Chapitre 41 Geoffroy

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Les hommes en noir sortent de leur véhicule. Je regarde tout autour de nous, cherchant une issue. Là ! Le trou dans le cercle qu'ils forment pourrait permettre à Olivier de s'échapper ! 

Je me tourne vers le loup qui a fini de remplacer mon bien aimé et je le regarde droit dans les yeux. 

— Fuis, Olivier ! 

L'animal frémit mais ne bouge pas d’un poil. Il baisse la queue et me regarde tristement. Manifestement, il ne souhaite pas non plus me quitter. 

— Vas-y ! je l'enjoins. Sauve-toi ! 

Il pousse un gémissement. Je pose mes deux mains sur son flanc et le pousse le plus fort possible. 

— Cours ! Cours, mon amour. 

Le loup se met enfin en mouvement. Il est rapide, puissant. Il peut y arriver, je le sais. Je le regarde s'élancer, pétrifié par le stress. Pendant une seconde ou deux, je crois qu'il l'a fait. Qu'il a dépassé les hommes qui se regroupent. Puis je remarque que deux d'entre eux tiennent un grand filet dans lequel Olivier vient se jeter. Il glapit en se débattant. 

Rendu fou par le traitement infligé à mon âme sœur, je rugis et me jette sur l'un des deux hommes. Je le frappe en plein visage. Il tombe en arrière avec un cri de douleur. Je m'attaque aussitôt à l'autre pour essayer de lui faire lâcher le filet. Le loup s'agite et hurle comme un beau diable, paniqué. Sa mâchoire claque dans le vide. 

— Olivier ! Non, ne le touchez pas, sales bâtards ! 

Quelqu'un me tire les bras en arrière. À ma grande horreur, je vois l'un des hommes jeter quelque chose en direction du loup. Ce dernier titube et s'écroule comme une masse. 

Mon cœur s'arrête. 

— Qu'est-ce que vous avez fait ?!

Deux personnes soulèvent le loup inerte pour le déposer dans le coffre d'une camionnette noire. Je me débats, terrifié. Pourquoi Olivier ne bouge-t-il plus ? 

— Qu'est-ce que vous lui avez fait ? je hurle à nouveau. 

L'un de nos agresseurs finit par avoir pitié. 

— Du calme. Il est juste endormi. 

Je me détends très légèrement. Les hommes en profitent pour m'entraîner vers un autre véhicule. 

— Non ! Je veux partir avec lui ! 

Mais mes adversaires sont trop nombreux. 

— Il faudrait le mettre sous sédatif, lui aussi, marmonne le type que j'ai frappé au visage. 

Je constate avec férocité qu'il saigne abondamment du nez. Bien fait pour sa gueule. 

— Tu sais bien qu'on n'est pas censé lui faire du mal, à celui-là, commente l'un de ses camarades en me regardant de travers. 

Je continue à me faire tirer vers une deuxième camionnette. Celle dans laquelle se trouve Olivier démarre et s'éloigne rapidement sur la route de campagne. 

— Non ! 

Je fixe les feux arrière du véhicule jusqu'à ce qu'ils disparaissent au premier tournant. J'essaie de me libérer pour lui courir après. Mais je suis maintenu trop fermement et balancé dans la camionnette. Les hommes en noir entrent à leur tour. Le coffre arrière est vaste et dispose de deux rangées de bancs de part et d'autre. Mes agresseurs s'installent de part et d'autre. Je me jette contre la portière pour la faire basculer. Elle est verrouillée. Je sens le plancher trembler. Nous nous mettons en route. 

— Calme-toi, me jette l'un des hommes. Sinon nous t'attacherons. 

Je l'ignore. 

Olivier… 

Mon ventre se serre et j'ai soudain l'impression d'étouffer. Il me manque. J'ai peur pour lui. Le sort qui m'est réservé m'indiffère, mais le sien… 

Je me rappelle brusquement que je l'ai marqué. Quand je passe ma lèvre sur mes dents, je me souviens du goût délicieux de sa peau. J'ai agi sans préméditation en me contentant de suivre mon instinct. 

