sᴛᴀᴛɪᴏɴ ᴛᴏ sᴛᴀᴛɪᴏɴ, part.61

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À l'aube, les yeux de Remus étaient rougis de larmes et de fatigue, il rejouait en boucle les images de la veille. Il se sentit comme de retour à la pénible journée durant laquelle il avait du avouer à ses amis sa vraie nature. Il était mis à nu, découvert. Cette fois il allait perdre les maraudeurs, c'était certain. 

« Moony ? »

Depuis de longues minutes, peut-être même une heure, Sirius se tenait debout derrière les rideaux tirés du lit de son ami et essayait de l'en faire sortir sous les regards curieux des autres. Le soleil projetait sa silhouette en ombre chinoise sur le tissu écarlate. De l'autre coté de la barrière, Remus détourna le regard. 

« Qu'est-ce qui se passe ? » demandèrent encore ceux qui ne savait pas. 

Sirius refusa une nouvelle fois d'offrir une réponse satisfaisante. Le silence faisait résonner les sanglots de celui, qui, caché dans le lit, essayait de les masquer.

« Remus. On vas au petit-déjeuner et il faut que tu manges. »

Parle-moi. 

D'ici il ne pouvait voir que son camarde avait lui aussi les yeux rougis, lui aussi l'esprit piégé par des questions. Par de la culpabilité. Il avait eut le temps de se persuader qu'il avait initié le baiser contre la volonté de son ami, qu'il l'avait entrainé dans cet amour trop lourd et que maintenant tout allait se briser. 

Même un habituel « J'ai pas faim ! Vas te faire voir ! » - très présent en période pré-pleine lune - lui aurait convenu. À la place, le froissement des draps se fit entendre, un morceau de voix brisée étouffée par un coussin. Les coeurs se fissurèrent d'autant plus, se rappelant à quel point le jeune homme avait l'habitude de souffrir seul, en silence, de corps rongé de l'intérieur invisible aux yeux des autres. 

Sirius resta démuni, caressant du bout de ses bras ballant l'abris de son ami, réprimant une envie de le rejoindre. James vint lui poser une main sur l'épaule.

« Viens, on vas manger. Il finira par sortir de toutes façons. »

.

On attrapa le bras de Marlène, qui, sentant trop fort l'absence de Dorcas pour la Toussaint, avait été contrainte d'accompagner les filles à la bibliothèque pour une révision de BUSEs. Elles peinaient encore avec les informulés. 

Le toucher familier de celui qui était son petit-ami à mis-temps la guida jusqu'au rayon le moins fréquenté où l'on rangeait les livres que n'importe quel∙le élève aurait eut honte d'avoir en sa possession. La blonde parcouru l'espace des yeux, grimaçant devant les Conseils Amoureux de la Mère Javotte, se demandant si elle pourrait faire de ce terrible livre un cadeau humoristique pour le retour de Dorcas. Elle avait toujours l'air triste en revenant de chez elle. 

Iels s'assirent sur le sol, cognant la tranche d'un livre qui grogna. Sirius ne la regardait pas, il triturait ses mains, ses coudes posés sur ses genoux pliés en angles aigus. Elle l'interrogea du regard, sentant poindre une nouvelle rupture. Elle s'en fichait, iels avaient conscience d'être un couple vacant, ensemble parce que c'était plus simple que de se dire ami∙es. 

Et puis elle l'avait vu tomber amoureux de quelqu'un d'autre, en rêve. 

« J'ai embrassé quelqu'un. 

On recevait les échos de celleux venu∙es s'entrainer aux sortilèges en arrière plan, un groupe d'élèves jouaient au manoir hanté quelques rangées de livres plus loin. 

- T'es amoureux ?

- Ouais. répondit Sirius, hésitant, songeant à l'éclat d'émotions qui l'avait traversé le temps du baiser. Il n'avait jamais ressentit ça avant. Jamais pour une fille. 

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