Chapitre 20 Olivier

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Je me prépare le lendemain à aller faire les essayages de la robe de mariée avec l'enthousiasme d'un condamné à mort. 

— Aller, m'encourage Geoffroy en m'accompagnant jusqu'aux portes du lycée. Ça ne sera pas si terrible. Juste une petite séance de shopping de rien du tout. 

Je ne réponds pas. Geoff peut parler. Ce n'est pas lui qui se retrouve dans cette situation. 

Antoine nous rattrape alors que nous descendons les dernières marches. 

— N'oublie pas notre rendez-vous, me rappelle-t-il en glissant sa main dans la mienne. 

Je secoue la tête. Aucune chance pour que j'oublie. 
L'alpha s'approche dangereusement de moi. Je le vois lorgner sur ma bouche. Je sais qu'il projette de m'embrasser. Alors je tourne la tête très vite, mine de rien. 

— À tout à l'heure, je lui lance en m'enfuyant. 

Pauline m'attend auprès d'une femme d'une quarantaine d'année et qui ne peut être que sa mère. Madame Cabris ressemble beaucoup à sa fille, à l'exception du fait qu'elle est une bêta. Pour le reste, elle a les mêmes cheveux blonds et un air gracieux en toutes circonstances que je serais bien en peine d'imiter. 

— Tu dois être le fameux Olivier ? me lance-t-elle en guise de salut. 

— Oui, c'est lui ! s'exclame Pauline sans me laisser l’occasion de répondre. Bon, allons-y ! 

Elle enroule son bras autour du mien et m'entraîne derrière elle à grande vitesse. 

— J'ai déjà repéré des modèles de robe, me dit-elle, tandis que nous parcourons les rues au pas de course. Oh, je suis si excitée ! J'ai l'impression d'avoir attendu ce jour toute ma vie ! 

Mon ventre se noue. Je crois que je me sentirais mieux si Pauline était une fille odieuse. Oui, tout serait plus facile si je pouvais la haïr en toute tranquillité et même me réjouir à l'idée de lui voler l'homme qu'elle aime. Car elle l'aime, ça se voit. Mais pas autant que moi. 

Nous traversons le centre-ville en courant presque. Je suis essoufflé. Pauline et sa mère bavardent au sujet de bouquets et autres sujets auxquels je ne comprends rien. Je n'arrive pas à me concentrer sur la conversation. 

Nous finissons par pénétrer en trombe dans une boutique à la devanture rose remplie de robes blanches. Je ne me sens pas du tout à ma place au milieu de tous ces froufrous immaculés. 

Pauline se jette aussitôt sur la vendeuse pour aller retirer les robes qu'elle avait réservées. Mme Cabris se promène dans la boutique, examinant de temps en temps un tissu de plus près. Pour ma part, je me cache dans un coin d'ombre dans l'espoir de me faire oublier. 

Pauline disparaît dans la cabine d'essayage avec la vendeuse. J'entends des gloussements excités et des petites exclamations. 

Les rideaux s'agitent au bout de longues minutes. 

— J'arrive avec la première robe ! crie Pauline. 

Madame Cabris se précipite et je suis le mouvement avec un léger retard. La jeune fille sort de la cabine et nous retenons notre souffle. Elle est splendide. La robe vaporeuse paraît avoir été conçue pour elle. 

Pauline se plante devant une glace et tourne lentement sur elle-même, s'examinant sous toutes les coutures. Je la trouve plus belle que jamais et j'ai envie de pleurer. Le miroir le plus proche de moi me renvoie le reflet d'un garçon pâle, trop maigre dans son uniforme et sans charme aucun. Sans cette histoire d'âmes sœurs, jamais Geoffroy n'aurait fait attention à moi. Ce qui aurait sans doute été mieux pour tout le monde. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant