«Tout allait bien et il a fallut que cette grosse prune violette débarque pour foutre le bordel.»
Évie et Colin et leur famille ont reprit leur vies tranquilles. La routine s'est de nouveau installée. Aucune menace à l'horizon pour assombrir leur b...
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Les mains tremblantes. Je cherchais Jim dans la liste de mes contacts. J'appuyais sur son nom et l'appel se lança. Pas question de faire marche arrière désormais.
-première sonnerie-
J'étais assise sur le lit, les yeux humides, me concentrant sur ma respiration pour ne pas paniquer. Je n'espérais qu'une chose: qu'il réponde.
-deuxième sonnerie-
Ma respiration devint plus forte et plus rapide, mon cœur se mit à battre encore plus fort. J'imaginais déjà le pire. Pourvu qu'il réponde.
-troisième sonnerie-
Je commençais à perdre espoir. Le signal qui se répétait pour la troisième fois maintenant, me glaçait le sang. Répond Jim.
-quatrième sonnerie-
Les chances pour qu'il réponde se réduisaient petit à petit. Je crois que je ne supporterais pas de le perdre lui aussi, je souffrais déjà assez comme ça. S'il te plait Jim.
_ Évie?
Sa voix venait de résonner dans mon portable. Je soupirai de soulagement, les yeux fermés, j'étais tellement heureuse d'entendre sa voix. Moi qui ai bien cru ne plus jamais l'entendre.
_ Jim! Tu vas bien? Dis-je en essuyant quelques larmes qui roulaient sur mes joues.
_ Ça peut aller, je sentis de la tristesse dans sa voix, et toi? Je te croyais morte! J'ai essayé de t'appeler ces derniers jours, sans réponses.
_ Je suis un peu... beaucoup perturbée, comme tout le monde je pense. Je suis désolé Jim, je suis à New York seulement depuis un jour, et je n'avais pas de portable là où j'étais... c'est une très longue histoire.
_ Je comprends mieux. Quand j'ai vu ton nom sur l'écran j'ai cru que je rêvais, où que je devenais fou. J'espère que tu me raconteras cette histoire.
Je soupirai. C'était encore difficile pour moi de parler de tout ça, mais pourquoi pas essayer...
_ Tu es à New York? Demandais-je.
_ Oui bien-sûr.
_ On se rejoint à Central Park?
_ Ça marche, à Central Park dans 15 minutes.
Il raccorcha. Je passai une main dans mes cheveux avant de m'allonger sur le lit, quelques secondes, pour calmer mon cœur qui battait beaucoup trop vite.
Allan frappa à la porte, et passa sa tête dans l'ouverture de la porte. Je me redressai et lui souris:
_ Il va bien, dis-je.
_ heureux de l'apprendre.
_ Je dois le rejoindre à Central Park dans 15 minutes, on a beaucoup de choses à se dire.
Je me remis debout et prit Allan dans mes bras. Il fut d'abord surpris de ce geste venant de moi, je fus aussi surprise que lui à vrai dire, puis il ressera l'étreinte.
_ Merci Allan, je reviendrai te voir dès que possible.
_ Tu seras la bienvenue Évie.
* * *
Je sortis de l'immeuble, et pris le chemin pour Central Park. L'espace d'un instant j'avais oublié à quel point la ville était vide, la réalité me rattrapa rapidement lorsque je fis mes premiers pas dans la ville fantôme. Tout ici avait des airs de fin du monde.
La route était couverte de débris, de carcasses de voitures qui, comme Allan me l'avait décrit, s'étaient encastrées dans les façades des buildings. La plupart des boutiques étaient fermées, les vitrines étaient cassées, les débris de verres jonchaient le sol. Certains riverains, armés d'un balai, nettoyaient le pas de leur porte ou un morceau de leur rue.
Du peu de personnes que j'ai rencontré, elles étaient très peu différentes les unes des autres, des mines tristes et renfermées, les regards rivés sur le sol. D'autres qui se retrouvaient et pleuraient ensemble endeuillées.
Le grand gymnase proche du parc, avait été transformé en centre d'accueil pour ceux qui en auraient le plus besoin. Des bénévoles apportaient leur soutien aux personnes seules, aux familles divisées. De la nourriture était distribuée et des espaces de jeux et de repos avaient été ouverts. De quoi apporter un peu de réconfort à ces personnes. Nous devions tous être solidaires. Ce n'était pas grand chose, mais assez pour réchauffer les cœurs endeuillés.
J'arrivais enfin vers Central Park, qui lui aussi était vide, seulement quelques personnes s'y promenaient, le cœur lourd. C'était une toute autre ambiance, comme une journée pluvieuse en automne. Déprimant.
En face de moi, c'est la silhouette de Jim qui se dessina. Lorsqu'il me vit, il se mit à courir vers moi et je fis de même. Arrivée à sa hauteur il me prit dans ses bras. Des larmes de joies s'echapèrent de mes yeux, il était là, il était vraiment là. Nous restâmes ainsi, enlacés l'un à l'autre, pendant plusieurs minutes.
* * *
_ Je suis désolé de ne pas avoir pu t'appeler plus tôt, dis-je tandis que nous nous dirigions vers un banc.
_ Tu n'as pas à t'en vouloir, tu n'étais pas à New York et tu n'avais pas de portable.
_ C'est vrai, dis-je en souriant.
_ Tu tiens le coup toi? Demanda-t-il doucement en me regardant droit dans les yeux.
Je le regardais alors dans les yeux, hésitant avant de répondre.
_ C'est difficile... mais on a pas le choix, il faut faire avec ou plutôt vivre avec.
_ Tu as raison, répondit-il, j'ai perdu mon père, certains de mes amis, et d'autres de qui je n'ai toujours aucunes nouvelles... il s'appuya contre le dossier du banc et soupira, c'est difficile...
_ J'ai perdu mon frère, ma mère et bon nombre de mes amis, dis-je en sentant mes yeux redevenir humides, et je n'ai pas de nouvelles de mon père, depuis des jours et des jours...
_ J'ai vu ton père partir avec toi dans ce vaisseau alien, qu'est-ce qu'il s'est passé là-haut?
_ C'est une longue histoire et je ne sais pas si j'aurais la force de te la raconter dans son intégralité, je le regardais droit dans les yeux, et je ne veux pas te casser le moral davantage, parce que j'ai vu et je me suis battu contre le monstre qui a fait ça... tu veux vraiment que je te raconte?
Il acquiesca, alors je commençai mon récit. Je me souvenais des moindres détails, qu'il s'agisse du lieu où nous étions ou des paroles échangées, tout était gravé dans ma mémoire. Jim m'écoutais attentivement, absorbé par cette histoire qui était tout sauf un conte de fée. En racontant tout ce qui s'était passé dans ces différents endroits, je me rendis compte des risques que j'avais pris, et de la chance que j'ai eu de m'en sortir. J'avais été totalement inconsciente, mais ces choses là on ne les sait pas sur le moment, c'est seulement après, quand on prend du recul, que l'on s'en rend compte.