ʏᴏᴜɴɢ ᴀᴍᴇʀɪᴄᴀɴs, part.51

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L'été fut désastreux. Aussi bien pour Sirius (sa relation avec ses géniteur∙ices était irrattrapable et sa relation avec son frère faisait un pas en avant pour trois pas en arrière), que pour Peter qui s'ennuyait à mourir, que pour James qui s'inquiétait pour Regulus et Sirius, que pour Remus qui après deux pleines lunes éprouvantes peinait à marcher à cause de ses blessures.

Ce dernier fut cependant fier de découvrir dans son courrier de fourniture scolaire un insigne de préfet couplé à une lettre de Dumbledore. Une raison de s'aimer un peu plus. Il espérait cependant que le directeur n'apprendrait jamais tout ce dans quoi l'avait entrainé les maraudeurs...

L'insigne dans sa valise, il s'apprêta à entamer sa cinquième année à Poudlard. C'était effrayant comme le temps avait passé vite, il avait l'impression que c'était hier qu'il avait mis ses pieds dans le train pour la première fois.

« Bonnes vacances ? demanda Peter en le rejoignant dans le septième compartiment.

- Ça allait. mentit Remus, et toi ?

- Ça allait. » mentit son ami. 


« Oh- les gars, je suis préfet ! 

se souvint Remus au moment où ils dépassèrent Oxford. James et Sirius bondirent dans un pic d'enthousiasme en une parfaite synchronisation :

- Tu vas avoir une grande chambre à toi et une salle de bain qu'on va pouvoir squatter !

- Ce sera pratique pour pas se faire choper la nuit !

Pendant que Peter disait simplement :

- Félicitations !

-Oh, félicitations Moony ! se rattrapèrent les autres.

Le dit-Moony leva les yeux au ciel, amusé. 

Au même moment une tornade rousse ouvrit la porte coulissante de leurs cabine et cria :

- Rem' je suis préfète avec toi ! 

Puis elle changea de ton pour saluer les autres, y comprit James.

... Et il faut qu'on aille voir les autres préfet∙es dans le compartiment du fond. »

Remus bredouilla des invocations à toutes sortes de divinités célestes et se leva. L'idée d'entrer dans un nouveau compartiment bourré d'inconnu∙es sans aucun repères mis à part Lily ne lui faisait que très peu plaisir. Iels sortirent de la cabine et s'éloignèrent.

Une fois loin des oreilles indiscrètes, James se pencha vers ses amis avec un air conspirateur qui lui était propre. 

« Il est temps de parler de vous-savez-quoi, au sujet de vous-savez-qui. 

- Qui ? demanda Peter, confus.

- Voldemort, ironisa Sirius alors qu'il savait que son meilleur ami faisait référence à Remus et à leurs transformation en animagis imminente. 

Peter réprima un frisson. On ne parlait jamais de Voldemort de cette façon. On lui attribuait tout les crimes du monde, on s'en servait pour faire peur aux premières années ou pour remporter un débat, mais jamais avec un tel détachement. Et jamais on ne prononçait son nom. 

- Pourquoi tu prononces son nom ? 

- Je n'ai pas peur de lui. Je vais pas me soumettre à ce connard ! Qu'est ce que tu crois qu'il va me faire s'il m'entends ? Voldemort ! Voldemort ! Voldemort ! 

Le hasard ou le destin voulurent qu'une jeune fille blonde aux lèvres écarlate passe devant le compartiment à ce moment là. 

- Je vois que notre rupture t'as fait du bien. ironisa Marlène.

À ses cotés se tenait Dorcas. Elles avaient l'air réconciliées. Sirius, en revanche, n'avait pas pardonné à Marlène. Sa nouvelle vie amoureuse consistant à sortir avec une nouvelle fille tout les jours semblait lui convenir à merveille. 

- Effectivement, tu n'imagines pas à quel point je suis heureux tout seul !

Elle repartit aussi vite qu'elle était arrivée.

- Tu ne vas pas te remettre avec elle, cette fois, alors ? interrogea James

- Tu rigoles ? Je compte bien profiter de cette année pour travailler sérieusement et décrocher toutes mes B.U.S.E ! plaisanta Sirius en retour. 

- Pourquoi tu ne lui as pas dit quand vous étiez ensemble ? demanda Peter, restant focalisé sur l'histoire de Marlène. 

- C'est pas comme ça que ça marche ! »

Sirius avait prit une voix exaspérée, comme si c'était une évidence. La voix qu'il prenait toujours lorsque Peter - qui n'avait aucune relation amoureuse à son actif - se permettait de donner son avis. Ça marchait à merveille : à chaque fois le jeune homme se trouvait idiot et avait la sensation d'une vie insipide. Il ne trouvait pourtant pas ça irréaliste de communiquer ses besoins dans une relation telle qu'elle soit.

Quand il s'éclipsa, abattu, James et Sirius se trouvèrent seuls tout les deux. Ils n'échangèrent pas un mot sur leurs vacances mais mirent au point des dizaines de nouvelles idées pour faire de la vie des Serpentard un enfer.  Leurs conversation était habitée d'une créativité explosive, et, quand la nuit commença à tomber par la fenêtre et que Peter et Remus les rejoignirent de nouveau ils avaient griffonné un parchemin entier de choses à faire pour la nouvelle année et celles qui suivraient. Remus soupira devant les futurs bêtises que sa condition de préfet le forçait à contrôler. 

Ils commençaient à s'endormir quand la porte du compartiment s'ouvrit une dernière fois, laissant apparaitre un jeune homme tout juste plus jeune qu'eux, aux cheveux noirs comme de l'encre et aux yeux profonds comme la nuit. On crut qu'il regardait dans le vide avant que l'on comprenne qu'il tendait la veste qui gisait dans sa main à Sirius.

Celui-ci se redressa, surpris, tandis que Regulus restait silencieux, son regard s'aventurant vers celui de James. 

- Eu... merci. dit Sirius en saisissant le vêtement.

Il était sur de l'avoir enfouie dans ses baggages et soupçonnait son frère d'avoir mis tout ça en scène. 

- ... bonne rentrée Sirius. 

- Toi aussi. »

C'était l'échange le moins naturel qu'on eut jamais vu entre deux frères, mais pour ces frères-ci c'était un pas de géant. 

James ne trouvait plus où se mettre. Il avait rejoué ce genre de confrontation dans sa tête pendant tout l'été et il savait qu'il devait dire quelque chose à Regulus, mais il n'osait pas devant son meilleur ami. Tout ce qui c'était passé lui revenait, un récit que les autres ne pouvaient voir enchainait les coeurs d'un à l'autre. 

« Bon courage. lâcha-t-il enfin au moment où l'autre, le dos tourné, franchissait le seuil de la cabine. 

Pour réponse, Regulus se retourna et adressa un vague sourire à James avant de partir pour de bon. 

- Quoi ? J'ai le droit de lui parler, non ? 

Se défendit le garçon à lunettes devant les interrogations silencieuses de tout les autres. 

Remus trancha :

- C'est juste surprenant de la part de celui qui déteste les Serpentard. 


- Les gens changent. »

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