ᴢɪɢɢʏ sᴛᴀʀᴅᴜsᴛ, part.16

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Tw : mention de maltraitance

Quand la main frêle de Kreatur le lâcha enfin, Sirius emboita le pas au petit-frère qui le suivait sans grande conviction. L'été avait été morne et glauque comme un marécage sous la boue. Un mois dans le camp de sang-pur au fin-fond de la France, un mois dans le silence du Square Grimmaurd. 

Regulus n'était d'aucun soutient. À vrai dire, il ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'il l'avait entendu parler. Peut-être attendait-il que quelqu'un∙e s'en rende compte ?

Sirius accéléra le pas pour atteindre le compartiment où devaient se trouver ses amis le plus vite possible. Il n'avait eu de nouvelles de la part de personne et n'avait pu en envoyer à personne. Il savait que James lui avait écrit mais savait aussi que Kreatur avait reçu l'ordre de brûler chacune des lettres qui lui étaient adressées. Ils entrèrent dans le train et se séparèrent d'un commun accord. 

Regulus ne pouvait risquer de trahir la réputation des Black et Sirius ne pouvait se résoudre à le suivre. Le plus jeune se mêla alors aux visages connus (des cousins de cousins, des camarades du camp des sang-purs, des aspirants à Serpentard...) et rejoignit Evan Rosier qui avait lui-même rejoint Mulciber, Avery, Rodolphus Lestrange et Wilkes. 

Sirius prit le temps de fusiller ces derniers du regard et s'empressa de rejoindre James, Remus et Peter au septième compartiment. Seul Remus qui était toujours en avance y était installé, plongé dans un livre en attendant ses amis - une histoire de farfadets sans queue ni tête qui était loin d'être une distraction nécessaire. Il aurait préféré regarder dans le vide mais craignait que les autres ne le trouve inquiétant. James et Peter arrivèrent en même temps que Sirius lui-même, James encore plus surexcité que d'habitude.

« Salut les gars ! Ça va ?

Il enchaina sans écouter la réponse. On lui en voulu pas, on sentait qu'il avait besoin d'extérioriser. Il avait passé un drôle d'été : une guerre moldue avait secouée le Pakistan, pays natal de sa mère, au mois de décembre et cette-dernière avait tenu à rendre visite à sa famille en août. Si James s'était réjouit d'avoir une occasion d'aller au Pakistan dans un premier temps, son bonheur était retombé en réalisant qu'il ne parlait pas un mot d'ourdou. La barrière de la langue l'empêcha de se mêler à celleux de son âge et l'empreinte de la guerre rendait les conversations des plus âgé∙es - qui maitrisait mieux l'anglais - peu propices à une découverte du pays. Il ne raconta toutefois pas ça à Sirius, Remus ou Peter qui savaient à peine placer le Pakistan sur une carte, mais partagea à la place le catalogue de blagues, d'observations et d'idées qu'il avait accumulé dans sa tête pendant toutes ses vacances.

Remus regarda Sirius qui lui fit un sourire sans joie. 

... Tiens, d'ailleurs, j'ai quelque chose pour vous deux ! s'exclama le garçon à lunettes en venant à bout de ses récits.  

Il pointait du doigt Remus et Sirius d'une main, ouvrant l'un de ses sacs d'une autre pour en sortir une enveloppe gigantesque dont ils ne devinèrent pas tout de suite de contenu malgré la forme évidente. 

... Je l'ai acheté en venant. Je me suis dis qu'il fallait rester sur le même artiste. »

Sirius prit le paquet, arracha l'emballage et Remus se pencha pour voir ce qu'il contenait. The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars

Le vinyle réchauffa le coeur de Sirius et Remus. Ce n'était pas seulement l'idée de la musique mais aussi les yeux pétillants de James et les précieux instants passés l'un avec l'autre qui leurs revenaient en mémoire. Cela arracha un sourire aux jeunes hommes tandis que Peter soupirait en pensant à toutes les heures durant lesquelles il devrait se coltiner cet album.

- D'ailleurs, on commence l'année avec une semaine de retenue. » se rappela Remus.

Les autres ne semblaient pas être affectés plus que ça par la nouvelle. Selon eux, si une farce était efficace, la punition en valait la peine. Sirius et James ne se préoccupaient pas des conséquences de leurs actes. Ils savouraient l'instant présent sans se soucier de l'ampleur de la punition. En somme ils étaient tout le contraire de Remus qui se préoccupait tant des conséquences des événements qu'il se torturait sur des choses qui ne s'étaient pas encore produites.

James interpella Lily qui se dirigeait vers le compartiment où Rogue l'attendait. La jeune fille mit un point d'honneur à l'ignorer faisant un signe poli de la main à Peter et demandant des nouvelles à Remus. Au moment où elle s'apprêtait à tourner les talons, James reprit sa sérénade. Elle le regarda, inexpressive pendant qu'il déclamait :

« Oh Lily ! Ne t'en va pas ! Sans toi les heures deviennent des jours, les jours deviennent des semaines, les semaines deviennent des mois, les mois deviennent des années, les années des siècles, les siècles des millénaires et... tu ne m'interromps pas ? Je sais pas ce qu'il y a après les millénaires...

- Parfait, je voulais savoir jusqu'où tu pouvais aller. dit-elle en ricanant. Bye ! »

S'en allant, elle croisa Dorcas qui lui demanda où était passé Mademoiselle Snork. Elle répondit qu'elle l'avait perdue, pleine de regrets. Elle l'avait donnée à Pétunia pendant l'été ; tentative de trêve. Ça n'avait pas marché. Sa soeur ne lui avait pas adressé la parole, ne s'était jamais occupée du chat et préférait passer son temps à sortir avec ses amies de l'école moldue. Lily était restée seule, et, pendant un séjour en Écosse où l'on avait confié Mademoiselle Snork aux voisin∙es, elle avait disparu, déboussolée en croyant que plus personne ne s'occuperait d'elle. Elle manquait beaucoup à Lily. C'était comme attendre avec impatience quelqu'un∙e qui ne reviendrait pas. La jeune fille espérait seulement que l'animal était heureux là où il était, qu'elle avait trouvé une nouvelle famille qui s'occupait bien d'elle. 

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La Grande Salle  restait très impressionnante quand on perdait l'habitude de l'occuper tout les jours. Remus leva les yeux vers le ciel nocturne et les bougies en feu, de nouveau émerveillé. Après son installation et la chanson du choixpeau, il remarqua la troupe de premières années entourant Mrs McGonnagall.

« À l'appel de vos noms vous vous placerez sous le choixpeau qui vous répartira dans votre maison. » annonça-t-elle comme elle l'avait fait l'année précédente. 

S'en suivi une longue liste dont Dorcas et Marlène s'amusèrent à faire les prédictions. À un moment, lors d'un silence entre deux noms, Sirius se redressa, les lèvres pincées.

« Regulus Black. »

Remus remarqua alors un jeune homme au coeur du rang qui montait rejoindre l'estrade. Il était brun au cheveux courts, ses traits similaires à ceux de Sirius mais une aura et allure totalement différentes. C'était un noble. Jamais il n'aurait laissé poussé ses cheveux, triché à un examen ou ne se serait assis le dos tordu. On voyait cela à sa posture et à son attitude. Il avait un regard impénétrable si bien qu'on avait du mal à comprendre s'il était gêné ou ravi de capturer l'attention un instant. Il y eu un flottement. Les autres se demandaient pour sûr si Regulus Black allait suivre les traces de son grand frère ou celles du reste de sa famille. 

Le grand frère en question refusait de cligner des yeux, laissant sans y croire une place au garçon, à ses cotés. Les Serpentards faisaient de même. C'était à qui gagnerait Regulus.

Le choix fut long. D'autant plus long qu'il était pénible de ne pas savoir. Les Serpentards croyaient par avance à leurs victoires et il était impossible de savoir ce qu'en pensait le principal concerné, en dessous du chapeau. On eu un sursaut quand ce dernier déclara :

« SERPENTARD ! »

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