Chapitre 44 Olivier

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Moins d'une heure après, deux hommes viennent me tirer de ma cage pour me faire subir une série de tests. Ils m'allongent dans une sorte de tube et me font passer sous une machine bruyante. Une lumière vive m'éblouit et je ferme les paupières le plus fort possible. J'ai peur. J'ai froid. Terriblement froid. Comme si je ne pourrais plus jamais me réchauffer. 

On me sort enfin de cette machine infernale mais c'est pour me plonger dans d'autres tourments. On me coupe une mèche de cheveux. On m'enduit d'un liquide visqueux. On me force à rester debout entièrement nu pendant de longues minutes. 

Lorsque je retourne enfin dans ma cage, je me sens épuisé. Et je sais que la journée est loin d'être terminée. Ce soir, encore, je vais me transformer et ces personnes ne manqueront pour rien au monde ce spectacle. 

Le professeur Huguet vient m'apporter une sorte de bouillie en guise de dîner. Elle est froide et insipide mais je la dévore. Je n'avais plus rien avalé depuis le dîner que j'ai partagé avec Geoffroy dans notre chambre d'hôtel. 

Geoff… 

Je lève des yeux suppliants vers l'oncle de mon amour. 

— Je veux voir Geoffroy, je gémis pitoyablement. S'il vous plaît… Je… J'ai besoin de lui. 

L'homme me jette un regard froid et ouvre une petite ouverture dans ma cage. 

— Tends ton bras, me dit-il en sortant une seringue. 

Je recule autant que je le peux, effrayé. 

— S'il vous plaît… Puis-je voir Geoff juste un instant… 

— Ton bras. 

Je me mets à trembler. 

— Geoffroy… 

Le professeur prend l'air agacé. 

— Cesse donc d'appeler cet alpha. Il ne viendra pas. 

Je secoue la tête. 

— Si, il viendra. 

Et s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est bien de cela. Geoff ne m'abandonnera jamais. Il trouvera un moyen de savoir où je suis et me sauvera. Si je ne trouve pas un plan pour me libérer avant. Parce que je ne suis pas un petit oméga faible et sans défense. Je suis un loup. 

Le professeur Huguet remonte ses lunettes sur son nez. 

— Non, il ne viendra pas. À cette heure, il est en route pour son voyage de noces. 

J'ai l'impression de recevoir un coup dans le ventre. 

— De noces ? je bredouille d'une voix blanche. Quelles noces ? 

L'homme me scrute avec attention. 

— Ses parents ont su le convaincre d'épouser en avance la jeune Pauline. Pour le bien de la meute. 

Je secoue frénétiquement la tête. 

— Non ! Jamais Geoffroy n'aurait fait une chose pareille ! Vous mentez ! 

Il hausse simplement les épaules. 

— Le crois-tu ? Il t'a marqué, certes. Mais, contrairement aux omégas, les alphas sont libres de s'unir à plusieurs personnes. 

— Geoff n'est pas comme cela ! 

— Et s'il n'avait pas eu le choix ? 

Je recule d'un pas. Et si Mme Moret avait obligé son fils à se marier ? Elle en aurait été capable ! Et Geoffroy aurait pu accepter si cela avait été pour me protéger ! Oui, Mme Moret aurait pu promettre par exemple qu'aucun mal ne me serait fait ou que je serais relâché si Geoff épousait Pauline comme convenu. Il serait prêt à tout, pour moi, je le sais. 

Je m'écroule sur le sol, épouvanté. Je remarque à peine que je suis à présent seule, au milieu de cette grande pièce froide. De grosses larmes coulent sur mes joues. Je sanglote en silence, roulé en boule. 

Puis une chaleur commence à se diffuser dans ma poitrine. Peu à peu je me tranquillise. Je comprends que mes craintes sont absurdes. C'est peut-être la marque que je porte au cou qui me donne cette capacité, mais je sens que Geoff ne s'est pas lié à quelqu'un d'autre. Et puis, même si Mme Moret avait réussi à le forcer, comment Pauline aurait-elle pu accepter ? Elle est au courant maintenant que son ancien fiancé en aime un autre. Elle ne voudra plus s'unir à lui. 

Je reste allongé sur le sol en feignant le désespoir. Je fais semblant d'être découragé et apathique pour que mes geôliers relâchent leur vigilance. Deux infirmiers me conduisent dans des toilettes. Je me laisse entraîner sans protester, la tête baissée et ils finissent par me laisser seul dans une cabine. Mon cœur s'accélère en constatant qu'elle dispose d'une petite fenêtre fermée d'une grille vétuste. 

Mon amour pour Geoff brûle plus fort que jamais. Il est comme un talisman que je garde précieusement caché au fond de mon cœur. Il me donne l'énergie et le courage dont j'ai besoin. 

Je grimpe sur la cuvette en équilibre pour atteindre la fenêtre et j'accroche fermement mes deux mains à la grille qui protège l'ouverture et tire de toutes mes forces. Les clous rouillés cèdent l'un après l'autre. Je pose doucement la grille au sol pour ne pas faire de bruit. Et je me hisse par la fenêtre à la force de mes bras. L'ouverture est étroite mais je suis mince et agile. Je m'y faufile et respire enfin de grandes bouffées d'air extérieur. 

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant