Heroes

ʜᴜɴᴋʏ ᴅᴏʀʏ, part.I

Franchissant le passage menant au quai de la voie 9 ³/₄ , l'envie d'être invisible le reprit. Remus s'impatientait de découvrir cette école, ces gens, cette magie, ce monde. 

Quand l'homme à la longue barbe blanche lui avait rendu visite, il avait cru ouvrir les yeux pour la première fois. D'autres possibilités s'offraient à lui. Remus avait imaginé trop longtemps, avant cette soirée, qu'il ne pourrait vivre qu'en loup solitaire perché en haut d'une falaise. Qu'en monstre dévoreur d'entrailles.

Avoir de nouveau de espoir le rendait inquiet. Effrayé que ce magnifique destin ne se fane avant qu'il ne puisse le cueillir. C'était trop beau pour être vrai, pensait-il.

Il saisit sa malle et s'empressa de monter dans le train rouge et noir. Il y senti les effluves des friandises, une atmosphère confortable et rassurante. Les lointains rires des enfants formaient une douce mélodie. 

Son père et sa mère lui avaient fait des adieux larmoyants qu'il avait trouvé hypocrites. On lui avait souhaité un bon premier trimestre avec un soulagement déguisé en fierté. « Il est enfin normal. », lisait-il. Une petite voix dans sa tête, ne cessait de le lui rappeler, depuis ;

Si penses qu'aller à l'école fait de toi un enfant comme les autres, tu peux toujours courir. Tu peux bien porter ton masque, tu seras toujours un monstre. Un loup est toujours un loup dans des habits de fée.

Remus secoua sa tête pour faire taire sa conscience. Elle reviendrait vite, il le savait, mais il avait besoin de tout le courage qu'il possédait pour le moment, pas d'être rabaissé. 

Il aimait savoir que les gens l'appréciaient et faisait tout pour que se soit le cas. S'il percevait de la désapprobation dans un regard ça lui faisait très mal. Malheureusement, lorsqu'il faisait quelque chose pour plaire à quelqu'un∙e, il déplaisait à un∙e d'autre. 

Il avança au hasard dans le train. Il était en avance, il pouvait choisir son compartiment. Il jeta des coups d'oeil à travers les vitres pour observer les places. Elles se ressemblaient toutes. N'importe laquelle lui aurait convenue mais il n'avait rien d'autre à faire que de déambuler, de préférence jusqu'à un endroit vide. 

Il choisit la septième cabine, se plaça juste à coté de la fenêtre pour pouvoir regarder l'horizon. Pour le moment, il n'y voyait que le quai bondé de la gare. 

À l'écart, une famille plus austère que les autres - à l'aura ténébreuse, se démarquait. Une dame imposante de sévérité aux allures victoriennes, un homme à son bras et un enfant caché derrière elleux faisaient leurs adieux à un garçon. Lui semblait se sentir empoté dans son costume trop sage, ses boucles brunes dévalaient ses épaules et il fronçait les sourcils. Remus se figea, car les pupilles sombres du garçon rencontrèrent les siennes le temps d'un soupir. 

« Est-ce que je peux m'asseoir ici ? 

Demi-tour vers l'intérieur du train où Remus découvrit un garçon de son âge, avec des joues rondes et un air timide. Il n'était pas de ceux qui avait une présence oppressante, Remus s'autorisa à lui sourire. 

- Si tu veux. 

Il prit place en face de lui après avoir posé sa malle au dessus de sa tête. Il n'avait pas l'air bien riche - le bagage était plus vieux que lui - mais ce n'était pas le genre de choses qui importaient pour Remus.

- Je m'appelle Peter Pettigrow ! se présenta le nouveau.

- Remus Lupin.

- Enchanté. »

Intérieurement, Remus fut heureux d'échanger avec un camarade aussi tôt. Il était allé à l'école moldue quand il était petit et il y avait appris que s'il ne se faisait pas d'ami∙es dès la première semaine de classe, il resterait seul.

Ce qui ne serait pas plus mal. 

Remus replongea dans son observation du quai, mais il n'y avait plus de traces de l'étrange famille, plus que des adultes agitant leurs mains vers les vitres et envoyant des baisers dans le vent. 

L'heure du départ approchait. 

La porte coulissante du compartiment se rouvrit avec précaution.

« Je peux venir avec vous ?

Une jeune fille rousse, couverte de tâches de rousseurs, avec un petit nez en trompette et un grand sourire fit entra dans la cabine. Elle portait déjà son uniforme de sorcière et transportait un énorme chat au pelage tricolore qui ronronnait fort. 

Peter l'invita sans hésitation. 

Elle s'assit à coté de Remus et posa son chat entre elleux, puis en tendit sa main tout naturellement à son nouveau voisin pour se présenter :

- Je m'appelle Lily Evans (puis, désignant le chat :) et elle c'est Mademoiselle Snork. »

Comme Remus se contentait de les regarder, elle digéra le coup en se tournant vers Peter. 

« Heureusement que j'ai trouvé un wagon ! déclara-elle. Je me suis enfuie de celui d'avant parce qu'il y avait un garçon stupide avec des lunettes qui faisait n'importe quoi. Je suis un peu déçue de ne pas avoir trouvé où était mon meilleur ami par contre... vous n'avez pas vu un garçon brun avec un livre sur les sortilèges ? »

Remus se concentra sur le paysage qui défilait derrière la vitre. Il contempla les champs, forêts, rivières se succéder. Il avait encore du mal à réaliser où il était.

Lily monologuait beaucoup avec sympathie et d'authenticité. Si elle semblait disposée à écouter n'importe qui, elle n'eut pas à le faire durant les premiers temps du trajet car elle était la seule à parler. Remus ne saisissait que des bribes de phrases car son cerveau divaguait vite vers d'autres songes aléatoires quand il observait la nature, mais Peter, lui, ne lâchait pas Lily du regard. Il voulait se faire des ami∙es, lui aussi.