Chapitre 21 Geoffroy

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Je toque discrètement à la porte et entre sans attendre de réponse. Olivier est allongé sur son lit, les mains sous la tête. Il a l'air fatigué et m'adresse un petit regard tristounet. 

— Alors, je lui demande en refermant soigneusement la porte. Ce n'était pas trop pénible ? 

Il soupire. 

— Si… 

Je m'allonge aux côtés du jeune homme qui se pousse pour me laisser de la place et je contemple à mon tour le plafond. 

— Tu sens bon, marmonne Olivier en collant son nez contre mon bras. 

— Je sais. 

Ma remarque lui arrache un sourire et ça me fait plaisir. Mais ses lèvres retombent presque aussitôt. 

— Geoff ? marmonne le petit oméga. 

Je le serre contre moi. 

— Oui ? 

Je sens son corps se tendre. 

— Je ne veux pas vivre ainsi. Dans le mensonge et la tromperie. Je… ça me donne l'impression d'être une mauvaise personne. 

Je lui caresse les hanches, consterné. 

— Tu n'as rien de méchant, O. Tu es le garçon le plus gentil que je connaisse. 

Il secoue la tête. 

— Non. Je ne le suis pas. Je mens à tout le monde. À tes parents. À Antoine. À… à Pauline… 

— Moi aussi je mens, je fais remarquer. 

— Oui, mais ce n'est pas pareil. C'est moi qui suis le nouveau venu dans la meute. Tout le monde t'aime bien et pensera que ce qui nous arrive est entièrement de ma faute. 

Je le regarde sévèrement. 

— Ce n'est pas de ta faute, Olivier. Ni de la mienne. C'est celle du destin, ou de ne je sais quoi d'autre. Nous sommes comme ces personnages de la pièce de théâtre, tu sais, Tristan et Iseult. Nous sommes amoureux l'un de l'autre sans rien pouvoir y faire. Notre condition d'âmes sœurs nous lient aussi sûrement qu'un filtre d'amour. 

La petit oméga se tourne sur le côté pour me regarder. 

— Dans ces conditions, suis-je Tristan ou Iseult ? souhaite-t-il savoir ? 

Je hausse un sourcil. Quelle question ! 

— C'est moi Tristan, bien sûr. 

Il fait la moue. 

— Je trouve que cela devrait plutôt être moi. Après tout, c'est toi qui est fiancé. 

Je fais la moue.

— Non, je suis Tristan. Ce n'est pas négociable. 

Le petit oméga me donne une petite tape. 

— Ce que tu peux être obstiné ! 

Je le toise. 

— Parle pour toi ! 

Je louche sur sa bouche. Ses joues se colorent d'un joli rose. Je l'embrasse. Je ne peux pas m'en empêcher. Il est beaucoup trop adorable. 

— Geoff…, gémit-il lorsque je relâche ses lèvres gonflées. 

J'enfourne mes mains dans ses cheveux pour lui faire lever la tête vers moi. 

— Tu es mon Iseult pour la vie, je déclare. 

— Tu crois que notre histoire finira aussi mal que la leur ? 

Je cligne des yeux.

— Non ! Bien sûr que non ! Tu sais bien que je ne laisserai jamais une telle chose se produire ! 

— Vraiment ? 

— Je te le jure. 

Je le plaque contre le matelas pour l'embrasser comme un fou. Il gémit à nouveau, enroule ses jambes autour des miennes. 

Nous entendons soudain des pas dans le couloir et quelqu’un toque à la porte. 

— Olivier ? demande ma mère. 

Je me lève aussitôt d'un bond et me précipite sur le fauteuil à roulette posé devant le bureau. J'ai tout juste le temps de m'emparer d'un manuel scolaire au hasard avant que ma mère entre dans la pièce. 

— Oh, tu es là, Geoff, commente-t-elle distraitement. 

J'essaie d'avoir l'air dégagé.

— Oui, j'aidais Olivier pour un contrôle de physique-chimie. 

Je remarque à ce moment-là que je tiens un livre de géographie. Ma mère ne m'accorde heureusement plus aucune attention. 

— Michel dit que nous allons passer à table. Lavez-vous les mains, tous les deux, et descendez dans cinq minutes. 

— À vos ordres, cheffe, je soupire. 

Maman pince les lèvres et sort de la pièce de son pas raide. 
Dans un premier temps, je n'ose pas regarder Olivier qui doit être devenu tout rouge, le connaissant. Puis je tourne prudemment la tête dans sa direction. Il a l'air terrifié. 

— Allons, je crois qu'elle ne se doute de rien, je chuchote pour le rassurer. 

— Mais ça aurait pu, murmure Olivier. Si nous ne l'avions pas entendu venir… 

— On fermera la porte à clef la prochaine fois, je propose. 

L'oméga hésite. 

— Ça fera encore plus louche, non ? 

Je réfléchis. 

— Hum… Peut-être. Bah, j'ai bien le droit de te faire réviser, non ? 

Je lui fais un clin d'œil. Il lève les yeux au ciel. 

— Commence déjà par choisir un manuel dans la bonne matière. 

Je prends l'air outré. 

— Je suis juste un professeur original, au-dessus des traditionnelles répartitions. 

Je fais rouler lentement le fauteuil en direction du lit. Olivier se mord la lèvre. Quand je suis suffisamment près du lit, je l'attrape pour le poser sur mes genoux, face à moi. Je sens le cœur de mon petit oméga battre follement. 

— On ne devait pas aller se laver les mains ? 

Je colle mon bassin le plus près possible de lui. 

— C'est que ce problème de physique-chimie est particulièrement difficile à résoudre… 

Je me sens de plus en plus excité, ce qui est idiot. Ma mère ne va sans doute pas tarder à débarquer à nouveau pour nous ordonner de descendre. Elle a horreur d'attendre. 
Olivier me repousse doucement et descend du fauteuil. 

— Geoff… Je… Je ne me sens pas encore prêt à… 

Rouge comme une pivoine, il ne parvient pas à terminer sa phrase. 

— Ce n'est pas grave, je dis aussitôt. Nous ferons les choses à ton rythme. 

Il paraît un peu soulagé. Je me sens un peu frustré. Avec Pauline, nous avons franchi le pas il y a un bon moment. Mais Olivier n'est pas Pauline. 

— Bon, vous venez, oui ou non ? crie une voix agacée depuis le bas de l'escalier. 

Je pose mes lèvres sur celles de l'oméga. Très furtivement. Un baiser en coup de vent, comme la caresse d'un papillon. 
J'aime Olivier plus que tout au monde.

Attraction (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant