Chapitre 32 Olivier

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Sagement assis sur la chaise roulante de mon bureau, j'essaie d'apprendre un cours d'histoire pour un contrôle que j'aurai à la fin de la semaine. Mais je n'arrive pas du tout à me concentrer. Je n'arrête pas de penser à Geoffroy. À la valse que nous avons dansé ensemble. Quand je ferme les yeux, je peux entendre la musique entraînante qui nous emportait. Je peux sentir la main gauche de l'alpha enserrant ma taille. Et je peux encore me souvenir de la peur que j'avais que notre amour devienne soudain visible aux yeux de tous. Geoff me regardait comme s'il était sur le point de m'embrasser. Une part de moi avait envie qu'il le fasse. Vraiment envie. Cette danse était beaucoup trop sensuelle. J'ai déjà dansé avec Antoine dans des soirées. Cela ne m'avait pas du tout fait le même effet. 

Je secoue la tête et rouvre les yeux pour m'efforcer de m'intéresser aux feuilles recouvertes de notes posées devant moi. 

"La Première Guerre mondiale a été déclenchée suite à…". 

Mon attention s'en est déjà allée. Le visage de Geoff danse devant mes yeux. Je l'ai vu pour la dernière fois il y a quelques heures et il me manque déjà… 

La porte de l'entrée claque et je sursaute. J'entends des grands bruits dans l'escalier. Geoff entre en trombe dans ma chambre. Il semble furieux et je me lève de ma chaise, inquiet. 

— Que se passe-t-il ? 

Il se met à tourner en rond, les poings serrés. 

— J’ai raté mon permis, finit-il par lâcher. Et tout ça à cause d’un connard de piéton qui a trouvé amusant de traverser n’importe comment en dehors des passages cloutés ! J’aurais dû l’écraser, tiens ! ça lui aurait donné une leçon ! 

Je m’approche de l’alpha pour le serrer dans mes bras. Il tremble de colère. 

— Je suis désolé… 

Il enfouit son visage contre ma poitrine. 

— Maman va en faire toute une scène, marmonne-t-il. Elle va me dire que je ne suis qu’un incapable. Que je ne ferai jamais rien de la vie et gnagnagna. 

Je lui caresse doucement les cheveux. 

— Mais non ! Ce n’est pas si grave. Tu pourras le repasser. 

Geoffroy lève brusquement le visage. 

— Pas si grave ? On voit que tu n’es pas un alpha et un futur chef de meute ! Tu n’as aucune idée de la pression qui pèse sur mes épaules. La vie est facile pour quelqu’un comme toi sans aucune responsabilité ! 

Je recule d'un pas comme s'il m'avait poussé en arrière. 

— La vie est facile pour moi ? je répète à mi-voix. 

Le jeune homme se mord la lèvre. 

— Non. Je suis désolée, O. Ce n'est pas ce que je voulais dire. 

Je secoue la tête, incrédule. 

— Tu crois que la vie est facile quand on est un oméga. Qu'on a perdu ses parents. Qu'on se transforme en monstre deux fois par mois. Et quand on est amoureux de la mauvaise personne. 

Geoffroy fronce les sourcils. 

— De la mauvaise personne ? 

— Tu vois très bien ce que je veux dire ! Nous… nous n'aurions jamais dû tomber amoureux ! 

— Nous sommes faits l'un pour l'autre ! Je ne suis pas la "mauvaise personne". 

L'alpha semble très vexé et je sens soudain des larmes couler sur mes joues. La colère de Geoffroy disparaît aussitôt et il me prend dans ses bras. 

— Je suis désolé, mon amour, répète-t-il. Je ne voulais pas te faire de la peine. Je ne suis qu'un idiot, tu sais ? Pourquoi pleures-tu ? 

— Je ne sais pas…, je sanglote en m'agrippant à son pull. C’est juste que… que je suis stressé par tout ça. Je ne sais pas ce que nous allons faire… Et la pleine lune commence dans trois jours… 

L'alpha me presse contre lui. 

— Ne stresse pas, mon amour. Il n'y a aucune raison de t'inquiéter. Je ne laisserai jamais le moindre mal t'arriver. 

Je renifle. 

— Tu ne peux pas me faire une telle promesse. Il y a trop d'éléments sur lesquels nous n'avons aucune maîtrise. 

Geoff me fait relever la tête pour planter son regard dans le mien. 

— Pour toi, je ferai l'impossibilité. Je t'aime Olivier. Je t'aime comme un fou. 

Il m'embrasse et je me pends à son cou. J'ai confiance en mon alpha. Oui. Je sais qu'il serait prêt à tout pour moi. Mais je n'ai pas confiance en notre avenir. 

— Je t'aime aussi. 

Ma voix est toute chevrotante et les larmes continuent à couler le long de mes joues. Geoff les essuie doucement. 

— O… Commence déjà par ne pas t'en faire pour la pleine lune, d'accord ? Je t'accompagnerai, cette fois. Non, pas de protestation. Je sais que je ne risque rien. 

— Mais… mais… 

Le jeune homme pose un doigt sur mes lèvres. 

— Pas de protestation, j'ai dit. 

Alors je garde la bouche fermée. Et j'embrasse Geoff. Il me rend mon baiser avec cent fois plus de force. Avant que j'ai eu le temps de reprendre mes esprits, je me retrouve allongé sur le dos sur mon lit, un alpha musclé au-dessus de moi. L'alpha musclé en question me jette un regard brillant d'excitation, visiblement prêt à me déshabiller sur le champ. 

— Ferme les rideaux, au moins, je chuchote nerveusement. 

Geoffroy pousse un grognement et se relève pour s'avancer vers la fenêtre. Il tire sur le morceau de tissu et se fige soudain. 

Je me redresse effrayé. 

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? 

L'alpha regarde toujours dehors. 

— J'ai cru voir une silhouette plantée dehors… Elle a disparu. 

Les battements de mon cœur s'affolent. 

— Tu… tu crois que quelqu'un nous a vu nous embrasser ? 

Geoffroy ferme brutalement les rideaux et se tourne vers moi. Il essaie de m'adresser un sourire rassurant. 

— Non, non. J'ai peut-être rêvé… Ou alors c'était peut-être juste un passant. Nous ne nous sommes pas mis directement devant la fenêtre. Je ne vois pas comment on aurait pu nous surprendre. 

Je pousse un gémissement angoissé. 

— Geoff… 

Le jeune homme se précipite vers le lit pour me reprendre dans ses bras. Je me blottis contre lui en tremblant. 

— J'en ai assez d'avoir peur tout le temps, Geoff. 

L'alpha me caresse doucement. 

— Tout ira bientôt mieux, O. Je te le promets. 

J'aimerais le croire. Mais je ne peux pas m'empêcher de songer qu'une catastrophe peut nous tomber dessus à tout moment. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant