ʜᴇʀᴏᴇs, part.73

865 106 52
                                    

Les jours suivants furent lugubres pour tout le monde. James comme Sirius avaient abandonné leurs sourires provocateurs et leurs regards pétillants au point que les professeur∙es leurs proposèrent à plusieurs reprises d'aller à l'infirmerie en plein cours. Les autres, désorienté∙es par la mine sombres des élèves les plus énergiques de l'école nageaient en pleine confusion quand ce n'était pas de l'inquiétude. Remus et Peter ne savaient pas s'ils devaient aborder le sujet ou entretenir la mélancolie de leurs amis le temps que ça passe. 

Durant cette période de nouvelles attaques furent rapportées par les journaux, poussant certain∙es né∙es-moldu∙es et sang-mêlé∙es à rentrer chez elleux. Neil Montague en fit parti. On le trouva un matin sur le seuil de la porte d'entrée, armé d'une malle, occupé à dire au revoir à ses camarades de classe. Son sang-sorcier remontait à sa grand-mère, il redoutait ce que pourrait lui faire les Serpentard s'il restait. Peter et Remus se joignirent à lui pour le saluer d'un ton triste. Quelques allié∙es confus∙es firent des discours sur le courage de rester malgré tout ce qui leurs valut des remontrances de la part de Lily. Quelque jours plus tard se fut au tour d'Ovide et d'Odessa que les parents durent venir chercher pour qu'iels acceptent de quitter l'école. 

Les autres assistaient aux événements, horrifié∙es ou satisfait∙es. On jeta un coup-d'oeil à Regulus pour savoir ce qu'il en pensait mais celui-ci ne montra rien, à la déception des Maraudeurs. 


Sirius se remis plus vite, étant surtout triste parce que James était triste. Il avait perdu tout espoir pour son frère depuis déjà un moment - ça avait commencé depuis que ce dernier avait atterri à Serpentard, en fait - il avait eu le temps de faire son deuil. 

James, par contre, s'était persuadé, à force de côtoyer Regulus, qu'il ne tomberait jamais entre les mains des mangemorts. Mais plus il y réfléchissait, plus l'image de la marque des ténèbres gravée sur son bras lui revenait pour lui faire l'effet d'un électrochoc. Il avait horreur de voir une personne qu'il aimait à ce point arborer un symbole raciste en toute impunité. Plus il ruminait, plus il en voulait à chaque personne qui croisait son chemin de rester les bras croisé alors que Voldemort s'infiltrait même dans les lieux les plus sûrs et dans les têtes les plus pures. Pourquoi Dumbledore n'avait-il pas essayé d'aider Regulus ? Il aurait suffit de le placer à Gryffondor, par exemple ! Pourquoi laissait-on encore Serpentard exister, d'ailleurs ? C'était une maison construite sur la base de la haine des né∙es-moldu∙es, il n'y avait pas à s'étonner que celleux qui s'y trouvent finissent par rejoindre les mangemorts ! Et pourquoi Sirius n'avait-il pas forcé Regulus à s'évader du Square Grimmaurd avec lui ? Comment pouvait-il encore vivre après ça ? 

Mais les questions posées à lui même restaient les pires à supporter. En ligne de tête, il y avait celle qui tournait en boucle, déjà associée à une réponse qu'il refusait d'accepter.

 Pouvait-il continuer à aimer Regulus ? 

Pouvait-il continuer à aimer un mangemort et à fermer les yeux devant le mouvement politique écoeurant dont il faisait parti ? 

Non. Il ne pouvait pas.

Mais l'abandonner n'était-ce pas une façon de le laisser sombrer ? 

On lui avait dit que rien n'était jamais trop tard mais il avait beau retourner le problème dans tout les sens il ne trouvait aucune solution. Il avait des scrupules à laisser le jeune homme derrière lui comme l'avait déjà fait trop de personne mais il aurait été naïf de penser que Regulus n'avait pas choisit son camp. 

Après une énième cigarette et des heures à fixer le ciel jusqu'à le faire devenir noir il baissa les yeux vers le nom de son amant sur la carte. Plus loin, Sirius parvenait à rire avec Peter et Remus. James s'éclipsa en secret, un poids sur le coeur.

Les détours sous la cape d'invisibilité de couloirs en couloirs semblèrent durer une éternité. Il imaginait la façon dont ça allait se passer, son esprit inventant à chaque nouveau cas de figures des traits pour Regulus de plus en plus brisé. Jusqu'au dernier pas il hésita à changer d'avis, mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas aimer un mangemort, les mettre tout les deux en danger, supporter l'idée que la personne qu'il aimait aille en tuer d'autres, qu'il refusait d'être aidé. Il ne pourrait pas tenir plus longtemps comme ça. 

Quand ils se trouvèrent enfin face à l'autre ce fut pire que tout. Regulus ne se montra pas brisé. Il encaissa seulement, comme il avait toujours pris l'habitude de le faire. Il n'en voulait pas à James et James ne lui en voulait pas, il en voulait à tout le reste du monde. Alors leurs adieux furent amères et brumeux. Pas un dernier baiser, pas un dernier sourire, juste l'empreinte de la guerre qui tâchait leurs amour et leurs repli dans deux camps différents. 

HeroesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant