Prologue

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Lorsque Ciela ouvrit les yeux, elle faillit vomir tant l'odeur était insupportable. La jeune fille se leva avec difficulté, faisant bruisser le tissu de la robe blanche dont elle était vêtue, et réalisa qu'elle était pieds nu ... en plein milieu d'une mare de sang. Elle recula en hurlant, complètement paniquée, prise d'une horrible nausée. Après quelques secondes d'adaptation à l'odeur, Ciela trouva le courage de lever les yeux et de regarder autour d'elle. Elle retient de justesse un grand hurlement : partout autour d'elle gisaient des corps sans vies, les uns parés d'armure blanche, les autres d'armure noire, sur ce qui semblait être une prairie gigantesque, funeste champ de bataille. Et tous sans exception avaient rendus l'âme. Alors que l'adolescente s'apprêtait à éclater en sanglots devant tant d'horreur, elle entendit des éclats de voix. « Des survivants ! » pensa-t-elle. Ciela se mit à courir à en perdre haleine en direction des deux voix, n'hésitant pas, malgré sa répugnance, à enjamber les cadavres des soldats tombés au front. C'est alors qu'elle aperçut une vague forme mouvante au loin. Le cœur battant, elle se précipita vers cette dernière, heureuse de trouver une autre personne en vie malgré le carnage autour d'elle. Elle s'arrêta d'un coup en réalisant la scène qui se déroulait sous ses yeux, et dégluti. Un jeune garçon, plus jeune qu'elle, aux cheveux roux flamboyants et aux déconcertant yeux vert, vêtu d'une armure blanche tenait quelqu'un dans ses bras. Le roux pleurait à chaudes larmes, criant des mots incompréhensible à cause de ses sanglots. Ciela baissa la tête et retînt un gémissement d'horreur. Un adolescent, sans doute à peine plus vieux qu'elle, aux cheveux rouge comme le sang et aux yeux doré comme le soleil, lui aussi vêtu d'une armure blanche, avait un énorme trou dans la poitrine, et était couvert de sang, mais semblait sourire, malgré sa blessure mortelle. Ne voulant pas déranger les adieux déchirants, elle songea à s'éloigner, le temps que l'agonie du jeune homme prenne fin, mais ce dernier ouvrit la bouche et Ciela ne put que tendre l'oreille :

- Écoute ... Philios ... Ne t'en veux pas ... Pour Almarica ... Et les autres ...

- L-LA FERME ! Tais-toi ! Économise tes forces ! Je, je vais te sauver Fenror ! cria le dénommé Philios entre deux sanglots.

Fenror secoua lentement la tête et esquissa un sourire avant de tendre la main vers le ciel éclatant de bleu.

- Non ... Je vais ... enfin rejoindre ... Svelja ... et tout le monde ... S'il te plaît, Phi ... Toi et Almarica, continuez à vivre ...

Soudain ses yeux se firent vitreux et le bras tendu de Fenror s'affaissa mollement dans l'herbe de la prairie.

- F-Fenror ? appela doucement Philios en secouant le corps de son ami. Réponds moi ! Non ... NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!

Et le roux hurla avec une telle force que Ciela plaqua ses mains sur ses oreilles. Soudain, tout devint noir, et la jeune fille eu l'impression de sombrer dans une abysse sans fin, où les échos des hurlements du mystérieux garçon roux résonnaient sans fin ...

S.E.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant