Chapitre 36 Olivier

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Je me surprends à souhaiter de toutes mes forces que le temps s'arrête. Je voudrais pouvoir prendre une télécommande et appuyer sur pause un moment avant de devenir fou. Mais cela m'est bien sûr impossible. Les jours semblent au contraire prendre un malin plaisir à filer à toute allure comme des grains de sable entre mes doigts. Un matin, je prends conscience du fait que la représentation de la pièce Tristan et Iseult aura lieu demain. Que la pleine lune commencera deux soirs après. Et que le mariage n'est plus que dans trois semaines. 

— On a encore un peu de temps, m'assure Geoffroy avec optimisme. Il faudrait au moins que nous restions pour la pièce, non ? Après tout le travail que nous y avons fourni… 

J'accepte d'un signe de tête. Je me sens faible et sans volonté. 

La veille de la représentation, nous nous retrouvons à l'amphithéâtre pour les dernières répétitions. Ce jour-là, je joue mon rôle particulièrement mal. J'oublie à plusieurs reprises que c'est à mon tour de parler et je m'adresse une fois au mauvais personnage. 

Pauline ne me fait pas de reproche, mais je vois ses yeux flamboyer. Je me recroqueville misérablement. Je vais tout gâcher. Je n'aurais jamais dû accepter de jouer dans cette pièce. 

— Essayons les costumes de scène, lance finalement la jeune fille. Je viens de les terminer. Il y aura peut-être des petites retouches de dernière minute. 

Elle nous distribue des pièces de tissu et nous dit d'aller nous changer dans les vestiaires. Je lui obéis en traînant des pieds. 

Mon costume est simplement composé d'une longue tunique avec une grosse ceinture. Je l'enfile rapidement et me dirige vers le derrière de la scène. J'observe le rideau fermé, déprimé et stressé en même temps. Demain, il y aura foule derrière pour nous voir jouer. Pauline prétend que la quasi-totalité de nos deux meutes sera présente, ce qui ne me rassure pas du tout. 

J'entends des bruits de pas derrière moi et je me retourne. Geoffroy a fière allure dans son costume de Tristan. Sa tunique, plus courte que la mienne, est d'un joli vert bouteille. 

L'alpha me regarde d'un air soucieux. 

— Ne fais pas cette tête, O. Ce n'est qu'une pièce de théâtre. Et personne ne s'attendra à nous voir jouer comme des professionnels. 

Je fais oui de la tête, la gorge nouée. 

Geoffroy essaie une autre technique pour me remonter le moral. 

— Tu as vu, lance-t-il d'un ton enjoué, j'ai une épée. 

Il brandit avec enthousiasme un morceau de plastique qu'il agite dans tous les sens comme un gamin. 

— Tant mieux pour toi. Je n'en ai pas, moi. 

Il me sourit et coince l'épée dans sa ceinture. 

— C'est normal, tu joues le rôle d'un serviteur. Antoine aussi a une épée. Et une couronne, en plus. Je suis un peu jaloux… Et Pauline m'a obligé à porter ces sortes de collants. 

Je baisse les yeux sur les jambes de l'alpha revêtues d'un tissu rouge qui moule ses cuisses musclées. 

— Hum… Je ne trouve pas ça si laid, je remarque en rougissant un peu. 

— Je n'ai jamais rien porté de plus désagréable, se plaint Geoffroy. Ça gratte, en plus ! Et ça sert au niveau de… tu sais quoi. 

Il me fait un clin d'œil lubrique et je lève les yeux au ciel. 

— C'est ça. Plains-toi, monsieur l'acteur principal. 

Il prend l'air indigné. 

— J'espère que personne n'en profitera pour se rincer l'œil ! 

— Je le fais déjà, j'assure gravement. 

— Toi, tu en as le droit. 

Geoff me fait une pichenette sur la tempe. Parler de spectateurs me fait brusquement repenser à l'épreuve qui m'attend demain. 

— Je ne vais jamais y arriver, je gémis. Je suis un bien trop mauvais acteur. Je vais gâcher toute la pièce. 

Geoffroy me prend dans ses bras et me frictionne le dos. 

— Mais non, mon amour. Tu dois juste vaincre ton trac et tout se passera bien. 

Je secoue la tête, au bord des larmes. 

— Ce n'est pas que le stress. Je suis nul. Qu'est-ce que Pauline va dire ? Et les spectateurs ? 

L'alpha prend une grande inspiration. 

— On se fout de Pauline. On se fout des spectateurs. On se fout de tous ceux qui ne sont pas nous. 

Il attrape mon visage entre ses deux mains et m'embrasse. Je me colle contre lui. 

— Oui… oui… On s'en moque…  

Dans les bras de Geoffroy, il est facile de penser cela. Toute considération morale s'envole. Il n'y a plus que lui et moi. Nous nous embrassons à en perdre le souffle. Je suis toujours stupéfait de me rendre compte à quel point j'aime Geoff. Je suis prêt à l'aimer jusqu'à la fin des temps. Et même au-delà. 

Je rouvre les yeux pour contempler le visage de mon bien aimé. L'alpha me sourit avec douceur. Il est beau comme un dieu. Je ne me lasserai jamais de le contempler. 

 Geoffroy dépose un baiser sur ma main. 

— Je t'aime. 

Ces simples mots font disparaître tout mon stress comme par magie. Je me détends. Et je croise soudain le regard d'Antoine qui nous observe depuis la porte des vestiaires, pétrifié. 

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Et voilà, à partir de là les événements vont se précipiter !

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant