sᴛᴀᴛɪᴏɴ ᴛᴏ sᴛᴀᴛɪᴏɴ, part.58

1K 132 43
                                    

Tw : un peu d'homophobie internalisée

le mot 'queer' est utilisé ici comme il l'était à l'époque en anglais pour désigner une personne en dehors de la norme cis-hétéro(-dyadique-allo), pas comme le terme militant qu'il est aujourd'hui.

La cape d'invisibilité découvrit les trois garçons au moment où Mrs Pomefresh quittait la cabane hurlante. Remus leurs avait demandé de ne franchir la porte qu'une fois la transformation achevée. De l'autre coté, les trois garçons sentaient leurs coeurs battre de plus en plus forts à l'entente des cris puis des hurlements. Sirius du se boucher les oreilles et fermer les yeux pour résister à la tentation d'aller le voir immédiatement et de l'aider tant son ami faisait passer sa souffrance à travers ses cris.

Quand il eut enfin le droit d'entrer, il ne perdit pas de temps. Un loup décharné avait remplacé son ami et des chaines en fer retenaient ses poignets. Le loup faisait plus de peine que de peur, mais ses grimaces avaient de quoi inquiéter. Le chien, le cerf et le rat s'approchèrent avec prudence.

Le loup voulait sortir, briser ses chaines de fer et défoncer les portes et les fenêtres pour parcourir la forêt. Il voulait hurler à la lune et faire craquer les feuilles et les branches sous ses pattes. Mais il ne pouvait pas s'échapper de la cabane, alors, quand il réussit à briser ses chaines, il s'acharna sans peine sur ce qui restait des meubles, des murs, des vitres et des objets.

Quand il remarqua les animaux il fut méfiant puis joueur. Patmol étant un chien, il était facile de s'entendre avec lui comme avec l'un de ses congénères mais cela ne l'empêchait pas non plus de s'amuser avec le cerf ou d'essayer d'attraper le rat - qui était par chance bien trop rapide pour lui.

Plus il le regardait, moins Sirius trouvait le loup inquiétant. À l'image des descriptions de Remus qui n'avait aucune idée de sa propre apparence et qu'il s'était donc construite au travers des rumeurs, il s'était imaginé une créature sanguinaire qui n'avait plus rien d'humain ou d'animal, prête à lacérer n'importe quoi se trouverait sur son passage. Mais Sirius ne pouvait pas considérer ni le loup ni Remus comme des monstres et il savait qu'il ne le pourrait jamais. Un animal incompris oui, dangereux si on voulait, mais il était loin d'être la créature assoiffée de sang que les mythes dépeignaient.

La lune s'endormit, le soleil émergea tandis que le loup redevenait humain.

Il retrouva son apparence originelle quand le ciel fut orange, recouvrant son corps d'une couverture sans tarder. De froid et de pudeur. Il fut surpris de constater que ses amis étaient sains et saufs et que ses blessures étaient superficielles, mais il n'eut pas le temps de s'en réjouir car il perdit son combat contre la fatigue au même moment. Les garçons, qui étaient redevenus des garçon, trouvèrent la force d'aller jusqu'au dortoir avant de s'écouler dans leurs lits. 

À en juger par les légers ronflements de Peter et les phrases que prononçait James en dormant, ils trouvèrent le sommeil dès l'instant où ils s'allongèrent. 

Sirius garda les yeux ouverts bien plus longtemps, épuisé mais incapable de dormir, ne pouvant pas se sortir Remus de la tête. La façon dont son coeur s'était brisé lorsqu'il avait entendu ses cris de douleur. Cette nuit d'insomnie était-elle le meilleur moment pour accorder du temps à ce sentiment qui le préoccupait depuis de trop longs mois, quand il pensait à son meilleur ami ? Sans doute pas. Mais son esprit refusait de se tourner vers autre chose, lui implorant d'en discuter avec lui-même. 

Il fit ressurgir toutes ses pensés refoulées dans un soupir. Le vide des baisers échangés avec Marlène, ce garçon qu'il n'avait pas put arrêter de regarder en troisième année, l'expérience sexuelle désastreuse qu'il avait tenté avec Octavia Bloom, l'envie de sourire en pensant juste à Remus, tout ce qu'il ressentait pour lui et qui avait toujours dépassé ce qu'il avait essayé de ressentir avec toutes ses filles, les confidences de James qui l'avait autorisé à penser pour la première fois que ce n'était peut-être pas la fin du monde d'être amoureux d'un garçon.

HeroesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant