Chapitre 13 Geoffroy

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Le mardi matin, je me rends en cours avec Olivier, selon la routine en train de se mettre en place entre nous. 

— Ça t’a plus, la répet d’hier ? je lui demande pour faire la conservation. 

L’oméga soupire. 

— J’étais nul. 

Je me racle la gorge. J’ai envie de lui dire que non, il a été génial. Mais je me décide finalement de ne pas trop tordre le cou à la vérité, malgré mon envie de lui faire plaisir. 

— Ne dis pas ça. Tu as juste besoin d’un peu d’entraînement. 

— Hum… 

— C’est vrai ! En tous cas, moi, j’ai aimé te voir sur scène. 

Une façon détournée de dire que je l’avais discrètement maté dès que je le pouvais. Je crois que je ne me lasserai jamais d’admirer Olivier. Il était si mignon hier, à bafouiller son texte en rougissant ! 

Le bus arrive à ce moment-là. Antoine aussi, malheureusement. Certes, cet autre alpha est censé être un bon ami mais, ces derniers temps, sa présence m’insupporte de plus en plus. 

Nous montons à bord tous les trois et Antoine parvient le premier à s’asseoir à côté d’Olivier. Je me retrouve relégué de l’autre côté de la rangée, fort mécontent. Antoine est tout près du petit oméga, en train de lui sourire. ça me rappelle le comportement de ce dernier pendant toute la répétition d’hier. Il n’a cessé de s’approcher d’Olivier, de lui parler, de chercher à le séduire. J’imagine, qu’au fond, il n’y a rien de mal à cela. Antoine est célibataire et n’est pas le futur chef de notre meute. Il a parfaitement le droit de faire de cet adorable oméga son petit ami, lui. Et ça me rend malade de jalousie. 

Ne supportant plus cet écœurant spectacle, je regarde par la vitre encrassée du bus, de mauvaise humeur. 

Nous arrivons au lycée un peu en avance. Antoine est interpellé par l’une de ses amies et j’en profite pour me tourner vers Olivier et l’attrape par le bras. Le petit oméga sursaute et me regarde avec de grands yeux. 

— Que… que se passe-t-il, bredouille-t-il, effrayé. 

Je serre les dents. 

— Il faut qu’on parle. 

Je l’entraîne avec moi jusqu’aux toilettes pour garçons. Après avoir vérifié que toutes les cabines sont vides, je lâche enfin Olivier et respire un bon coup. 

— Qu’est-ce qui se passe entre toi et Antoine ? je lâche, la mâchoire serrée. 

Il cligne des paupières. 

— Rien du tout. 

Mes yeux se plissent. 

— Il te drague. 

Ce n’est pas une question. Plus une accusation. 

— Je ne l’encourage pas à cela ! proteste Olivier. 

— Nous devrions prendre nos distances, je déclare sans transition. 

Olivier hoche la tête d’un air convaincu. 

— Oui. 

— C’est la meilleure chose à faire, je renchérie. 

— En effet. 

Et j’attire Olivier contre moi pour l’embrasser passionnément. Après un instant de surprise, le petit oméga se serre contre moi et passe ses petits bras autour de mon cou. 

— C’est une curieuse façon de prendre nos distances, commente-t-il avec un petit sourire. 

— Je sais… 

Je l’embrasse à nouveau, incapable de m’en empêcher. Il est vrai qu’Olivier ne cherche pas vraiment à me décourager et son odeur adorable ne fait que renforcer mon désir. Ses petits doigts s’agrippent à la veste de mon uniforme et je le presse encore davantage contre moi. Délaissant sa bouche, je fais glisser mes lèvres sur sa mâchoire, puis son cou. L’oméga penche la tête sur le côté, s’offrant entièrement à moi. Je n’aurais qu’à ouvrir la bouche pour planter mes dents dans sa peau. J’aimerais tant pouvoir le faire que mon corps tremble de la tête au pied. Mais je ne le ferai pas. Jamais je n’infligerais cela à une personne auprès de qui je ne peux pas être. Un oméga marqué par un alpha ne pourra plus jamais être en couple avec quelqu'un d’autre et Olivier mérite de trouver un homme qui pourra le chérir. 

Je finis par reculer de plusieurs pas, à contrecœur. Olivier me jette un regard frustré et pose inconsciemment la main sur son cou. 

Je l’observe avec inquiétude. Le petit oméga est plus pâle que jamais. Ses joues sont désormais dépourvues de la moindre couleur et je le vois frissonner à plusieurs reprises. 

— Tu devrais vraiment consulter un médecin, je déclare. 

Olivier secoue la tête. 

— Non… Non, ça ira mieux dans quelques jours. 

— Tu as l’air malade. 

— Je ne le suis pas, je t’assure. 

— Tu as mal à la tête ? Envie de vomir ? 

— Non ! Arrête de… de jouer à l’alpha ! 

J’hausse un sourcil. 

— Je suis un alpha. 

— Certes, mais pas… 

Il s’interrompt précipitamment et je comprends qu’il allait dire “mais pas mon alpha”. Bon sang, ce que j’aimerais pourtant être son alpha ! Si seulement je pouvais avoir le droit de le marquer, de le faire mien. 

Je passe une main dans mes cheveux. 

— Quand je t’ai dit que nous devions garder nos distances, et bien, j’étais sérieux. Nous ne devrions pas… Évitons qu’une telle chose se produise à nouveau, d’accord ? 

— Oui. 

Olivier me regarde avec sérieux et je dois fermement lutter pour ne pas l’embrasser à nouveau. Comment suis-je censé résister à ses lèvres si tendres ? Je ferme les yeux et me concentre avant de réussir à prononcer la phrase suivante. 

— Peut-être même que tu devrais te mettre en couple avec Antoine. Il serait plus facile ainsi pour nous deux de rester chacun de notre côté. 

Je rouvre les yeux. Olivier me fixe, choqué. 

— Je n’ai pas envie d’être avec quelqu’un d’autre que t… D’être avec quelqu’un. 

Il rougit de sa bavure et je le trouve irrésistible. 

— Antoine est quelqu’un de bien. Comme Pauline. 

Le petit oméga sursaute à la mention de ma fiancée. 

— Ouais… bon… j’y réfléchirai... , marmonne-t-il sans enthousiasme. 

Je lutte contre moi-même pour ne pas hurler que non, qu’Olivier est à moi et à moi seul. 

— La cloche va bientôt sonner. On devrait y aller. 

— Oui. 

Nous nous regardons une dernière fois en soupirant. 

— On mange tout de même ensemble ce midi ? me demande le petit oméga avec inquiétude. 

J'hésite. Je devrais lui dire non. Nous nous voyions déjà bien trop le reste du temps. 

— Bien sûr que oui, je lui réponds cependant devant ses yeux suppliants. 

Et je pousse la porte des toilettes en luttant contre ma mauvaise conscience. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant