ʜᴜɴᴋʏ ᴅᴏʀʏ, part.4

1.6K 179 33
                                    

En trouvant le dortoir bien après les autres ce soir là, Remus fut soulagé de voir qu'il le partageait avec des visages connus. Le destin les mettaient sur la même route - peut-être ce destin s'appelait-il simplement Albus Dumbledore ? Mais le jeune homme s'appliquait à ne pas trop se rapprocher des autres. Avoir des ami∙es c'était risquer qu'iels découvrent son secret, risquer qu'il leurs fasse du mal. 

Il aurait souhaité la place à coté de la fenêtre, mais celle-ci était déjà occupée par Peter. Il y avait installé toutes ces affaires. Heureusement, la place qui restait à coté du mur lui convenait tout aussi bien. Tout sauf le centre de la pièce. 

« T'étais où ?

James, Sirius, Peter et un autre garçon étaient répartis aléatoirement dans divers coins du dortoir. Leurs regards tous fixés sur lui. 

Le début des mensonges. 

Remus haussa les épaules pour feindre l'indifférence. 

- Je voulais explorer. »

Ce n'était pas totalement faux. Après l'entretient avec Dumbledore qui lui avait donné quelques instructions sur la façon de gérer les jours de pleines lunes et qui lui avait présenté Mme Pomefresh, il s'était laissé distraire par les tableaux et les fantômes. On sous-estimait le nombre de créatures qui pouvaient traverser l'école une fois les salles communes fermées. Il avait mis plus d'une demie heure à trouver la salle commune des Gryffondor et avait eu de la chance qu'un quatrième année donne le mot de passe à la Grosse Dame juste à ce moment là. Il aurait pu être bloqué dehors toute la nuit.

Le garçon que Remus ne connaissait pas s'élança vers lui. Il avait l'air sûr de lui mais poli et mesuré, plus proche d'une Lily que d'un James ou d'un Sirius. 

« Je m'appelle Frank Londubat. » se présenta-il en tendant la main à Remus qui la serra sans trop répondre. 

Après ça il fila dans son lit et prétendit dormir en ignorant les rires de James et Sirius qui avaient mêlé les autres à leurs discussions. 

.

Le lendemain fut une catastrophe enchantée. Chaque nouveau pas provoquait soit quelque chose de magique, soit un accident. Il y avait une telle euphorie chez les premières années que Remus n'arrivait pas à se laisser envahir par le stress. Pourtant il se perdit plusieurs fois et se prit les pieds dans les escaliers rien qu'en allant prendre son petit déjeuner alors même qu'il était accompagné de ses camarades de chambre. Remus se promit de ne pas les lâcher durant les premières jours pour ne pas faire de bêtises et subir de prochaines humiliations mais il se souvint alors qu'il n'avait pas le droit d'avoir des ami∙es. Pour compenser, il ne parla pas. 

Le petit-déjeuner était déjà dressé. Remus ne put s'empêcher de s'en sentir mal à l'aise. Il y avait tellement de choses sur la table, juste pour elleux. Il était désolé pour le nombre conséquent de personnes qui avaient du se déranger pour que les élèves ne manquent de rien. Il n'aimait pas l'idée qu'on se donne autant de mal pour lui... qui avait put préparer tout ça d'ailleurs ? Les plats apparaissaient toujours d'eux-mêmes sur la table. 

Ses interrogations furent interrompues par des bruits d'ailes et de cris d'oiseaux. À peine installé, hiboux et chouettes débarquèrent par les fenêtres, les serres chargées de courrier. Il se souvenait maintenant que son père lui en avait parlé, mais il n'aurait pas cru que se serait si impressionnant. 

Il eu un sourire en reconnaissant les écritures de ses parents sur une petite enveloppe. C'était agréable de savoir que même si tout venait de changer dans sa vie, il pouvait toujours se rattacher à elleux. Mais il se souvint du regard de son père dans la voiture, devant la gare. Des choses que Lyall Lupin ne disait pas mais qu'il pensait concernant les loups-garous. 

