«Tout allait bien et il a fallut que cette grosse prune violette débarque pour foutre le bordel.»
Évie et Colin et leur famille ont reprit leur vies tranquilles. La routine s'est de nouveau installée. Aucune menace à l'horizon pour assombrir leur b...
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Une semaine s'était écoulée depuis sa disparition. Une semaine marquée par des larmes à foison et une profonde tristesse. Je n'étais pas rentrée à New York, je m'étais installée dans le chalet de Tony et Pepper, ou plutôt dans la chambre que mon père avait aménagée pour moi lorsqu'ils avaient emménagé dans cette nouvelle maison, dans le cas où je déciderais de quitter mon appartement dans cette grande ville qui ne dort jamais, qu'étais New York. Depuis une semaine je vivais confinée dans cette chambre, n'ayant pas la force d'en sortir et de risquer de croiser son regard au détour d'un couloir dans l'une des innombrables photos de famille qui recouvraient les murs, ou de me rappeler des moments passés ensemble en revoyant un simple objet lui appartenant, ou encore Morgan, qui était sans doute son souvenir le plus douloureux, je le voyais à travers elle, une douleur insoutenable.
Je refusais toujours d'accepter ce qui lui était arrivé. Apparemment une des grandes phases du deuil : le déni. J'étais en plein dedans. Pepper avait essayé de me parler de ces phases du deuil auxquelles il fallait faire face avant de retrouver la paix et espérer retourner à une vie normale et un esprit tranquille. Mais c'était bien souvent une conversation à sens unique, elle parlait, et je me contentais de l'écouter. Mais je crois qu'elle appréciait ces moments-là, ça lui faisait du bien de parler, de se confier, elle en avait besoin. De mon côté, sa simple présence me faisait du bien, et sa voix m'apaisait, et bien-sûr, elle choisissait tous ses mots avec une extrême précaution, en évitant tout ceux qu'il utilisait souvent ou ses expressions fétiches. Un jour, alors qu'elle me parlait de la phase d'acceptation du décès, elle m'avait dit que ses funérailles allaient marquer un tournant dans mon deuil, et que j'allais sortir de cette phase de déni, et commencer doucement à accepter. Ce jour était arrivé et pourtant le déni était toujours bien présent. Peut-être que c'était moi qui refusais de le laisser partir.
Par la fenêtre, je voyais le jardin près du lac, qui se remplissait petit à petit de personnes venues rendre hommage à mon père. Impossible pour moi de concevoir que d'ici une heure, j'allais devoir quitter ma chambre, mon cocon, et affronter les regards remplis de pitié des autres et leurs condoléances à n'en plus finir. Cette simple idée me donnait la nausée. Sentant mon cœur s'accélérer, je m'éloignais de la fenêtre, pour m'allonger sur mon lit, et reprendre mes esprits, laisser les battements effrénés de mon cœur se calmer. Les yeux rivés sur le plafond, dont je connaissais désormais les moindres défauts de peinture ou traces d'usure, je refoulais les larmes qui commençaient à affluer aux coins de mes yeux. J'en avais assez de pleurer, mon père n'aurait pas voulu que je me morfonde sur son sort pendant des jours, des semaines. Il aurait voulu que je remonte la pente et que j'honore sa mémoire à chaque seconde que la vie m'offrirait, en érigeant des statues à son effigie dans le monde entier. Cette pensée me fit sourire, oui, il aurait pu le dire, cela lui ressemblait.
Sur la commode en bois en face de mon lit, se trouvait un cadre comportant une photo de mon père et moi, prise aux chutes de Manoa lors d'un voyage à Hawaii, il y a trois ans de ça. Auparavant, ce cadre était le seul bibelot présent sur le meuble, désormais, à côté de nos visages souriants, respirant le bonheur et la joie de vivre, se trouvait une lettre de mon père qu'il avait écrite à mon intention, à côté d'un petit sac en papier cartonné rouge. Pepper avait déposé ces deux objets sur la commode il y a deux jours, je n'y avais toujours pas touché. Je n'avais pas encore eu le courage de découvrir ce qu'il m'avait laissé.