Je tourne un regard flamboyant vers mes geôliers. Je leur hurle dessus. Je leur décris dans le menu détail tous les tourments que je leur infligerai s'il arrive le moindre mal à mon oméga. Mes menaces et insultes ne paraissent pas leur faire un grand effet. L'un d'entre eux allume tranquillement une cigarette et enfume l'habitacle. Je tousse et continue mon énumération : 

— … Et j'entortillerai vos entrailles au sommet d'un grand sapin avant de relâcher une colonie de vautours pour qu'ils les bouffent. 

— Il a de l'imagination, ce gosse, il faut bien le reconnaître, commente le type à la cigarette avec un sourire amusé. 

Oui, amusé ! Mon oméga est entraîné inconscient loin de moi et lui il se marre ! 

La camionnette roule pendant des heures. J'ai arrêté de crier depuis un moment. Je me contente de fixer froidement les hommes qui me surveillent du coin de l'œil. À un moment, ils me proposent à boire mais je refuse d'un signe de tête. Je ne veux rien recevoir d'eux. 

Je dois m'endormir un moment. Je suis si épuisé que mes yeux se ferment tout seuls et j'ai des moments d'absence. À l'un de mes réveils, je remarque que le véhicule s'est immobilisé. 

L'un de mes geôliers ouvre la porte arrière. 

— Sors de là. 

Je le toise. 

— Où est Olivier ? 

Ma voie est rauque à force de m'être époumoné. 

Évidemment, je ne reçois aucune réponse. À la place, on me tire vers la sortie. Je suis d'abord ébloui par la brusque luminosité du soleil sur le déclin. Nous avons dû rouler toute la nuit et une bonne partie de la journée suivante. Puis je sursaute en reconnaissant les lieux. Nous sommes à Tourrette, devant ma maison. Mes parents se tiennent devant la porte. Mon père se dandine nerveusement pour essayer de mieux m'apercevoir tandis que ma mère reste figée comme une statue, les bras croisés. 

Je me sens amer. Ainsi ces hommes travaillent pour ma mère. Elle a envoyé ces sortes de mercenaires aux trousses de son propre fils. C'est à cause d'elle qu'Olivier a été emmené loin de moi. 

Je suis attrapé par le bras et tiré en direction du perron. 

— Merci de l'avoir ramené, dit ma mère lorsque nous arrivons à son niveau. 

— Nous avons aussi retrouvé la voiture de votre mari, madame. Elle vous sera restituée d'ici peu. 

Ma mère hoche la tête. 

— Parfait. Et l'oméga ? 

— Il a été emmené là où vous savez. 

Je dresse l'oreille. Là où vous savez ? Mes parents font vraiment partie de ce complot contre Olivier ? Quel rôle ont-ils joué, exactement ? Je retiens surtout que ma mère sait où se trouve actuellement mon amour. 

Papa vient me prendre par le bras. 

— Viens te mettre au chaud, mon loulou, me murmure-t-il, le visage tout pâle. 

Je résiste. Je veux entendre tout ce que ces hommes diront pour engranger le maximum d'informations. 

— Vous voulez qu'on reste un moment ? demande le mercenaire qui saigne du nez. Il était un peu agité. 

— En effet. Pouvez-vous l'emmener à l'intérieur ? demande ma mère. 

Je vois soudain une fille aux cheveux blonds nous regarder depuis l'autre côté de la rue. C'est Pauline. 

— Ils ont enlevé Olivier, je lui crie sans réfléchir tant je suis désespéré. Il faut l'aider ! 

Les hommes me forcent à rentrer dans la maison à ce moment-là et je ne peux pas voir la réaction de Pauline. Mais je me doute bien qu'elle a mieux à faire que d'aider le type avec qui son ex fiancé est parti. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant