ʟᴏᴅɢᴇʀ, part.85

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Ce matin là, la maison était très calme. Il était très tôt. L'air frais de l'hiver soufflait, le soleil encore endormi. Le monde semblait sur pause. Un sorcier pouvait se permettre de se lever tard et de ne pas être en retard pour autant, alors, toutes les paupières restaient fermées et les esprits dans les nuages du sommeil. La nuit veillait sur la maison, abritant les secrets et protégeant les endormi∙es. 

Marlène dormait dans les bras de Dorcas. Leurs deux lit séparés ayant été réunis pour n'en former qu'un. L'une avait un entrainement de Quidditch au stade mais il lui restait des heures de sommeil qu'elle savourerait jusqu'à la dernière minute. Son ambition de devenir joueuse professionnelle lui demandait déjà quelques sacrifices au niveau du sport et de l'alimentation qu'elle faisait avec plaisir, mais elle ne se lèverait jamais plus tôt sous aucun prétexte. 

Tout comme Lily, James ou Sirius qui devraient travailler, mais plus tard. Pour le moment iels se réservaient le droit d'oublier la vie et de dormir comme des bienheureux. 

Remus, lui, était déjà levé, ayant abandonné Sirius dans ses rêves quelques minutes plus tôt. Il était le seul à n'avoir aucune raison de se lever tôt puisqu'il n'avait pas de métier. Pas encore... Peut être n'en aurait-il jamais. Il avait essayé, pourtant, tout les jours. Devant un magasin moldu ou lorsqu'il attrapait une annonce et y courrait, mais moldu∙es comme sorcier∙es se désintéressaient de lui dès l'instant où iels voyaient ses cicatrices. Les seules personnes qui l'acceptaient étaient les mangemorts malfamés de l'allée des embrumes tenant des magasins de magie noire qu'il ne voulait nullement soutenir, encore moins en ces temps de guerre. Il n'y serait pas allé même si on lui y avait promis les étoiles.

Il s'en voulait de faire payer sa part du loyer à ses parents, même si elleux disaient que ça n'avait aucune importance et que Sirius lui répétait qu'il n'avait pas à payer de loyer du tout... Il n'empêchait qu'il se leva tôt le matin pour remplir ses journée mais se souvenait qu'il n'avait rien à faire pour le moment. 

Cette fois il sortit des livres et des parchemins et commença à écrire des articles ou des textes à la lueur d'une lampe de bureau. Il mit la radio, très bas, pour ne pas déranger. La radio moldue ne parlait de pas grand chose d'intéressant, juste la façon qu'un certain Earl avait de signer ses citrouilles. Il tourna un bouton pour accéder à la radio sorcière et, cette fois, la guerre était le sujet pendu à toutes les lèvres, de toutes les façons différentes, débordant du mot tant on avait de choses à dire : Victimes, armes, défense, duel, Mage Noir, Mort∙es...

Il se força à écouter pour savoir, mais se rendit compte que tout ça le rendait très mal, aux premières heures du matin, surtout quand il baignait dedans toute la journée depuis plusieurs années. Il passa sur une station qui diffusait du rock. Gardant dans sa tête les images imprimées de la guerre et du chaos. Dehors, il voyait des nuages qui n'étaient pas causé par la pluie mais par les ondes de magie noires qui se déplaçaient sur des kilomètres après des effusions de sorts. Il croisa les bras et mis sa tête dedans, finissant par s'endormir sur ses livres, bercés par une lointaine chanson. 


Il ouvrit les yeux plus tard, le jour pluvieux par la fenêtre, perturbé par un bruit incessant. Pourquoi s'était-il rendormit ? Cette lune croissante ne le réussissait pas. 

« Oh ! La ferme ! Laisser moi dormir ! »

Il réalisa où il se trouvait et se releva d'un bond. L'horloge du salon indiquait neuf heures, ce quoi signifiait qu'il était seul à la maison et il fallait qu'il aille ouvrir. Le bruit incessant était celui d'une main frappant sans retenue sur une porte à en défoncer le bois. 

Remus soupira. Ça ressemblait à Maugrey, il n'y avait que lui pour être aussi insistant. Il ne se privait pas pour débarquer à des heures pas possible sous prétexte qu'il fallait une vigilance constante. Le loup-garou n'avait franchement aucune envie de voir cet homme qui ne l'aimait pas, ce qu'il lui rendait bien, mais sa politesse et son inquiétude le poussèrent malgré tout à aller voir ce qui se passait. Il n'avait pas tort sur un point, dans une période comme celle-ci la vigilance était primordiale.

En traversant le couloir il réfléchit : Lily et Dorcas reviendraient pour manger mais il ne pourrait pas voir les autres avant dix-sept ou dix-huit heures. S'il y avait une mission urgente, il devrait s'en occuper seul. Il serra son poing pour mesurer son niveau de fatigue : énorme. Il n'avait même pas assez de force pour serrer le poing, il fallait qu'il mange quelque chose s'il partait en repérage pour l'Ordre. 

Mais quand il ouvrit la porte il fronça les sourcils en découvrant la personne qui se tenait derrière, trempée d'eau glaciale avec un regard curieusement heureux. 

Ce n'était pas Maugrey. 

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Sirius et James arrivèrent en transplanant devant l'entrée de la maison dans un "Crack" sonore. Il faisait déjà nuit à cause de l'hiver, les obligeant à murmurer un "lumos" pour voir la serrure et y mettre la clé, avant d'abandonner pour un plus simple "Alohomora". 

James devait avoir fait une blague car Sirius avait ce sourire malicieux et cette humeur qu'il avait toujours avec les maraudeurs : le coeur battant d'adrénaline, les joues rouges d'avoir couru mais l'esprit en fête, se délectant de ce qu'ils avaient fait ensemble. 

Ils entrèrent dans la maison, comprirent qu'ils étaient les derniers et crièrent un salut pour marquer leurs présence. Ils avaient l'habitude des voix de Dorcas et Marlène leurs répondant au premier étage, d'un Remus silencieux et d'une Lily qui courait les voir avec parfois quelques personnes de plus qui allaient et venaient... mais cette fois il n'y eu pas le moindre son. La lumière et les voix étouffés sous la porte en bois du salon leurs indiquaient pourtant qu'ils n'étaient pas seuls... 

Ils ouvrirent le battant. 

Sur les fauteuils se tenaient réunis Remus, Peter, Mary et Lily puis Dorcas et Marlène assises sur les bras de canapé. En face d'eux une silhouette de dos, cachée par le dossier du fauteuil qu'elle occupait. 

Quand ils entrèrent les regards se tournèrent vers eux. Six visages connus ne changeant pas d'expression et un septième tout aussi connu dont la présence frappa le fond de leurs coeur.

C'était un jeune homme aux cheveux noirs en bataille, les yeux profonds, avec ses restes d'une culture aristocratique dans ses mouvements qui se leva pour être en face d'eux, quoi qu'un peu plus loin. 

Regulus Black, portant à sa main un curieux médaillon doré. 

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