TW : Mention de maltraitance, blessures, cicatrices.
Quelques nuits plus tard ils traversèrent le château endormi sous la cape d'invisibilité pour se rendre jusqu'aux serres. À cette heure ci Poudlard était effrayante et, par deux fois, Peter sentit son coeur s'arrêter à l'idée qu'ils soient surpris. Ce fut juste quand ses sens ne furent plus aux aguets que Miss Teigne frôla la cheville de Sirius qui serra le bras de James pour ne pas crier, transmettant la panique à ce dernier. Il hurla de surprise, sa voix résonant en écho dans le silence des murs de pierre. Un fantôme interrompit sa déambulation, un tableau gémit dans son sommeil. Le chat suspendit sa marche, une patte en l'air. Il y eu un flottement.
On poussa Peter jusqu'aux serres alors que les deux autres se dévoilait à l'animal. Si Miss Teigne les avait vu, Rusard ne tarderait pas à en être informé. Dire qu'ils finissaient à peine de libérer leurs emploi du temps de toutes ces heures de retenues...
La cape sur le dos, Peter longea le couloir pour s'enfermer dans la serre. Il aimait particulièrement cet endroit. La présence des plantes magiques l'apaisait et c'était l'un des rares endroits qui ne donnait pas l'impression d'être habités par des démons dès que tombait la nuit. Il aurait put s'y perdre pendant des années en temps normal. Mais pas ce soir. Ce soir il fallait faire vite, surtout quand il s'agissait de cueillir des feuilles de mandragores.
Il aurait préféré que ses amis l'accompagne. Pour peu que certaines d'entre-elles ne soit pas rempotées, il se retrouverait vite au sein d'un choeur de jeunes pousses qui ne tarderaient pas à l'assommer, si elles ne le tuait pas. Il prit une grande inspiration, déroba un cache-oreille dans le bac que Mme Chourave réservait aux étudiants, par précaution, et se lança.
Il s'approcha de la plante la plus proche, s'assura que sa petite tête était enfouie sous la terre et chuchota des excuses tandis qu'il arrachait trois de ses feuilles. Il n'était pas tout à fait sur de combien il devait en prendre.
Au moment où il s'apprêtait se précipiter hors de la salle et à refaire le chemin dans l'autre sens, il distingua la lueur d'une bougie à travers les murs de verre brouillé de verdure et se cacha sous la table par réflexe, tout en ajustant la cape. Il reconnu les bottes de Madame Chourave suivies de près par le ton paniqué de Mme McGonnagall. Il ne comprit pas de quoi il était question, paralysé de peur à l'idée que quelque chose ne tombe sous la table ou qu'un silence ne fasse résonner sa respiration. Rien ne vint. Quand les deux femmes quittèrent les lieux et qu'il atteignit les portes du dortoir, il laissa échapper un franc soupir de soulagement.
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Le château se couvrait d'une épaisse couche de neige, le lac noir gelait et le givre se déposait sur les feuilles. Cela aurait pu être poétique, mais en ce matin de février, aucune poésie n'aurait pu toucher le coeur de Sirius. Il n'avait de la place que pour la peur.
Muet, la feuille de mandragore sous le palais, il s'aventurait vers deux longues semaines dans la maison de ses parents durant lesquelles il n'allait même pas parlé à son frère. À son retour il cacherait de nouvelles cicatrices sous ses pulls et ses sourires. Il serait fatigué. Il était fatigué. Il ne se sentait pas bien. Ses cheveux, ses pupilles avaient perdu de leurs éclat. Le vernis de ses ongles était tout écaillé. Il avait choisit de le garder, cette fois-ci. Iels auraient trouvé quelque chose contre lui de toutes façons, autant rester soi-même.
