Chapitre 8 Olivier

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Nous marchons dans la rue en silence. Je me sens encore très gêné de la scène qui s’est produite dans la boutique. Geoffroy m’a vu presque nu. Il a dû être dégoûté par mon torse chétif, surtout en comparaison du corps plantureux de Pauline… Un peu après, lorsqu'il est retourné dans la cabine, nous avons été presque collés l’un contre l’autre. J’avais tellement envie qu'il me serre contre lui ! Je suis si pathétique de désirer à un tel point un alpha fiancé à une autre… 

— Tu n’es pas obligé de venir à la séance de cinéma, déclare soudain Geoffroy. J’ai eu l’impression, tout à l’heure, que cela ne te branchait pas vraiment. Sens-toi très libre de définir ce que tu veux ou non. 

Je suis touché de voir que l’alpha a noté ma réaction. Geoff est très attentionné à mon égard. Bon, un peu trop, sans doute. 

— Ça me fait plaisir de venir, j’assure, même si ce n’est pas tout à fait vrai. 

Nous échangeons un petit sourire et je sens une multitude de petits papillons s’agiter dans mon ventre. 

Pauline et Antoine se trouvent déjà devant le cinéma. Antoine vient se mettre à ma hauteur et m’ouvre la porte du bâtiment avec une petite courbette galante. 

— Tu veux que je t’achète du pop-corn ? me propose-t-il. 

J’hésite. Je n’ai pas envie de passer pour le petit oméga dépendant. Mais comment pourrais-je refuser sans paraître malpoli ? 

— Euh… d’accord, merci, je finis par céder. 

— Je peux te prendre aussi une boisson, si tu veux, s’empresse d’offrir à son tour Geoffroy. 

Je me retrouve donc dans la queue encombré d’une immense boîte en carton débordante de pop-corns ainsi que d’une grande canette de coca. Puis les deux jeunes hommes se disputent presque pour savoir lequel d’eux deux va payer ma place de cinéma. 

— Olivier est l’invité de ma famille, finit par trancher Geoffroy en sortant son porte-monnaie. 

Antoine fait une moue déçue mais n’insiste pas davantage. 

Nous montons l’escalier pour entrer dans la salle de notre projection. Pauline s’installe dans une rangée. Geoffroy vient prendre place à côté d'elle et je me mets sur le strapontin suivant. Antoine ferme la marche. Je me retrouve coincé entre les deux alphas. Le bras d’Antoine se pose sur notre accoudoir commun et il se penche légèrement sur le côté. Je me rapproche de Geoffroy par réflexe. 

— Tu ne manges pas tes pop-corns ? me demande le premier d’un ton déçu alors que les bandes annonces se succèdent. 

J’en enfourne quelques uns dans ma bouche pour lui faire plaisir, puis enfonce la paille dans la boisson en voyant Geoff me jeter un regard en biais. Les deux alphas semblent enfin satisfaits et je me retiens de lever les yeux au ciel. 

Le film commence et je m’installe plus confortablement sur mon strapontin. Une musique inquiétante s’élève des hauts-parleurs et la première scène se déroule de nuit dans un cimetière. Rien de très original, pour un film d’horreur, et je grignote un nouveau pop-corn. Avant de manquer de m’étrangler avec un autre grain de maïs en voyant le personnage se transformer soudain en un monstrueux loup gris. 

Mon rythme cardiaque s’accélère et je me sens pâlir. Un film de loups-garous ! Il fallait que je tombe sur ça. 

Mes mains se mettent à trembler et je dois lutter ferme pour ne pas faire tomber la boîte en carton dont je suis encombré. 

J’aurais dû m’en douter… Ce genre de film est très populaire. Une légende raconte qu’autrefois, nos ancêtres pouvaient prendre des formes de loups. Que c’est pour cela que nous avions gardé certaines de leurs caractéristiques, comme les meutes et la répartition entre les alphas, bêtas et omégas. Évidemment, personne n’y croit vraiment. Je suis sans doute l’un des seuls à savoir que ce conte que l’on raconte aux enfants comporte plus de vérité que l’on ne pourrait le penser. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant