ᴅɪᴀᴍᴏɴᴅ ᴅᴏɢs, part.46

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TW : chocolat, mention de maltraitance, mention d'alcool 

« Sirius ? »

L'interpelé se réveilla en sursaut, suivi de près par le garçon qui dormait à ses cotés. L'esprit encore embués par leurs rêves, ils mirent un instant à se souvenir d'où ils étaient et de pourquoi. Il faisait à peine jour et les valises fermées trainaient sur le sol. 

Sirius sortit du lit de Remus en se rendant compte qu'on le fixait. Ce n'était pas les regards indifférents de Frank, James ou Peter qui le gênait mais surtout ceux de Marlène, Lily et Dorcas qui se tenaient sans raisons au beau milieu du dortoir. Le sourire plein de sous-entendu de Dorcas rendu Remus rouge de honte. Les voix dans sa tête le poussèrent à courir se réfugier dans la salle de bain. 

« Sirius ?  répéta Marlène. 

La jeune fille, déjà coiffée, habillée et maquillée, se tenait maintenant en face de son petit-ami, lui fit un sourire auquel Sirius avait du mal à répondre. Une boule dans la gorge. Sans savoir pourquoi, sa conscience lui criait qu'il avait fait quelque chose de mal. 

Il opta pour rejeter la faute sur les autres : qu'est ce qu'elles faisaient dans leurs dortoir, à l'heure d'un départ ? C'était un truc qui se faisait, ça, maintenant ? 

La feuille de mandragore dans sa bouche n'arrangeait rien à sa bouche pâteuse. Il avait besoin de se brosser les dents et aucune envie de parler avec Marlène. 

- Quoi ? répondit-il d'un ton un peu plus dur qu'il ne l'aurait voulu.

- J'avais envie de te voir pour te souhaiter de bonnes vacances. Je ne te trouvais nul part. »

Elle croisait les bras et regardait ailleurs. Gênée mais aussi blessée. La plupart du temps elle ne se montrait vulnérable face à personne, mais avec Sirius c'était différent. Ou du moins elle le croyait. 

« Tu sais, dans un couple c'est un truc qui se fait. continua-elle. Surtout quand on ne va pas se voir pendant deux semaines. 

Remus ressortit de la salle de bain et se mit dans un coin où l'on ne pourrait pas le remarquer pour assister à la scène. Ce n'était pas la première fois qu'elle lui faisait ce genre de reproche. Il ressentit un soudain élan d'empathie pour Marlène qui voulait juste voir son amoureux, une gêne en se rappelant qu'il était amoureux de l'amoureux, une peur de briser un couple... puis Sirius croisa les bras à son tour.

- Il y a des choses plus importantes que le couple dans la vie. J'avais d'autres choses à gérer. »

Remus compris, se souvint de la détresse de Sirius. Les autres ne comprirent pas, prirent parti pour Marlène.

Cette dernière était trop inquiète pour lui en vouloir. Son regard s'attarda sur les cicatrices qui s'échappaient de la manche de son petit-ami et que, dans la précipitation du réveil, il n'avait pas prit le temps de camoufler. Il s'empressa réajuster son pull pour les cacher. Trop tard.

Elle s'avança vers lui et releva le tissu pour tout voir. Tout exposer.

« C'est quoi, tout ça ?

Quelle question de merde, pensa Sirius. Tu sais très bien ce que c'est. Et t'as un sacré culot de m'afficher comme ça. Devant tout le monde. Il ne pourrait plus les regarder dans les yeux.

- Lâche moi !

- Il faut que tu ailles à l'infirmerie, que tu préviennes les aurors. Tu peux pas rester comme ça.

- Lâche moi je te dis ! 

Elle le lâcha.

- Je veux juste t'aider. C'est à ça que ça sert, les gens qu'on aime. On est ensemble, il faut qu'on gère les choses ensemble. 

- Dans ce cas il vaut mieux qu'on ne soit plus ensemble. »

Marlène recula, regarda les autres. Personne ne savait quoi faire. Lily finit par prendre la main de son amie et la raccompagner gentiment jusqu'à la porte, suivie de près par le reste de la chambre. 

Seul James et Remus restèrent. Paralysés pendant une minute.

« Pads ? demanda le premier en s'approchant. 

Il le prit dans ses bras et Sirius se laissa faire. Il avait vidé toutes ses larmes pendant la nuit mais il était toujours aussi triste. Remus, mal alaise avec les contacts physiques, lui tendit un morceau de chocolat en guise de réconfort. 

Ils s'assirent tout les trois sur le lit. 

- Je peux en avoir aussi ? demanda James à Remus.

- Je ne partage mon chocolat qu'en cas d'urgence !

- Tssss. Radin. »

.

« Habille-toi mieux que ça, Dorcas Meadowes. Nous allons à l'Église ! s'écria la mère de cette dernière lorsqu'elle la vit descendre la dernière marche de l'escalier. 

Ces derniers temps, ses parents avaient un nombre incalculables de commentaires à faire sur son apparence. Si elle mettait une robe elle était vulgaire, si elle n'en mettait pas elle était trop masculine. Les commentaires sur son style dissimulaient les inquiétudes face aux changements de son corps, elle le savait. Elle savait qu'iels avaient peur qu'elle approche un garçon de trop près. Chez les évangéliques il ne fallait pas risquer de tomber enceinte avant le mariage et surtout pas de quelqu'un pour qui les parents n'avaient pas donné leurs bénédiction. Quelqu'un qui devait être évangélique et jamaïcain de préférence, mais surtout un garçon.  Dorcas n'osait même pas imaginer ce qui lui arriverait si ses orientations sexuelles et romantiques parvenaient aux oreilles de ses parents. C'était un miracle qu'iels aient trouvé un moyen de faire coexister protestantisme et sorcellerie, mais iels avaient une explication pour tout : Dieu leurs avait fait cadeau d'un don voué à faire le bien - le bien, vraiment ?

Elle défit ses ourlets en espérant que cela suffirait. Elle se sentait mal alaise dans cette tenue, elle avait envie de ses pantalons trop grands et de ses cheveux libres. En plus elle maudissait les messes. Elle avait perdu sa foi en Dieu l'année précédente, écoeurée par les discours homophobes que la religion faisait tenir à sa famille, mais elle devait continuer à faire semblant au moins jusqu'à sa majorité. Et parfois elle y revenait car un peu perdue de ne plus avoir de guide. De très longues messes piégée dans l'église l'attendait. Elle se sentait seule, surtout quand elle pensait à ses amies, leurs sainte hétérosexualité et leurs dimanche paisibles. Elle ne pouvait même pas se réconforter dans l'idée d'un retour à Poulard, son amour maudit pour Marlène l'y attendait. 

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