Stasensë - L'âme du désert.

La troisième salle

En pénétrant dans la troisième pièce, ils espérèrent que ce soit la dernière. Daniel venait tout juste de s'écrouler, Soo Ah avait insisté pour qu'ils attendent son réveil et Manuela avait ordonné le contraire. De ce fait, la coréenne boudait dans la salle précédente, entre l'odeur putride des rats suicidaires et le chaos de la carcasse du serpent géant, pendant que les autres s'aventuraient dans l'inconnu, priant pour que les pièges cessent. Jiahao s'était rétracté avant de traverser le tunnel et il était retourné auprès du français. Son grand frère l'y avait autorisé, conscient que le danger n'était plus derrière eux. Il était devant. 

— Toutes ces salles se ressemblent, marmonna Magnus. 

— Et à quoi vous attendiez-vous ? répliqua âprement Manuela. 

— Pas besoin d'être méchante, soupira le magicien. 

Cependant, il n'avait pas tort. Comme celles d'avant, ils arrivèrent dans une salle faite de roche et parsemée de petites touches de jade. Hormis la gemme verte qui rajoutait de l'élégance à l'endroit, tout était vide. Puis tout se remplissait de dangers irréels. Magnus n'aimait pas cette absence de décorations – laissez-le une journée là-dedans avec les mobiliers adéquats et il pouvait donner des airs de palace au plus terrible des taudis ! Aussi, cet espace poussiéreux et désert l'angoissait : à tout instant, des bêtes pouvaient bondir d'un recoin sombre ou la structure pouvait s'effondrer sans crier gare. Il lui fallait une grande force pour ne pas appeler sa mère au secours et rêver de son chez-lui.  

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Yi Jing et il pointa un des murs, Charlie s'y dirigea. Attends, c'est probablement un piège.

— Quel est le plan pour cette salle ? rétorqua Charlie. Nous avançons vers la porte et nous attendons le prochain piège ? Ou est-ce que nous essayons d'anticiper pour une fois ?

— Le Stasensë se trouve derrière cette porte ! affirma Manuela. Je ne l'ai jamais senti aussi proche de moi. Il est là et nous sommes toujours vivants. Cela ne peut signifier que deux choses : soit nous avons été élus méritants et il nous octroie le droit de le rencontrer, soit il nous tue ici et maintenant. Ou bien...

Sa voix se chargea d'un ton nouveau qui piqua la curiosité des autres.

— Ou bien, j'ai réussi et je l'ai fait plier... 

— Pas compris ! s'exclama Magnus en ignorant la chamane.

L'agent roula des yeux et suivit son instinct – bien qu'il aurait mieux fait de s'abstenir. Il s'approcha du point désigné par le chinois et il distingua de plus en plus clairement de quoi il s'agissait. Un miroir. Recouvert de poussière et de toiles d'araignées. Magnus grinça des dents quand Charlie posa sa main sur la surface de verre et la nettoya. L'As Danois aurait été incapable de la toucher ! Ils se rendirent compte que la pièce était encerclée de glaces. L'américain se chargea de les dépoussiérer et il revint ensuite au milieu afin d'avoir une vue d'ensemble.

— A votre avis, à quoi servent ces miroirs ? questionna-t-il.

— Je reste persuadé que tu viens de déclencher un piège, fit Yi Jing.

— A n'en point douter ! confirma l'agent.

— Pause ! intervint Magnus. Tu savais tu actionnais un énième piège, mais tu l'as quand même fait... D'accord, ce type est fou ! C'est l'autre crétin qui a déteint sur toi ? D'ailleurs, je croyais qu'il était censé nous rattraper ! Où est-il ? 

— Où penses-tu qu'il soit ? railla Charlie. Il se trouve forcément quelque part en train de parler à une araignée ou à un mur ! Comme d'habitude !