Chapitre 7 Geoffroy

7.4K 703 53
                                    

Nous sortons du lycée au milieu du flot des élèves. Olivier paraît un peu plus détendu que ce matin. Quelques lycéens qui doivent être dans sa classe lui adressent des signes joyeux auxquels il répond avec davantage de retenue. Malgré sa timidité excessive, il a l’air de bien s’intégrer. 

— Alors, je lui demande pour faire la conversation, comment s’est passée ta première journée de cours ? 

L’oméga hausse les épaules. 

— Ça allait. Antoine est sympa. Il s’est assis à côté de moi et a promis de m’aider à travailler pour me mettre à niveau dans toutes les matières. 

Je grince des dents. 

— Ah ouais ? Je peux aussi t’aider, si tu veux. Je suis un bon élève et j’ai un an d’avance sur vous. 

Il me jette un regard timide, étonné de mon ton un brin agressif. 

— Pourquoi pas ? marmonne-t-il. 

Je regrette aussitôt cet accès d’humeur. Après tout, qu’est-ce que cela peut me faire qu’Antoine tourne autour d’Olivier ? C’est un gentil garçon qui prendra soin de lui. Que demander de plus ? Et puis, s’il fait un jour du mal à cet adorable petit oméga, je lui péterais la gueule, voilà tout. 

Je secoue intérieurement la tête, m’étonnant une nouvelle fois des sentiments violents qu’Olivier fait naître en moi depuis la veille. Je n’ai jamais été violent ou du genre à me bagarrer avec mes petits camarades. 

L’air extérieur est frais et je vois le petit oméga frissonner malgré son gros manteau et son écharpe. J’ai envie de le prendre dans mes bras pour le réchauffer, mais me contente de lui jeter un regard soucieux. 

— Tu devrais t’habiller plus chaudement, je le réprimande. 

Je le vois faire une petite moue agacée et il enfonce son menton dans son écharpe. Il n’aime visiblement pas les recommandations. Je note intérieurement d’éviter de lui en faire trop, même si je pense avoir du mal à m’en empêcher. Quand je suis avec cet adorable oméga, je ressens un désir puissant de le protéger de tout mal. 

Nous entrons dans la petite boutique à la peinture défraîchie tenue par les Marin, un vieux couple relevant de ma meute. Aujourd'hui, c’est monsieur Marin qui se tient derrière la caisse et bondit dès qu’il entend la clochette de la porte d’entrée. 

— Mon petit Geoffroy, s’exclame-t-il de sa voix chevrotante. Que me vaut le plaisir de ta visite ? 

Je me déplace d’un pas pour dévoiler Olivier qui se tient caché derrière mon dos. 

— Je viens pour l’équiper de l’uniforme de Saint-Loup. 

Monsieur Marin adresse un sourire poli à Olivier. 

— Ah, tu dois être le petit oméga dont tout le monde parle depuis quelques jours. J’ai bien connu tes parents. Ils achetaient leurs uniformes ici, également. 

Olivier s’agite timidement. 

— Vraiment ? 

Sans lui accorder plus d’attention, M. Marin parcourt toute la boutique en marmonnant dans sa barbe. 

— Les uniformes… Hum… Une toute petite taille, n’est-ce pas ?  C’est que je n’ai plus beaucoup de choix à cette période tardive de l’année… Ah, voici ! Viens mon enfant. Sapristi, où ai-je donc rangé les cravates ?  J’en avais pourtant tout un stock ! 

Il fait signe à Olivier de le rejoindre et lui fourre entre les bras un pantalon et une veste noire portant le blason réglementaire du lycée (sans grande originalité, un loup surmonté d’une auréole). 

Je pousse le petit oméga vers l’unique cabine de la boutique.  

— Essaie l’uniforme. Je vais continuer à chercher la cravate avec M. Marin pendant ce temps-là. 

En fouinant un peu partout, je finis par mettre la main sur les cravates rouges de Saint-Loup. J’en saisi une et me précipite triomphalement vers la cabine. 

— Je l’ai trouvée, j’annonce en ouvrant les rideaux. 

Puis je me fige. Olivier me fait face, en petite tenue. Il ne porte qu’un caleçon et ses chaussettes. Son corps légèrement penché en avant est mince sans être pour autant squelettique. Sans réelle raison, je le trouve incroyablement sexy. J’ai l’impression de m’enflammer. J’ai envie de me précipiter dans cette cabine et de faire mien cet oméga. Puis je me reprends. Olivier est rouge comme une pivoine et me fixe avec de grands yeux. 

Je referme précipitamment les rideaux en balbutiant une vague excuse. Je tiens toujours la cravate entre mes doigts. Je n’entends pas un bruit provenant de la cabine et j’imagine que l’oméga est aussi mortifié que je le suis. Nous restons silencieux un long moment, chacun de notre côté du rideau. Bon sang, ce que je peux être idiot, parfois ! 

— Geoffroy ? 

Je fais un bond en l’air lorsque l’oméga prend à nouveau la parole. 

— Hum oui ? 

— Peux-tu à présent me passer la cravate ? 

Sans oser cette fois-ci écarter les rideaux, je tends la main par une fente du tissu. Je sens les doigts d’Olivier me prendre délicatement la cravate. Sa voix un peu gênée s’élève à nouveau un peu après. 

— Geoffroy ?  

— Tu peux m’appeler Geoff, tu sais. La plupart des gens le font. 

— Hum… Geoff ? 

— Ouiii ? 

— Je ne sais pas faire le nœud de cravate… 

— Oh… Je peux entrer ? 

Il ouvre les rideaux sans un mot et je fais un pas en avant. Olivier est positionné en face de la glace, me tournant le dos. L’uniforme lui va bien, même s’il est trop long au niveau des manches et du bas de pantalon. 

Je m’approche lentement de lui jusqu’à le frôler. 

— Je peux te reprendre la cravate ? 

Il me la donne et je lui passe le morceau de soie autour du cou. Je le vois déglutir. Mes doigts effleurent sa peau. Comme la veille, je suis pris du désir presque irrésistible de planter mes dents dans son cou gracile. Mes cuisses ne sont qu’à quelques millimètres de ses fesses bien rondes. Bon sang ! 

Je me dépêche de nouer au plus vite cette fichue cravate et recule de trois pas hors de la cabine. Le garçon sort timidement à ma suite. Il est toujours un peu rouge et, pour tout avouer, je dois certainement l’être aussi. Nous évitons tous deux soigneusement de nous regarder directement. 

Monsieur Marin se précipite vers nous avec un mètre mesureur et tourne autour d’Olivier pour planter des épingles dans l’uniforme. 

— Et voilà ! Tu peux te déshabiller, mon enfant. Fais attention à ne pas te piquer, surtout. Mon petit Geoffroy, je vais m’occuper des retouches dès que possible. Tu peux dire à ta maman d’envoyer quelqu'un les récupérer dimanche matin. 

J’attends patiemment qu’Olivier se change et nous sortons ensemble de la boutique après avoir remercié le vendeur. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant