ᴀ ʟᴀᴅ ɪɴsᴀɴᴇ, part.26

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Le camp des sangs-purs se situait au sommet d'une montagne française trop terne pour que les moldu∙es n'aillent s'y aventurer. Les hivers y étaient sans doute rudes mais nous étions en été et Sirius devait se mettre torse nu à la moindre occasion pour ne pas fondre. Cela lui valait des réprimandes. On ne s'habillait pas n'importe comment chez les sangs-purs. Lui ne comprenait pas par quel miracle Regulus réussirait à rester en manches longues. 

En plus de la chaleur, les activités était un enfer. Quand il fallait parler une idéologie raciste était mise en avant et quand il fallait bouger un contrôle de soi sans faille était attendu. À la fin des séances d'exercice si on ne s'écroulait pas, on était puni pour s'être plaint d'une crampe ou d'un point de coté. Ça se rapprochait davantage d'un service militaire que d'une colonie de vacances.

Le jeune homme était haï et il le rendait bien. Tout le monde savait que c'était un traitre à son sang, même parmi les français∙es (on ne mettait pas son enfant dans un endroit pareil pour qu'il devienne tolérant). Et Regulus ne disait toujours pas un mot quand il restait avec lui alors il était difficile de savoir s'il pensait comme les autres. 

Sirius ne pouvait même pas parler avec James car il partageait son dortoir avec son frère et Evan Rosier. Il l'avait accepté, certes, mais c'était parce qu'il n'avait pas d'autres choix et qu'il s'était dit que ça ferait plaisir à Regulus. À plusieurs reprises il fit mine d'aller aux toilettes ou à la douche pour retrouver discuter avec son ami mais se rendit compte qu'il ne pouvait pas abuser de cette technique. Les autres n'étaient pas dupes, d'autant plus qu'au vu de sa réputation, les adultes comme les enfants étaient chargé∙es de le surveiller. 

« Merde.»

Revenant d'une expédition-James qui avait durée plus d'une heure et où il avait bien fallait se faire pincer, il avait ouvert la porte de la chambrée et l'avait refermée aussitôt. Il resta un moment devant, sans savoir quoi faire jusqu'à ce que Rosier ouvre le battant pour sortir en vitesse. 

Dans la pièce Regulus était assis sur son lit, paralysé. Cette fois ses expressions faciales parlaient d'elles-mêmes. Il regarda Sirius, en colère plus que terrifié. Celui-ci avait pensé que peut-être il n'avait pas bien vu, que d'une façon ou d'une autre son frère n'était pas en train d'embrasser Rosier mais de faire autre chose qui y ressemblait. Pourtant plus le silence s'éternisait et moins il y avait de doutes, surtout quand le plus jeune le brisa pour dire :

« Dis jamais ça à personne. 

Sa voix avait changée. Il ne l'avait pas entendue depuis longtemps et elle avait changée. Elle n'avait pas encore muée mais elle était différente d'avant : plus froide, plus sûre d'elle. Cela déstabilisa Sirius qui lâcha sans réfléchir les mots qui avaient tourné dans sa tête durant les longs instants de silence. 

- Je le ferai pas mais, putain, Reg, t'as que onze ans ! T'es trop jeune pour ce genre de truc. 

- Tu as embrassé Viviane Travers à une fête de famille quand tu avais six ans. rappela Regulus qui arrivait à rester calme - ses genoux bougeaient, mais il faisait ça tout le temps. Ou alors tu dis ça parce que c'est un garçon ?

Dans n'importe quel autre contexte et quelques années plus tard Sirius aurait été content de voir son frère embrasser quelqu'un∙e, garçon ou pas. Il s'en fichait pas mal, il voulait qu'il soit heureux. Mais un premier baiser dans un camp de sang-pur entre mangemort c'était juste glauque, et embrasser un garçon là-bas c'était risquer sa vie. Regulus ne le savait-il pas ? Est-ce qu'il s'en fichait ? Rosier pourrait le dire à d'autres, Sirius les avait surpris et une magie espionne quelconque aurait pu rapporter l'événement pour le faire parvenir aux oreilles de leurs géniteur∙ices ! Un garçon qui embrassait un autre garçon ce n'était pas anodin comme ça aurait du l'être. Certes ça ne voulait pas dire que Regulus aimait les garçons mais Sirius ne pouvait s'empêcher d'imaginer à quoi sa vie ressemblerait si c'était le cas et d'en être inquiet. Il ne pourrait jamais être heureux chez les sang-purs et Regulus n'était pas comme lui, il était attaché aux sang-purs et il était à Serpentard. Il y serait piégé jusqu'à sa mort.

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