Il avait songé à passer les vacances ailleurs : dans les couloirs du château, chez l'un∙e de ses ami∙es ou dans la rue, tant qu'à faire, mais ses dernières tentatives avaient été vaines. En décembre, quand il ne s'était pas présenté à la gare, on était revenu le chercher pendant son sommeil et il s'était réveillé au Square Grimmaurd. Ce devait être l'oeuvre de Kreattur. À son retour à l'école, une blessure sur son ventre l'avait empêché de s'investir dans l'exploration des passages secrets ou les guerres entre maisons. Sa génitrice avait fait exprès de lui faire mal pour qu'il ait l'impression de la sentir derrière lui en continu, comme elle l'avait fait il fut un temps avec son foutu collier, il en était sûr.
Il lui en voulait plus que jamais. Les moments passés entre maraudeurs étaient les plus précieux. Elle n'avait pas le droit de les lui enlever ! Il n'avait pas pu se résoudre à aller à l'infirmerie, pas même à expliquer la situation à qui que ce soit. Il avait peur de la réaction de James, de Peter... Même s'il les aimait beaucoup, il savait aussi qu'ils ne pourraient pas comprendre, qu'ils ne sauraient pas quoi dire. Il avait peur de casser quelque chose.
Et Remus avait déjà assez de problèmes comme ça.
Quelques nuits avant le départ, sur des heures d'insomnie, il observa l'état des blessures dans le miroir de la salle de bain. Certaines avaient complètement disparues, bien que la douleur physique et mentale soit toujours là. D'autres persistaient, immortalisées par la magie. La première était toujours là, descendant de son épaule à son ventre. Il soupira en enfilant un pull. Il aimait bien son corps, ne voyait rien à y changer. Rien à part les cicatrices qui creusaient sa peau et qui l'empêchait d'oublier son passé.
Il était tôt le matin ou tard dans la nuit. Il sortit de la salle de bain en soupirant, sentant la feuille vibrer sur sa langue - mais le pire restait quand il fallait manger avec.
« Starman ?
- Moony ?
Les yeux de Remus brillaient dans le noir d'une manière surnaturelle. Sirius distinguait à peine son corps redressé sur son lit et ses cheveux aplati d'un coté à cause de l'oreiller mais il savait que Remus pouvait le voir, lui. Les loups-garous voyaient dans le noir et entendaient les battements des coeurs, rares avantages de leurs conditions. Il l'avait lu car, oui, dans l'idée d'aider Remus, il avait écumé en secret tout les ouvrages de la bibliothèque se rapportant au sujet, même s'il ne l'avouerait jamais à haute voix.
... Je t'ai reveillé ?
- C'est pas grave. Ça va ?
- Mm.
- Tu veux en parler ? »
Il rejoignit le garçon sur ses draps et ne mit qu'un instant avant de se décider à raconter. Il se sentait toujours en confiance à cet endroit, dans ces moments.
« J'en peux plus.
Il ne voulait plus que qui que ce soit voient ses marques mais il baissa les yeux vers une vieille entaille qu'il avait un jour montrée à son ami.
... Je les déteste. Et je déteste les marques qu'iels ont faites sur mon corps pour que je ne les oublie pas.
- Je comprends. répondit Remus.
Lui aussi détestait ses cicatrices et la personne qui les lui avait faites.
« Je veux me barrer de là-bas.
- Pourquoi tu le fais pas ?
- Où est-ce que j'irais ?
Et puis... je ne peux pas laisser mon frère.
- Iels lui font du mal à lui aussi ?
- Non. »
« Iels le feront si je pars. »
« Tu pourrais les couvrir.
- Quoi ?
- Tes cicatrices, tu pourrais les recouvrir.
- Les recouvrir ?
- Les tatouer ? »
Sirius sourit, médita un instant et laissa tomber son dos sur le matelas. Les tatouer. Ça, c'était une idée qui lui plaisait.
« Ça ce serait vraiment punk. Moony, tu es merveilleux !»
Et le dit-Moony fut bien heureux d'être le seul à savoir à quel point il rougissait.
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Heroes
FanfictionDeux garçons hésitants et deux autres trop imbus d'eux-mêmes forment le groupe le plus explosif de l'école. Ils grandiront pour devenir ceux qui affronteront Voldemort, mais pour le moment ils vivent leurs adolescence dans les couloirs de Poudlard. ...