeurs. Peut-être avons-nous reçu la bonté de Sukh, mais eux ne jouissent d'aucune forme d'émotions positives. Ce sont des tueurs qui préservent bec et ongles ce qu'ils ont juré de conserver, dans le sang, la poussière et l'infortune. S'ils ne nous jugent pas dignes du Stasensë, ils nous trancheront la gorge et nous laisseront pourrir dans la terre jusqu'à ce que nos corps se décomposent et que nous soyons ensevelis à tout jamais, dévorés par les insectes et le temps.
Un silence pesant tomba sur l'équipe. Ils n'osèrent prendre la parole suite à ces éclaircissements qui leur donnaient l'envie irrépressible de courir loin de là en appelant leur mère au secours. A une exception près...
— Ouah, ça m'a l'air terrifiant... Réussirons-nous à parcourir un bout de chemin sans se faire agresser par du vent, du brouillard, des bébêtes bizarres ou des hommes de Cro-Magnon en capes de peau de yaks ?
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Stasensë - L'âme du désert.
AdventureDerek Moore est un psychopathe reconnu pour divers meurtres et il s'est évadé de l'hôpital psychiatrique, seul rempart qui l'empêchait de répandre sa cruauté sans limite. Charlie Wilson est un agent d'Interpol et il est chargé de l'enquête visant à...