Il se souviendrait toujours de la conversation qui avait suivit sa morsure, autour d'une autre table de petit-déjeuner, des années auparavant, lui en expliquant la cause : son père, toujours avide de justice, avait écrit un article assassin sur les loups-garou qui enlevaient des enfants et les mordaient. Il les avait dépeint comme des monstres et Fenrir Greyback n'avait fait que confirmer ses dires en se vengeant sur son fils. Lyall ne se rendait pas compte que la façon dont-il résumait cette histoire impactait Remus non pas en temps que victime, mais en temps que loup. Car il était l'un des leurs maintenant, et, n'ayant aucun moyen de les connaitre, il était seul avec ce poids. Ils n'en avaient pas reparlé et l'opinion de son père n'avait jamais changé. À ses yeux, tous∙tes sauf Remus étaient des monstres. Mais Remus se reconnaissait en elleux, ils les considéraient comme ses pairs et pas comme ses ennemi∙es. S'ils étaient des monstres, alors lui aussi était un monstre, c'était aussi simple que ça. 

Il n'avait pas envie de lire cette lettre pour le moment. Il pourrait mettre ça sur le compte des devoirs ou de la lune.  

James semblait crouler sous les messages, Lily demandait à toute la table s'iels avait aperçu∙es Mademoiselle Snork et Peter et Frank dévoraient leurs repas respectif en un temps record. 

Quant à Sirius, il s'appliquait à ignorer royalement les regards mauvais qu'on lui lançait depuis la table des Serpentards mais perdit toute son insolence au moment où une enveloppe grise atterrit devant lui. 

Il regarda la chouette qui venait de lui apporter la missive d'un mauvais oeil.

« Une beuglante ! » chuchota quelqu'un.

« Ne l'ouvre pas ici ! » dit un autre.

On ne sut pourquoi Sirius décida de l'ouvrir. Remus pensa plus tard que c'était l'un des premiers appels à l'aide. Son père n'avait jamais parlé des « beuglantes », il ne savait donc pas ce que c'était, mais le nom n'annonçait rien de bon. 

Toute la saveur de la rentrée retomba. Une voix stridente s'éleva depuis la lettre. C'était une voix glaciale qui fit trembler toutes les tables et celleux qui s'y trouvaient. Mais Sirius ne trembla pas. Il n'avait pas l'air d'avoir peur, une colère sourdre bourdonnait sous son crâne, en silence. 

« SIRIUS ORION BLACK ! On m'a fait part d'une fâcheuse nouvelle à votre égard. Je vais envoyer un hibou à votre directeur. D'ici là je ne veux pas que vous vous liiez d'amitié avec des sang-de-bourbe dans ce repère de débauche...»

Au mot « sang-de-bourbe », des exclamations de surprises parcoururent les rangs et un∙e professeur∙e s'empressa de détruire d'un sort l'enveloppe qui crachait ses mots sur Sirius. 

Remus était confus. Il n'avait pas saisit ce qui venait de se passer, ni pourquoi une simple expression alertait tant de monde. Mais il supposa que ce n'était pas encore le moment de poser des questions. 

« C'était qui ?

- Ma mère. »

Une mère ? Vraiment ? 

Remus visualisait sa propre mère, dans ses robes longues à fleurs printanières avec son air fragile et ses cheveux châtaigne... Puis il se souvint de la femme austère de la gare. 

« Ça veut dire quoi "sang-de-bourbe" ? demanda Lily.

- Il existe plusieurs catégories de famille sorcières, expliqua James - au grand désespoir de la rousse. Les sang-purs, ce qui sont des sorcier∙es de pur-souche qui sont sorcier∙es depuis le début du monde, il y a né∙es-moldu∙es qui sont issus d'une famille de moldu∙es et puis les sang-mélé∙es qui sont un peu mélange des deux. "Sang-de-bourbe" (il avait prononcé ce mot tout bas) est une insulte qui veut dire "sang-impur", pour celleux qui n'aiment pas les né∙es-moldu∙es. 

Remus était donc "sang-mêlé" et il compris qu'il était l'un des seuls à ne pas connaitre son rang car beaucoup chuchotèrent à leurs ami∙es la nature de leurs sang. C'était à l'évidence un sujet important dans le monde des sorciers. 

- Ça veut dire que les né∙es-moldu∙es sont moins doué∙es en magie ? demanda aussitôt Lily qui, elle aussi, découvrait ces mots et qui correspondait à l'étiquette "née-moldue". On devinait déjà sa peur de travailler deux fois plus dur à cause de son sang.  

- Pas du tout. affirma Sirius en regardant les vestiges de la beuglante sur la table de bois. C'est juste que certaines personnes y accordent beaucoup trop d'importance. »

HeroesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant