ʜᴜɴᴋʏ ᴅᴏʀʏ, part.15

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Tw : mention de harcèlement, sous entendu de maltraitance

La veille des vacances d'été, Remus était sortit de la salle d'examen en dernier. Il tenait à profiter de chaque minutes disponibles. Peter, lui, s'était découragé à finir l'exercice de métamorphose et James et Sirius avaient bâclé leurs devoirs pour avoir le plus de temps libre dans les couloirs vides du château - ou du temps libre ensemble, difficile à dire. 

Quand le loup-garou revint au dortoir avec pour objectif de ranger la valise qui n'avait plus rien d'une valise depuis avril - elle trainait par terre, grande ouverte, dégueulant de boules de vêtements, il trouva ses amis debout en cercle autour du lit de Peter. 

« C'est quoi ces trucs ? 

Depuis les interventions de Lily, rien n'avait changé. En fait, tout le monde avait oublié les mises en garde de la rousse y compris la jeune fille elle-même, trop préoccupée par les autres choses qu'elle avait à gérer. Seul Remus s'en souvenait et s'était promis qu'il protesterait à la prochaine humiliation de Rogue, qu'il détournerait les projets de farces pour qu'elles ne visent plus un seul individu... mais ne l'avait pas fait. Il était fatigué, n'en avait plus la force, imaginait qu'il y aurait bien quelqu'un∙e d'autre pour le faire. 

- Ça, répondit James, c'est notre chant du signe ! Pour quitter l'école comme il se doit. 

Au début, se souvint Remus, il était question de faire chanter la sonnerie. On ne savait pas encore quoi. Il avait été soulagé que ça ne concerne ni Rogue ni les Serpentards en particulier. 

- Votre Bowie, là, ça m'a donné une idée.

- C'était mon idée en fait, précisa Peter que James ignora superbement.

- On avait pas l'aide de Remus et on voulait s'y prendre vite alors on a un peu raté mais on a pu transformer des verres à pieds en hauts-parleurs...

Remus baissa les yeux vers ce qui couvrait le lit et constata en effet un tas de haut-parleurs assez nombreux pour remplir le château si on les disposaient avec soins. Quelques uns gardaient des vestiges de leurs ancienne vie de verres à pieds : un particulièrement transparent, un autre dont la forme prêtait à confusion. 

- Et j'ai trouvé un sort pour les installer ! continua-James. Je sais, je sais, je suis un génie. 

- En fait on a demandé à Frank en lui faisant croire que... corrigea Peter, mais son intervention fut de nouveau coupée.

- Donc on va utiliser la cape cette nuit et aller tout installer partout dans l'école. J'ai aussi un sort-

- C'est-

- Un sort qui connecte votre machine moldue aux hauts-parleurs !

James se considérait comme le roi du monde, Peter était dépité.

- Tu vas diffuser notre vinyle dans toute l'école ? éclaircit Remus sans savoir si cette idée le rendait enthousiaste ou angoissé. 

- Crois-moi, continua James, j'ai supporté cet album toute l'année, je connais son pouvoir. »

.

C'était le dernier matin, à l'heure où les élèves ne se réunissaient dans la salle commune pour le départ et où l'on avait déjà fermé les volets du dortoir. Un rayon de filet passait dans les interstices du bois. Peter qui insisté pour clore les volets car sa mère faisait toujours ça quand elle quittait un endroit. Elle disait que c'était comme fermer les paupières de la maison pour la laisser dormir.

Sirius était encore dans le dortoir, assis sur son lit dans le noir au lieu de descendre. Il voulait rester là jusqu'au dernier moment. Il souhaitait qu'on l'oublie là. Il savait que McGonnagall ferait l'appel et se mettrait à le chercher, il savait que même si par miracle on ne le trouvait pas sa mère saurait le démasquer et que sa punition serait d'autant plus sévère, mais il laissa tomber son dos sur le matelas et se répéta que c'était « Encore une minute. Juste une minute. ».

Il crut à une fin du monde quand la porte s'ouvrit, une silhouette se dessina en contre-jour. Ce n'était ni Vance, ni la directrice de maison. C'était James. Il soupira de soulagement. 

Le garçon à lunettes s'assit à coté de son ami qui se redressa. Ils restèrent en silence un moment. Sirius n'avait jamais rien expliqué à James au sujet de ce qui se passait chez lui mais son ami avait su lire entre les lignes. Il n'avait aucune envie de laisser le garçon là bas et il sentait déjà son coeur se serrer à l'idée que Sirius n'y soit pas en sécurité, à l'idée qu'il ne puisse plus le voir, lui parler, s'assurer qu'il était toujours là et qu'il le resterait. Loin de lui, et surtout dans cette maison, Sirius pourrait disparaitre et ne pas revenir. 

James le prit dans ses bras. Ce n'était pas quelque chose qu'il faisait souvent. Pas avec sincérité. De petites accolades, oui, mais jamais rien qui puisse lui transmettre toute l'affection qui lui portait. Il fouilla dans sa poche - il avait toujours toutes sortes de choses dans ses poches - et en sortit un bout de parchemin qu'il lui tendit. 

Son adresse. 

« Envoie-moi un hibou. À n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, n'importe quel jour. Tu peux même t'enfuir pour venir me voir. Je demanderais à mes parents de t'adopter, je te jure que je le ferai. 

- Iels me laisseront pas faire. Iels intercepteront mes courriers.

- Envoie des dessins, des codes secrets, envoie aux pires heures avec le hibou le plus maladroit du monde.

On trouvera un moyen. Je serai toujours là, ok ? Toujours. »

Il le lâcha, Sirius senti une larme couler de son coeur brisé. Il allait devoir quitter cet endroit. Pourquoi devait-il quitter Poudlard ? 

Une mélodie connue chassa ses démons d'un revers de main. 

« C'est quoi ce brui- »

Il se mit à rire, tout d'un coup. James attrapa son poignet en souriant et l'entraina vers l'origine du son. Sirius eut l'impression qu'on recollait son coeur avec des molécules d'amitié. 


She's so swishy in her satin and tat

In her frock coat and bipperty-bopperty hat

« Par Morgane, Merlin et tous les chevaliers de la Table Ronde ! Faites taire ces choses ! » soupira Minerva McGonnagall regardant un des hauts-parleurs, au moment où les deux garçons débarquaient dans le couloir qui précédait le portait de la Grosse Dame. 

Dumbledore s'amusait de la situation avec un sourire sage, hésitant entre enlever des points aux élèves qui avaient fait ça ou leurs en ajouter pour les efforts que ça leurs avait demandé.

Exaspérée, la femme jeta un sortilège de feu au malheureux objets que Rusard tentait vainement d'éteindre. Un cercle d'élèves s'était amassé autour pour observer. On y comptait entre autre Peter, Remus, Sirius et James, heureux de se glisser parmi une foule qui, sans le savoir, admirait leurs spectacle. 

« C'est le dernier. » annonça un fantôme. 

- Merlin merci ! Je vais trouver qui a fait ça. Iel sera affublé d'une belle semaine de retenue à la rentrée. Et je ne veux plus jamais entendre une seule chanson de ce David Bovie.

- Bowie ! s'exclamèrent en coeur Sirius et Remus, attirant toutes l'attention sur eux. 

- Je crois que vous tenez vos hommes, Minerva. »

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FIN DE LA PREMIÈRE ANNÉE

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