Chapitre 41

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La douleur dans l'épaule a l'air de s'être apaisée.

Je suis allongée depuis une vingtaine de minutes, remémorant les souvenirs qui ont jaillit dans mon sommeil. Je n'ai pas repensé à ce collier depuis plusieurs mois maintenant. J'y tenais plus qu'au reste de mes affaires alors lorsque mon frère m'a avoué l'avoir perdu quand on a quitté la maison, je lui en ai voulu mais je n'ai pas eu la force de lui faire part de mon mécontentement. Il avait l'air si désolé de la situation. Depuis, je me touche parfois le cou pensant y trouver la chaine en or et l'étoile qui pend. La majorité des souvenirs de ma mère comporte ce collier alors y repenser me donne les larmes aux yeux.

J'essaie de me lever pour prendre l'air à la fenêtre mais à l'instant où je me redresse, je n'arrive pas à retenir un gémissement de douleur. L'épaule est encore plus douloureuse que dans mon souvenir. Je ne vais pas tenir longtemps dans cet état, je deviens un poids pour les autres. Lorsque j'arrive enfin à me lever, j'avance vers la fenêtre mais n'ai pas la force nécessaire pour l'ouvrir alors je quitte précautionneusement l'appartement. En passant devant la porte de l'appartement que j'ai dû visiter, je remarque que la porte est entre-ouverte. Je n'ai pas dû la fermer correctement. Bien que je me souvienne parfaitement de l'odeur qui émane de l'endroit, je ne peux m'empêcher d'entrer. Personne ne mérite d'avoir son corps au sol comme des vauriens. Je peux percevoir la chambre du couple dont le lit est dégagé alors bien que je n'aie qu'un bras valide, je m'agenouille pour tenter de soulever la femme. Son corps est dur comme du béton, sûrement dû à la rigidité cadavérique. Au moment où je la pousse un peu, je réalise qu'elle ne fait pas son poids. Il m'est impossible de la soulever. L'homme bien plus imposant va me donner du fil à retordre. Je comprends que le problème ne vient pas de la femme lorsque je me rappelle qu'ils se tiennent la main et qu'elles sont scellées. Les déplacer un par un risquerait de briser l'une des mains, ce qui est hors de question. J'arrive tant bien que mal à mettre la femme sur son mari pour ne pas les blesser.

Penser à les blesser me peine alors que ce ne sont que deux corps sans vie. La situation doit être bien ironique vu de l'extérieur. Une fille qui tire deux corps pour les installer confortablement dans le lit conjugal.

Subitement, la porte grince ou s'ouvre, je bondie derrière le canapé atterrissant sur l'épaule. J'étouffe comme je peux mon gémissement.

-   C'est moi, Aiden.

Evidemment. Il aurait pu avertir de son arrivé. Je me relève en titubant, assommée par la douleur.

-   Je suis désolé !

Il me court dessus quand il comprend qu'il a considérablement accru ma douleur.

-   C'est bon.

Ma réponse est assez froide j'en ai conscience mais mon corps répond sans réfléchir.

-   Que fais-tu là ?

Il pose sa question après avoir dévisagé les corps l'un sur l'autre à ses pieds.

-   Je voulais juste les déplacer, qu'ils ne restent pas au sol à jamais.

Son visage s'adoucit.

-   Tu m'épateras toujours.

-   Et je dois prendre ça comme un compliment ?

-   Oui, oui. Ce couple est décédé mais tu veux quand même qu'il repose en paix. Je n'ai jamais rencontré une personne avec autant de bonté avant.

Je rougis ne m'attendant pas un tel compliment.

Aiden n'ajoute pas un mot de plus et se met à porter le couple avec une facilité déconcertante. Il les allonge avant de les couvrir d'un plaid. Ce garçon veut vraiment que je ne puisse plus me passer de lui.

After The RainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant